Présents dans tout l’organisme, les fascias jouent un rôle important notamment dans le mouvement. Une activité physique adaptée permet de leur rendre leur mobilité, de les stimuler, avec à la clé une amélioration du bien-être physique et psychique.
Sommaire
- Une importance découverte récemment
- Partout dans l’organisme
- Un des plus grands organes sensoriels
- Un rôle dans l’immunité
- Les chaînes musculaires
- Gymnastique sensorielle
On sait aujourd’hui à quel point l’activité physique est essentielle pour la santé. Elle fait même l’objet de prescriptions médicales pour les personnes atteintes de maladies chroniques (APA : activité physique adaptée). Pourtant près de 95 % de la population adulte française est en-dessous du seuil protecteur*. On serait donc bien inspiré de se mettre en mouvement…
Une importance découverte récemment
Une fois qu’on a franchi le pas, on met en jeu ses muscles, son système nerveux et ses articulations, ce qu’on situe assez bien. Mais on met en jeu aussi ses fascias, ce qui est moins connu. Le mot est dérivé du latin "fascia", faisceau, bande, ruban. Alors de quoi s’agit-il ?
Depuis les années 1980, différentes approches thérapeutiques ont été développées autour des fascias, notamment par des ostéopathes, des médecins ou des kinés.
“Pendant très longtemps, la médecine et les sciences du mouvement ont laissé de côté le fascia et n’ont pas intégré ce tissu dans la compréhension du mouvement”, expliquent Christian Courraud et Isabelle Bertrand, fasciathérapeutes. “Ces vingt dernières années ont bouleversé les connaissances sur le fascia et, aujourd'hui, on peut affirmer que ce tissu joue un rôle essentiel dans le mouvement et qu'il doit bénéficier d'un entraînement spécifique, au même titre que les muscles ou les articulations.”*
Partout dans l’organisme
Majoritairement composé d’eau (60%) et de cellules (fibroblastes), capable de se déformer, s’étirer, se modifier, le fascia est un organe vivant qui réagit et s’adapte à nos mouvements, nos postures et nos émotions.
“Un fascia est une gaine, un feuillet composé de tissu conjonctif qui se forme sous la peau pour attacher, cloisonner et séparer les muscles et autres organes internes. Les fascias forment un système continu tridimensionnel qui imprègne l'ensemble du corps pour soutenir le fonctionnement intégré de tous les systèmes de l’organisme.”*
On les trouve directement sous la peau (fascia superficiel), autour des muscles, des os et des articulations (fascia profond), des viscères (fascia viscéral), du cerveau, de la moelle épinière et des nerfs (fascia neuro-méningé), des cellules (fascia interstitiel). Ils forment les artères et les vaisseaux (fascia artériel).
Un des plus grands organes sensoriels
Les fascias protègent l'organisme contre les blessures en absorbant et en répartissant les contraintes que le corps subit. Ils sont les garants de sa souplesse, son élasticité et sa réactivité. C’est l’un des plus grands organes sensoriels, responsable notamment de la conscience du corps et de sa position dans l’espace (proprioception).
Un rôle dans l’immunité
Les fascias assurent la communication entre toutes les parties du corps et jouent de ce fait un rôle important dans l’immunité.
“Des fascias flexibles et adaptables protègent l’organisme contre l’inflammation et stimulent les défenses immunitaires”*, précisent Christian Courraud et Isabelle Bertrand.
Ils jouent également un rôle dans la respiration, l’activité cardiovasculaire et le système nerveux.
“Certains auteurs considèrent même que certaines douleurs chroniques (mal de dos, fibromyalgie, douleurs liées à l'endométriose, arthrose…) seraient causées par les modifications des fascias, leur tension et leur rigidité.”*
Les chaînes musculaires
Il y a 639 muscles dans le corps humain. Ils sont répartis dans autant de “poches” fasciales qui ne forment en réalité qu'un seul et unique réseau de communication. Ce sont aussi les fascias qui assurent l'organisation, la coordination et le séquençage des contractions musculaires.
“Cette continuité fasciale permet à chaque muscle d'être informé de l'activité des autres muscles situés à proximité ou à distance. De ce fait, sous l'effet de la chaîne musculaire, un changement de tension dans les muscles du mollet est immédiatement perçu par les muscles du cou qui, à leur tour, modifient leur tonus pour s’adapter à la nouvelle situation.”*
Voilà pourquoi une tension ressentie dans une partie du corps peut trouver son origine dans une autre tension parfois située beaucoup plus loin.
Nos chaînes musculaires sont sous la dépendance des continuités fasciales.
“Ainsi les fascias peuvent être comparés à un chef d'orchestre qui assure que chaque musicien de l'orchestre joue sa partition.”*
Gymnastique sensorielle
Le manque d’activité physique a des répercussions sur nos fascias : ils se désorganisent, perdent leur tonus et s’affaiblissent. Christian Courraud et Isabelle Bertrand préconisent donc une pratique de gymnastique qui leur redonne de la mobilité, qui les connecte entre eux, qui stimule leur résilience et leur infini potentiel d’adaptation. Cette “gymnastique sensorielle” a pour caractéristique de se faire en lenteur, les yeux fermés, dans le relâchement musculaire et la présence au mouvement.
Apprendre à relâcher ses fascias permet, selon eux, de gagner en fluidité, en bien-être physique et psychique (voir encadré).
À l’arrivée, les muscles travaillent moins et mieux, les articulations sont plus stables et solides, les tendons souffrent moins, le mouvement est plus puissant et régénérant, la respiration plus profonde, plus efficace et la conscience corporelle de plus en plus fine.
“C'est sans doute cela, le secret caché du pouvoir de nos fascias !”, concluent Christian Courraud et Isabelle Bertrand.
*Je m’initie au pouvoir des fascias, Christian Courraud et Isabelle Bertrand, éditions Leduc
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Faire respirer ses fascias
Les fascias sont totalement connectés avec les mouvements respiratoires. “Quand nous inspirons, nos fascias se tendent et quand nous expirons nos fascias se relâchent”, détaillent Christian Courraud et Isabelle Bertrand. “Les fascias jouent ainsi un rôle d'amplificateur respiratoire et transmettent les mouvements respiratoires à tout l'organisme. Grâce aux fascias nous respirons avec et à travers tout notre corps.”*
Cette respiration fasciale intervient dans les mouvements et les postures mais également dans notre activité digestive, le fonctionnement de notre système nerveux et la circulation de tous les liquides corporels.
Il y a des zones clés qui varient selon les émotions ressenties et qu’il est important de relâcher : la tête et le cou, sujets aux tensions mentales et aux préoccupations ; la colonne vertébrale, sujette aux tensions posturales ; l'abdomen et le thorax qui prennent les tensions émotionnelles ; les membres inférieurs pour les tensions liées à la stabilité et à l'ancrage ; les membres supérieurs pour les tensions liées à la communication et à la relation.