Il y a une certaine spécificité française quant aux relations tumultueuses entre la médecine conventionnelle et les médecines complémentaires et alternatives (MCA). On a observé récemment une forte agressivité à l'égard de l'homéopathie, taxée de "fake med" et de ses praticiens traités de "charlatans" par des confrères médecins (voir : L'appel de 124 professionnels de la santé contre les "médecines alternatives").
Pour renouer les fils du dialogue, Philippe Denormandie, médecin, chirurgien, praticien hospitalier, directeur des relations santé chez NEHS et membre du Conseil de la CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie), vient de publier un livre collectif* réunissant 52 contributeurs, en codirection avec Véronique Suissa, psychologue, et Serge Guérin, sociologue. Interview.
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Des dérives sectaires ?
Y'a-t-il des dérives sectaires dans les MAC ?
Philippe Denormandie : Il y a des propositions thérapeutiques dont il faut se méfier à partir du moment où elles répondent à trois critères simples. Quand quelqu'un vous dit "j'ai la solution miracle, arrêtez tous vos autres traitements, je vais vous guérir avec mon système uniquement", il faut commencer à s'inquiéter. Quand, en plus, la personne vous dit "ne faites confiance qu'à moi et coupez-vous de votre environnement personnel", il faut vraiment s'inquiéter beaucoup. Enfin il faut partir en courant si en plus, vous découvrez que, derrière cela, il y a un vrai modèle économique et qu'on vous demande de plus en plus d'argent pour acquérir telle ou telle substance ou matériel.
Que pensez-vous de la prochaine suppression de la Miviludés (mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) ?
PhD : Dans ses travaux, la Miviludés a permis de bien identifier à quel moment on se situe dans la dérive. Que la mission soit rattachée au ministère de l'Intérieur ou non, peu importe, ce n’est pas le vrai sujet. Ce qui est important c'est qu'on puisse poursuivre cette dynamique de vigilance et de surveillance tout en sensibilisant autour des bonnes pratiques afin d'éclairer la population sur les dérives à caractère sectaire, notamment celles gravitant autour du champ de la santé.