Différentes espèces de vers qui se baladent un peu partout dans l’organisme sont à l’origine de symptômes dont il n’est pas toujours évident de détecter la cause.

Sommaire
- 90 espèces pathogènes
- Helminthes : des plats et des ronds
- Erreurs de diagnostic
- Pieds nus sur la plage
- Protozoaires : système digestif, organes urinaires et génitaux
- Analyses : beaucoup de fausses pistes
- “Purger” les enfants et les adultes
Plus souvent qu’on le croit, il nous arrive d’héberger dans notre corps des parasites qui déclenchent des désagréments dont la cause n’est pas toujours évidente à identifier. En effet, la plupart des médecins ont quasiment oublié l’existence de ces vers intestinaux.
“Les infections parasitaires du tractus digestif sont un sérieux problème de santé publique, dans les pays développés, qui touche des millions d’individus”*, affirme Philippe Humbert, professeur de médecine spécialisé en médecine interne et dermatologie.
90 espèces pathogènes
Deux grandes familles de parasites sont le plus souvent impliquées : les helminthes et les protozoaires. Le corps humain peut abriter presque 300 espèces de vers appelés helminthes et plus de 70 espèce de protozoaires. On estime à 90 environ le nombre d'espèces pouvant être pathogènes.*
Helminthes : des plats et des ronds
Les helminthes sont des organismes multicellulaires qui résident pour la plupart dans l’estomac et/ou les intestins. Ils causent des douleurs abdominales voire des obstructions. Leur présence dans l’organisme peut induire une immunodépression pouvant favoriser certaines infections virales (herpès, zona, Epstein–Barr, papillomavirus…).
Des helminthes, il y en a des plats (plathelminthes) et des ronds (nématodes).
Parmi les vers plats, l’un d’eux est bien connu : le fameux ver solitaire qui est un “taenia” du porc ou du boeuf.
“Les taenias colonisant l'intestin peuvent provoquer une pâleur par anémie, une grande fatigue et un amaigrissement”, précise Philippe Humbert. Heureusement ils sont assez rares.
Les signes les plus évocateurs de la présence d’un helminthe dans l’organisme sont les démangeaisons à l’anus ou au niveau des organes génitaux externes, chez la femme comme chez l’homme.
Erreurs de diagnostic
Trop oubliées des médecins, ces petites bestioles sont à l’origine de nombreuses erreurs de diagnostic, selon Philippe Humbert.
“La parasitologie est enseignée en troisième année de médecine et n'est pas considérée comme une discipline majeure par rapport aux autres disciplines d'infectiologie que sont la bactériologie et la virologie.”*
Par exemple, la plupart des cystites chroniques sont en fait l’expression d’un portage parasitaire.
L’énurésie (pipi au lit) tardive peut aussi être due à un parasite commun : l’oxyure, ver rond et blanc de 3 à 5 mm.
“Une auto-infestation est possible chez des enfants qui portent leurs doigts à la bouche après s'être gratté en raison d'un prurit anal.”*
Pieds nus sur la plage
Dans des pays chauds et humides, comme aux Antilles, on peut attraper un parasite simplement en marchant pieds nus là où un chien ou un chat a fait une crotte. Cette “anguillulose” va se répandre dans tout le corps et peut même entraîner la mort en cas d’immunodépression.
Protozoaires : système digestif, organes urinaires et génitaux
Les protozoaires, eux, sont des organismes unicellulaires, microscopiques, attirés par le système digestif, les organes urinaires et génitaux. Ils causent notamment des diarrhées. On trouve parmi eux les giardiases et les amibes.
Comme les helminthes, les protozoaires pratiquent également l’art d’être discrets et d’échapper au diagnostic des médecins. Philippe Humbert constate par exemple, dans sa patientèle, que les mycoses ne sont pas toujours de vraies mycoses (candidoses) mais très souvent des trichomonases, une infection sexuellement transmissible due à un protozoaire flagellé nommé “Trichomonas vaginalis”.
Analyses : beaucoup de fausses pistes
Poser un diagnostic de parasitose peut en effet se révéler complexe et les fausses pistes sont nombreuses.
Une étude de 2015 à montré que les résultats de la recherche de parasites dans les selles est négative chez 90 % de personnes pourtant infectées.
En cas d’infection par un parasite, le taux de globules blancs dits “éosinophiles” se met à augmenter substantiellement mais il revient dans les clous au bout de quelques semaines.
“Pour établir la présence d'un parasite dans un organisme, il y a l'histoire clinique, des arguments cliniques et aussi parfois un sérodiagnostic qui relèvera dans le sang des anticorps dirigés contre des protéines du ver.”*
Dans certains cas, même en présence d’une analyse négative, Philippe Humbert préconise de traiter le malade et voir le résultat au bout de huit jours. Il recommande l’usage de certains médicaments antiparasitaires efficaces, notamment Albendazole et Mébendazole.
“Purger” les enfants et les adultes
Autrefois, il était d’usage de “purger” les enfants régulièrement à l’aide d’un vermifuge. Le médicament était souvent administré trois jours avant et après la pleine lune, car les parasites ont la réputation de migrer vers l’intestin en lune croissante et d’y proliférer.
“Cette tradition était pleine de sens et mériterait de perdurer aujourd'hui autant chez les enfants que chez les adultes”, conseille Philippe Humbert.
Sources :
*Les parasites, Ces hôtes invisibles qui envahissent nos corps, Pr Philippe Humbert, éditions Guy Trédaniel
Wikipédia : Helminthe
En savoir +
Exemple de parasitose : la toxocarose
La toxocarose est une maladie parasitaire, souvent méconnue, qui se transmet par les animaux (souvent par les chiens) et qu’on peut rencontrer partout dans le monde (en France : plutôt dans l’est du pays).
Selon Philippe Humbert, il faudra l’évoquer notamment en face de symptômes de type allergique : urticaire, eczéma, démangeaisons.
L’une des formes majeures des manifestations de cet hôte désagréable s’appelle la LMV (Larva migrans viscérale) et touche le jeune enfant : amaigrissement, état fébrile, altération profonde de l’état général pouvant aller jusqu’au décès.
On mesure mieux l’importance du déparasitage des animaux (49 % des chiots seraient infectés) et de la désinfection des aires de jeux…
“La contamination alimentaire est également possible (salade, abats crus ou peu cuits d'agneau ou de veau, de lapin ou de poulet).”*