Annoncer le divorce aux enfants

Annoncer le divorce aux enfants

Le moment de l’annonce du divorce ou de la séparation et les mots qui seront prononcés doivent être choisis avec soin. Il y a des messages importants à faire passer et des sujets à éviter…

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Sommaire

- Priorité : l’équilibre des enfants
- Ne pas précipiter l’annonce
- Convention parentale
- Le bon moment
- Quelques messages clairs
- Des sujets à éviter
- Une occasion de progresser ?

Les psychologues classent le divorce ou la séparation comme cause de stress, en deuxième position après la perte d’un être cher. C’est la plupart du temps un tsunami émotionnel qu’il convient de gérer au mieux sur le plan personnel. Quand il y a des enfants, c’est d’autant plus important qu’il faut trouver rapidement un nouveau mode de coparentalité, pas forcément égalitaire mais le plus fonctionnel et positif possible. 

Priorité : l’équilibre des enfants
Il convient donc de mettre une priorité absolue sur l’équilibre et le bien-être des enfants. Pour cela, ne pas rester scotché dans ses griefs et son histoire avec sa ou son futur ex, ne pas rentrer dans des batailles uniquement destinées à panser ses blessures… Un accompagnement psy peut être d’un grand secours pendant cette période.
À l’arrivée, le fait pour les parents de trouver par eux-mêmes un accord de coparentalité, évite de laisser des tiers (avocats ou juges) décider à leur place.

Ne pas précipiter l’annonce
Le premier conseil de Sandrine Mercy, coach spécialisée dans le divorce et la séparation, est de ne pas précipiter l’annonce aux enfants.
“Quelle que soit les difficultés que vous êtes en train de vivre, ne dites rien à vos enfants tant que la nouvelle vie de famille n'est pas a minima mise sur les rails. Par minima, j'entends : une échéance, une organisation et des lieux de vie définis.”* Il faut rester, à tout prix, un guide pour les enfants.

Convention parentale
Elle conseille de mettre par écrit, signée des deux parents, une convention parentale qui définit tous les termes de l’organisation à venir.
Le mode de garde est l’une des premières choses à prendre en compte : en fonction des besoins des enfants et non en fonction de l’organisation ou des besoins des parents. 
Il ne faut pas hésiter à être créatif en la matière. La garde partagée classique, une semaine sur deux, supporte bien des variantes qui sont toutes valables si elles répondent aux besoins spécifiques des enfants : une quinzaine sur deux ; un tiers temps chez un parent, deux tiers chez l’autre ; couper la semaine avec une journée chez l’autre parent ; faire varier le mode de garde au fur et à mesure que les enfants grandissent…

La convention parentale doit prévoir également ce qui se passe pendant les vacances, à l’occasion des fêtes (jours fériés, anniversaires, fêtes religieuses…) et des activités de loisirs des enfants. Doivent être également précisés : le déroulement des transitions (lieux et horaires), la gestion des vêtements, la prise en charge des soins de santé, l’organisation scolaire et la participation de quel parent à quelles réunions…. Enfin il est recommandé de mettre par écrit les valeurs éducatives que l’on souhaite transmettre à ses enfants.

Le bon moment
Lorsque l’organisation future est en place, il faut choisir le bon moment pour faire l’annonce. Florie-Laure Caudron, coach spécialisée dans le divorce et la séparation, propose de la programmer un vendredi soir après l’école ou un samedi matin, pour que les enfants puissent décanter l’information et poser toutes les questions qu’ils souhaitent pendant le week-end. Il faudra que toute la famille soit présente, que l’annonce soit préparée à deux (si possible) et que chaque parent prenne la parole.
"Vous construirez ainsi les bases solides de la nouvelle version de votre famille."**

Quelques messages clairs
Le jour J, il faut bien sûr exprimer les choses de manière parfaitement limpide et compréhensible selon l’âge des enfants, conseille Sandrine Mercy. Mais dans tous les cas, ils doivent entendre et comprendre quelques messages clairs…
- Leurs deux parents les aiment et les aimeront toujours (à répéter constamment).
- Ils sont issus de l’amour de leurs parents et leur naissance a été le plus beau jour de la vie de ces derniers.
- Il y a plusieurs façons d’aimer dans la vie. L’amour entre un papa et une maman est différent de l’amour des parents pour leurs enfants. Le premier peut ne pas durer toujours, le second est inconditionnel et dure toute la vie.
- Malgré la séparation, les parents seront toujours là pour les enfants.

Il convient enfin d’encourager toute forme d’expression, y compris celle des émotions. Les enfants doivent savoir qu’ils peuvent tout dire à leurs parents.

Des sujets à éviter
Certains sujets sont à éviter à tout prix : les questions d’argent, d’adultère, de trahison, l’existence éventuelle de nouveau partenaire, les problèmes d’entente sexuelle… 
Les parents doivent apparaître comme co-décisionnaires de la séparation. Il n’est pas bon que l’un déclare subir la décision de l’autre. 
Il faut laisser dans l’ombre les points éventuels qui restent encore en suspens, ne pas donner de faux espoirs, ne pas entretenir d’incertitudes, ne pas mentir ni annoncer des choses impossibles…
Une règle d’or en matière de séparation : ne jamais dire du mal de l’autre parent en présence des enfants, ne jamais amorcer de conflit de loyauté, ni encourager la désaffection à son égard. Le risque serait d’aboutir à un phénomène d’aliénation parentale (voir encadré).

Une occasion de progresser ?
Même si le divorce est toujours une période de crise, il ne faut pas en exagérer l’impact aussi bien auprès des enfants que dans les propres représentations mentales des parents. Comme toute période de crise, c’est aussi une occasion de progresser et d’aller vers un avenir plus serein.
“Un divorce peut également être perçu comme une opportunité d'apprentissage et de croissance pour vos enfants”*, précise Sandrine Mercy.
L’attitude juste de leurs parents dans ces circonstances peut même constituer un exemple pour eux, plus tard, lorsqu’ils devront faire face à certains défis et prendre des décisions difficiles.

"Le divorce peut être synonyme de nouveau départ, qui demande beaucoup de courage mais qui peut mener à une remise en question plus profonde, à un changement de vie et à une reconstruction personnelle"**, affirme Florie-Laure Caudron.


*Le guide des parents qui divorcent, se séparent, Sandrine Mercy
Site de Sandrine Mercy
**Réussir son divorce, Prendre les bonnes décisions et préparer sa nouvelle vie, Florie-Laure Caudron, éditions Gereso

 En savoir +

Éviter l’aliénation parentale

L’aliénation parentale se manifeste lorsqu'un enfant rejette soudainement et injustement l'un de ses parents à la suite d'une séparation. Cette aliénation parentale peut prendre des formes légères, modérées ou sévères. Dans ce dernier cas, l’enfant déclare carrément la guerre au parent "aliéné". Il faut alors avoir recours à un accompagnement psychothérapeutique et juridique.

“Il est crucial pour les parents de prendre du recul et de considérer l'impact de leurs actions sur la relation de l'enfant avec l'autre parent”, affirme Sandrine Mercy, coach spécialisée dans le divorce et la séparation. “Une rupture conflictuelle, si elle n'est pas soignée, peut devenir le terreau fertile pour l'aliénation parentale.”* 

Vie Saine et Zen