Des plantes au service des plantes

Des plantes au service des plantes

Il existe des plantes "biofaitrices" qui ont la faculté de favoriser les auxiliaires naturels, de lutter contre les bioagresseurs ou contre la pollution voire de soigner leurs congénères…

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Sommaire

- Des plantes “de service” aux plantes “biofaitrices”
- Informatrices, répulsives ou pièges
- Gîtes, pollinisatrices ou nectarifères
- Indicatrices de pollution ou dépolluantes
- Les substances naturelles végétales
- Ne plus dépendre des produits chimiques

Lorsqu’on compose un jardin d’agrément ou un potager, on a tout intérêt à bien choisir ses plantes et à faire les bonnes associations (voir : Enrichir le sol de son jardin ; L’intelligence des plantes ; Le potager à l’heure du réchauffement climatique)… Parce qu’il existe des plantes qui sont effectivement des alliées essentielles. On pourrait les appeler des plantes "biofaitrices", combinaison de "bio", la vie, et de "bienfaitrices" pour l’aide apportée. Ce sont celles qui font le lien entre le monde végétal, les bioagresseurs (organismes vivants dommageables pour les cultures) et les auxiliaires naturels (hérissons, grenouilles, chauve-souris, araignées, musaraignes, vers de terre, coccinelles, oiseaux…).
"Comme le colibri, faisons notre part en transformant notre jardin en un refuge pour la biodiversité  et un modèle d’équilibre pour un avenir plus durable"*, propose Christophe Jarry, horticulteur, pépiniériste, paysagiste et formateur.

Des plantes “de service” aux plantes “biofaitrices”
Dans les grandes cultures, notamment le maïs, le blé et l’orge, on utilise depuis une dizaine d’années les plantes dites ”de service” : luzerne, vesce, seigle, moutarde, pois ou féverole… Elles servent à améliorer la structure des sols et à réguler les bioagresseurs. Ont été introduites ensuite les plantes “bio-indicatrices” qui donnent des informations sur l'état des sols en matière de composition organique, d'acidité ou de structure.

Les plantes “biofaitrices” incluent toutes ces plantes et bien d’autres. Elles concernent toutes les cultures : maraîchères, horticoles, florales ou d’agrément. Ce sont principalement des plantes vivaces (qu’il n’est pas nécessaire de replanter tous les ans). Elles servent notamment à limiter voire arrêter l'utilisation des pesticides, favoriser la vie des auxiliaires naturels, limiter la pousse et le développement des plantes indésirables et améliorer la structure physico-chimique du sol.

Informatrices, répulsives ou pièges
Pour lutter contre les bioagresseurs, il existe un certain nombre de plantes sauvages qui jouent le rôle d’informatrices. C’est le cas, par exemple, de l’allium, de la camomille, de la capucine, de la matricaire, du pissenlit ou de l’ortie. 

Les plantes répulsives sont celles qui émettent des composés organiques volatils perturbant le comportement des bioagresseurs. Par exemple, la lavande éloigne de nombreux insectes : moustiques, tiques, mouches ou puces. On trouve dans cette catégorie des plantes comme l’ail, la menthe, la mélisse, le géranium odorant, le basilic, l'absinthe, le calendula (souci), la ciboulette, la citronnelle, le genet…

Les plantes pièges servent à attirer et retenir les bioagresseurs. Elles protégent ainsi les plantes d’agrément ou potagères. Par exemple, l’aubergine piège les aleurodes (mouches blanches), la matricaire retient les punaises.
Une bonne stratégie consiste à associer plantes pièges et plantes répulsives (push-pull) : repousser pour mieux piéger. Exemple : des œillets d’Inde pour repousser les pucerons, des matricaires et des aubergines pour les piéger.

Certaines plantes (dites “allélopathiques”) ont la capacité de freiner la pousse de leurs voisines, ce qui peut être intéressant pour éviter les indésirables : la lavande, le romarin, le thym, la sauge officinale, l’origan ou l’hysope ont une action désherbante.

