Le plastique, c’est toxique

Le plastique, c’est toxique

La pollution plastique est de plus en plus préoccupante et l’on constate que les femmes y sont particulièrement exposées et vulnérables. La prise de conscience se développe mais les solutions proposées, comme le recyclage, ne font que contribuer au problème.

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Sommaire

- L’un des plus grands fléaux de notre siècle
- 1000 ans pour se dégrader
- Omniprésent
- Une toxicité multiple
- Les femmes plus exposées
- Le recyclage : une hérésie
- Faire machine arrière
- Une question de santé publique

Considéré comme "fantastique" et symbole de modernité dans l’imaginaire des années 1950, le plastique a été, depuis, utilisé avec frénésie. Il est devenu l’un des composants de la plupart des biens de consommation, à l’origine d’une pollution de grande ampleur. Les microplastiques se retrouvent partout sur terre, dans les fleuves, dans les plus hauts glaciers comme au plus profond de l’océan, dans les failles marines (voir : Pollution de l’eau : une catastrophe qui dure). Ils se retrouvent même dans l’espace (voir encadré).

L’un des plus grands fléaux de notre siècle
“L’écologie c’est la vie. Et la vie est indissociable de la santé,”, affirme Rosalie Mann, présidente fondatrice de l’association No More Plastic Foundation. "La pollution plastique est l’un des plus grands fléaux de notre siècle et donc l’un de nos plus grands défis. Elle a un impact significatif aujourd’hui sur notre santé et influe sur le vivant dans son ensemble. Personne n’est épargné, où que nous nous trouvions sur cette planète.”*

1000 ans pour se dégrader
Il faut savoir qu’un sac plastique, qui a une durée d’utilisation moyenne de 15 minutes, peut mettre jusque’à 1000 ans à se dégrader. 
“Ne nous méprenons pas, se dégrader ne signifie pas disparaître car un plastique ne disparaît jamais vraiment. Sa durée de vie est quasi éternelle, il se décompose en micro- ou nanoparticules qui restent des siècles et des siècles dans l’environnement.”*

Omniprésent
Le plastique est présent dans l’air que nous respirons, dans l’alimentation et les boissons que nous consommons (pesticides, bisphénol des emballages ou contenants), les produits de beauté que nous appliquons sur notre peau (phtalates, parabènes, phénoxyéthanols, alkylphénols, PFOA et PFOS), les produits d’entretien, l’équipement de la maison, les médicaments, les vêtements que nous portons (fibres synthétiques : polyester, polyamide, acrylique, nylon)… 
Selon un rapport du WWF de 2019, chaque être humain ingèrerait environ 2 000 microfragments et particules de plastique chaque semaine soit environ l’équivalent d’une carte de crédit.*

La concentration de microplastiques est  en moyenne 60 fois plus élevée dans nos habitations qu’à l’extérieur (voir : Lutter contre la pollution intérieure). Et c’est dans les chambres d’enfants qu’on en trouve le plus : moquette, rideaux ou linge de lit en synthétique, jouets et peluches contenant du plastique…

Une toxicité multiple
La toxicité du plastique est multiple, selon Rosalie Mann. 
Il faut déjà savoir que tous les plastiques, lorsqu'ils sont exposés aux rayons UV, émettent des gaz comme le méthane, amplifiant donc l'effet de serre.
Par ailleurs, physiquement, le plastique étouffe l’environnement. Chimiquement, il libère des substances toxiques (voir : Perturbateurs endocriniens : quels enjeux).
Une fois dans les poumons, les microplastiques vont se loger sur la surface épithéliale pulmonaire, puis dans les tissus pulmonaires et, de là, vers les organes internes et le système vasculaire.

La liste des conséquences est longue : 
- des réactions immédiates semblables à l'asthme ; 
- des réactions inflammatoires comme la bronchite chronique ; 
- des troubles pulmonaires telles que l'alvéolite allergique extrinsèque et la pneumonie chronique ; 
- le développement de maladies pulmonaires entraînant des toux, des difficultés respiratoires et une réduction de la capacité pulmonaire ;
- le stress oxydatif et la formation d’espèces réactives de l'oxygène entraînant des dommages cellulaires par leurs effets cytotoxiques ; 
- de l’infertilité, des maladies auto-immunes, des cancers, des maladies d’Alzheimer et de Parkinson qui se développent généralement lentement, parfois sur plusieurs années voire des décennies.*

Les femmes plus exposées
Autrefois vecteur d’émancipation pour les femmes, dans les années 1950, le plastique est devenu un facteur de pollution qui les expose en première ligne. Il suffit d’observer le volume de consommation de produits de beauté (en moyenne 15 appliqués par jour !) ou de produits d’hygiène féminine (cups, serviettes hygiéniques, culottes menstruelles). Les femmes y sont plus vulnérables en raison de leur physiologie, notamment pendant les périodes de changements hormonaux (puberté, grossesse, ménopause) où les perturbateurs endocriniens les affectent particulièrement.

Le recyclage : une hérésie
Le recyclage est souvent mis en avant comme solution. Selon Rosalie Mann, c’est une fausse bonne idée. C’est même une hérésie. Attention à la mode dite "responsable" qui s’avère n’être que du greenwashing !
Le plastique recyclé contient environ 1,24 fois plus de COV (composés organiques volatils) que le plastique vierge, soit environ 24 % de substances toxiques en plus.
“En fin de compte, le plastique recyclé n'est qu'une version maquillée d'une matière toxique. Pour le dire plus crûment, le plastique recyclé est simplement un poison recyclé (ou repensé).”*

Faire machine arrière
Il faudrait donc enfin reconnaître notre erreur collective sur la question du plastique et avoir l’humilité de faire machine arrière. La seule solution serait une réduction drastique de la production. Deux secteurs seulement totalisent plus de 50 % de notre exposition au plastique : les emballages et le textile. Et il est possible aujourd’hui de produire du plastique entièrement biosourcé (PLA).
On peut bien-sûr agir au niveau individuel (voir : Se passer du plastique). Mais le problème dépasse largement ce cadre et nécessite une réorientation complète de nos industries.

Une question de santé publique
Le plastique est devenu une question de santé publique.
“Éradiquer la pollution plastique est un défi de société. Pour le relever, toutes les intelligences, à tous les niveaux, doivent être mobilisées.”*


*No more plastic, Rosalie Mann, éditions La Plage

 En savoir +

La pollution dans l’espace

Dans l’espace, 23 000 objets en métal et plastique de plus de 2 cm seraient suivis rien que par la NASA. En 2017, lors de sa septième conférence sur le sujet, l’agence spatiale européenne (ESA) évaluait à 8 000 tonnes le poids total des engins spatiaux en orbite autour de la Terre, dont... 6 300 tonnes de satellites hors service et de morceaux plus ou moins gros ! 
Selon certaines estimations, il y aurait environ 750 000 morceaux de plus d’1 cm et 166 millions de plus d’1 mm.*

Vie Saine et Zen