C’est un outil de communication efficace mais son usage peut devenir problématique et ressembler à une addiction. Quelques conseils pour limiter son usage et éviter certains troubles du comportement…

Sommaire
- Un outil de travail efficace mais…
- Nomophobie
- Athazagoraphobie
- Limiter l’usage de l’appareil
- Ménager ses yeux
- Une maladie addictive
- Réguler l’usage du smartphone
Nous l’avons avec nous en permanence… Au réveil, pendant les repas, dans les transports, au travail, dans les files d’attente des supermarchés, au cinéma, dans le lit avant de s’endormir… Nous vérifions les notifications automatiquement plusieurs fois par jour, même quand il n’y a rien de nouveau, de peur de rater quelque chose. C’est ce qu’on appelle le syndrome de FOMO : Fear Of Missing Out… Nous pouvons même passer des heures à faire défiler de façon infinie notre écran numérique de haut en bas (doomscrolling)… Alors sommes-nous addict au smartphone ?
"Nous avons quasiment tous un smartphone qui peut devenir notre e-doudou, notre cordon ombilical psychosocial, l'extension de notre e-soi"*, affirme Laurent Karila, professeur de psychiatrie, spécialisé en addictologie.
Un outil de travail efficace mais...
Il faut reconnaître que le smartphone est devenu un outil de travail efficace pour beaucoup d’entre nous : mails, SMS, groupes WhatsApp, réunions en visioconférences…
"Cependant, tous les flashes, toutes les vibrations, toutes les notifications, tout ce qui passe sur les réseaux sociaux peuvent être à l'origine d'un sentiment d'urgence, de la peur de rater la moindre info ou le moindre évènement et renforcer l'hyperconnexion ininterrompue."*
On risque de devenir un "smombie" (zombie du smartphone), ce qui entraîne des risques majeurs avec des accidents potentiellement mortels (en voiture ou sur la voie publique).
Nomophobie
Il existe plusieurs formes d’addiction au smartphone. La plus connue est la "nomophobie" (no mobile phobia).
"C’est une techno-angoisse d’abandon, de séparation (comme les bébés avec leur maman)"*, explique Laurent Karila.
Elle peut se traduire par une augmentation de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle, une angoisse ou une sensation d’inconfort, une diminution des performances cognitives.
Elle est fréquemment associée à un comportement de "phubber" (contraction de "phone" et "snubbing"), c’est-à-dire au fait de prêter davantage attention à son smartphone qu’aux personnes physiquement présentes.
Athazagoraphobie
"C’est la peur d’être oublié ou ignoré."*
Une journée sans messages, sans appels, sans mentions ou commentaires sur un réseau social peut être vécue comme épouvantable. Des symptômes physiques peuvent même apparaître : moiteur des mains, sueurs, bouche sèche, augmentation du rythme cardiaque…
"Cet état de dépendance affective numérique est lié à une faible estime de soi, une immaturité affective, une peur de l'abandon. Elle peut conduire à des conflits avec l'autre, l'inverse de ce qui est initialement souhaité."*
Limiter l’usage de l’appareil
Il est donc conseillé de supprimer les notifications (sonneries, vibrations, alertes et autres), de ne pas répondre aux messages instantanément, de ne pas tout vérifier avec son smartphone pendant ses échanges amicaux ou professionnels. Pas de smartphone (sauf en mode avion) au volant de la voiture, dans la chambre à coucher ou à table ! Tout ce qui permet de limiter l’usage de l’appareil est profitable…
On peut aussi tenter d’identifier les déclencheurs qui poussent à consulter son smartphone de manière compulsive : solitude, ennui, stress, anxiété, tristesse, dépression…
"Utilisez d'autres moyens comme la cohérence cardiaque, la relaxation, la méditation par exemple"*, conseille Laurent Karila.
Ménager ses yeux
Il ne faut pas oublier qu’après plus de 2 heures consécutives passées devant un écran, les yeux peuvent piquer, être secs et fatigués. Il y a un risque de migraine, de troubles de la concentration, de troubles musculo-squelettiques (TMS) dûs aux mauvaises postures, notamment au niveau de la tête et des épaules.
Lorsqu’on est sur son écran, on peut privilégier une lumière naturelle, augmenter la distance entre ses yeux et l’écran (un avant-bras pour un smartphone), faire attention à sa posture (écran à la hauteur des yeux, poignet dans l’alignement du bras) et prévoir une paire de lunettes avec des verres anti-lumière bleue.
Une maladie addictive
"L’usage problématique du smartphone peut conduire à une maladie addictive générée par les écrans (jeux, sexe, réseaux sociaux…)"*, conclut Laurent Karila.
En cas de perte de contrôle, d’usage compulsif chronique (tous les jours non-stop), d’envie irrépressible de consulter son écran (craving) et si les troubles deviennent trop envahissants avec des conséquences sur la vie de tous les jours, il faut prendre des mesures sérieuses. Et, le cas échéant, ne pas hésiter à se faire aider par un professionnel en psychologie ou addictologie.
Réguler l’usage du smartphone
C’est devenu une réalité pour la plupart d’entre nous : le smartphone fait partie de la vie quotidienne. Nous sommes tous très connectés et nos enfants, nos adolescents sont nés avec.
"L’usage peut devenir problématique et ressembler à une addiction. Il faut dans un premier temps apprendre à réguler son usage et montrer l'exemple à ses enfants. Ce n'est pas toujours aisé mais, avec un peu d'entraînement, vous y arriverez."*
*Docteur : Addict ou pas ?, Pr Laurent Karila, éditions Harper Collins
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Le cyberharcèlement
C’est l’un des risques majeurs de l’hyperconnexion, surtout chez les adolescents.
"Il s'agit de la répétition de propos et de comportements par voie numérique ayant pour but d’altérer les conditions de vie d'une victime"*, explique Laurent Karila, professeur de psychiatrie, spécialisé en addictologie.
À la clé : des risques d’anxiété, de troubles de l’image du corps (dysmorphie numérique), du comportement alimentaire, de la concentration et de l’attention.
Quelques caractéristiques du cyberharcèlement :
- envoyer et recevoir des messages désagréables, des moqueries, des insultes et des menaces ;
- envoyer des contenus inappropriés, faire et partager des photos ou des vidéos embarrassantes ou humiliantes ;
- utiliser des images ou des vidéos comme un moyen de pression sur l’autre ;
- créer un groupe humiliant au nom d’une personne et y tenir des propos injurieux ;
- mettre une personne à écart en refusant systématiquement ses demandes d’amis ou en la bloquant.
Conseils :
- se persuader que l’on est pas le problème, une personne harcelée n’est pas responsable des actes, propos et comportements des autres ;
- ne pas se prêter au jeu de la moquerie sous l’effet du groupe ;
- signaler tout contenu sexiste, humiliant, homophobe, raciste et dégradant ;
- bloquer les personnes qui harcèlent ;
- ne jamais laisser quelqu’un derrière un écran contrôler ou imposer quoique ce soit ;
- se faire accompagner en cas de problème et en parler à ses proches ;
Il existe un numéro gratuit où l’on peut être écouté et conseillé anonymement : 3018.