Gîtes, pollinisatrices ou nectarifères
Certains plantes favorisent les auxiliaires naturels.
Les plantes gîtes hébergent les insectes. Elles leur permettent de poursuivre leur cycle de développement et offrent une protection hivernale facilitant leur apparition au printemps. Elles jouent également le rôle de “garde-manger” en offrant des proies alternatives aux bioagresseurs, sans danger pour les légumes. Exemples : la canne de Provence, le bambou, le briza, la fétuque, le phalaris, le groseillier…

Les plantes pollinisatrices, par la dissémination de leur pollen, favorisent la ponte des auxiliaires naturels. 
“La majorité des fruits et légumes produits dépendent essentiellement de la bonne santé de nos pollinisateurs. Sans eux, nous risquons de devoir faire face a des ruptures d'approvisionnement alimentaire”*, alerte Christophe Jarry.

Le nectar est un suc secrété par les fleurs qui apporte de l’énergie aux insectes.
"En venant le prélever, les pollinisateurs se couvrent de pollen, ce qui va favoriser la reproduction sexuée des plantes."*
Il existe de nombreuses plantes nectarifères pour le jardin : échinacées, bourdaines, reines-des-prés, thym, bourrache, plantain, valériane…

Indicatrices de pollution ou dépolluantes
Certaines plantes (dites bio-indicatrices) renseignent sur la fertilité du sol, son acidité ou sa structure… D’autres donnent des indications précieuses sur la qualité de l’air. Par exemple, sensible à la pollution azotée, la présence de parmélie grisée ou de corail des arbres indique une bonne qualité de l’air ; celle, massive, de trèfle renseigne en revanche sur les excès d’ozone.

D’autres encore peuvent jouer un rôle dépolluant, en extérieur comme en intérieur (voir : Dépolluer son intérieur avec des plantes), que ce soit pour lutter contre la pollution des sols, de l’air ou de l’eau. Par exemple, la jussie d’eau, l’iris des marais, le jonc et le roseau sont capables d’absorber ou de dégrader des polluants comme le zinc, l’arsenic ou le fer.

Les substances naturelles végétales
Purins ou extraits fermentés, décoctions, infusions ou macérations… Des préparations à base de plantes peuvent stimuler les défenses naturelles des plantes du jardin, avoir une action fertilisante ou phytosanitaire (voir : Faire des potions pour le jardin).

Ne plus dépendre des produits chimiques
"Les biofaitrices sont une solution respectueuse de l’environnement permettant de ne plus dépendre des produits chimiques et de promouvoir la biodiversité", conclut Christophe Jarry. "Cette symbiose renouvelée est une promesse d'avenir et d'espoir, où les humains et la biodiversité coexistent et prospèrent ensemble dans un équilibre harmonieux et logique."*


*Les plantes biofaitrices, Au service de votre jardin et de votre potager, Christophe Jarry, éditions Eyrolles

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 Biodiversité : définition

"La biodiversité désigne l’ensemble des êtres vivants ainsi que les écosystèmes dans lesquels ils vivent. Ce terme comprend également les interactions des espèces entre elles et avec leurs milieux”, définit l’Office Français de la Biodiversité (OFB).

Christophe Jarry, horticulteur, pépiniériste, paysagiste et formateur, précise que la biodiversité rassemble à la fois la diversité génétique (variabilité des gènes au sein d’une même espèce), la diversité spécifique (diversité des espèces vivantes) et la diversité écosystémique (diversité des écosystèmes sur la Terre).
"Toutes les espèces, y compris nous-mêmes, dépendent les unes et des autres à travers des interactions (prédation, compétition, symbiose, parasitisme…), ce qui conduit à la création des écosystèmes. Ces interactions sont la clé de voûte de la biodiversité, quelle que soit l'échelle de l'être vivant. Ainsi chaque atteinte à la biodiversité, que ce soit sur le plus petit ou le plus grand des êtres vivants, impacte tous les autres."*

Vie Saine et Zen