Prendre conscience de sa part d’ombre

Prendre conscience de sa part d’ombre

Lorsqu’on part à la découverte de soi-même, il est important d’identifier la part d’ombre générée par nos différents conditionnements. On pourrait y trouver de grands cadeaux et de grandes forces…

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Sommaire

- Des pulsions cachées
- Des règles souvent intégrées instinctivement
- Le “travail de l’ombre”
- En quatre étapes
- Humour et amour
- Seul ou avec un psy
- Beaucoup de choses à la fois
- Effet miroir
- Des pépites utiles
- Les fourberies de l’ego

Indépendamment de toute notion de bien et de mal, l’ombre est simplement ce que nous choisissons (plus ou moins consciemment) de ne pas mettre dans la lumière.
"Notre ombre n'est qu'une partie de nous qui est refoulée, interdite, oubliée, ligotée", précise Chloé Bloom, entrepreneure, auteure et conférencière. "Cette partie est cachée du reste du monde et de nous-mêmes. Nous l'appelons "ombre" parce qu'elle est invisible et non parce qu'elle est sombre et ténébreuse."*

Des pulsions cachées
Notre part d’ombre se manifeste parfois de manière intempestive, dans des comportements où l’on ne se reconnaît pas. Mais ce n’est pas pour autant que ces comportements sont représentatifs de ce qui se cache en nous. Cela peut être simplement une expression du refoulement de ces pulsions cachées qu’on n’a jamais autorisées à s’extérioriser.
"Par exemple, les pulsions colériques ne représentent pas un monstre colérique en vous, mais plutôt une colère sous-jacente qui n'a jamais vraiment eu la place d'être exprimée et reconnue."*

Des règles souvent intégrées instinctivement
Cette ombre s’est construite en fonction des injonctions familiales et sociétales avec lesquels on a grandi (voir encadré), auxquelles se sont ajoutés les évènements de notre enfance. Les enfants comprennent instinctivement que, pour être aimés, ils doivent mettre en avant certaines parties d’eux-mêmes et enterrer d’autres parties. Cela se fait souvent selon des règles qui ne sont même pas énoncées et parfois il s’agit de perceptions d’enfant qui ne correspondent pas à la réalité.

Le “travail de l’ombre”
Chloé Bloom propose donc de partir à la rencontre de son ombre, ce qu’elle appelle le “travail de l’ombre”. L’objectif est de découvrir sa vraie nature, se sentir mieux dans sa peau au quotidien, plus complet, plus entier, plus authentique et plus détendu. Apprendre à s’aimer tel qu’on est, rendre plus sincères ses relations avec les autres…

En quatre étapes
Ce travail consiste en quoi ? Il s’agit tout d’abord de prendre conscience des toutes les parties que nous ne voulons pas voir chez nous et que nous refusons de nous réapproprier.
La deuxième étape consiste ensuite à ne pas juger cette part d’ombre, de l’accepter telle qu’elle est en essayant de comprendre à quel besoin elle correspond.
Lors de la troisième étape, il est question de réintégrer cette part de nous de manière saine et équilibrée dans notre personnalité et notre vie, sans s’identifier à elle, en répondant au besoin qu’on a repéré et en trouvant des espaces sains où il est possible de l’exprimer (arts, peinture, sport, sexualité, travail, nature, danse, écriture, prise de parole en public, cercles de parole, arts martiaux, théâtre, chant, passions et hobbies…).
Dans la quatrième étape, on est alors capable de révéler et laisser apparaître dans la lumière cette part d’ombre ainsi réintégrée.

Humour et amour
L’humour et l’amour sont deux alliés précieux dans cette démarche : l’autodérision permet de se voir tel qu’on est en dédramatisant les choses, l’amour permet de se redonner confiance quand le travail devient inconfortable. 
L’ennemi, c’est le déni. Et il peut prendre plusieurs formes. L’une d’entre elle consiste à fuir la réalité en se réfugiant par exemple dans les pratiques et les croyances spirituelles.

Seul ou avec un psy
Le travail d’introspection peut se faire seul mais il ne faut pas hésiter à se faire aider par un psy si c’est trop douloureux ou si l’on a l’impression de ne pas avancer. 
Il ne doit pas être exclusivement un exercice théorique et cérébral : le corps doit participer. Il ne faut donc pas oublier de marcher, bouger, danser, pratiquer un sport ou une autre activité physique. 

Beaucoup de choses à la fois
Chloé Bloom donne quelques pistes intéressantes pour reconnaître ses parts d’ombre (première étape). On peut, par exemple, prendre le temps d’observer les polarités opposées à ce que l’on croit être. Quelqu’un de généreux doit partir du principe qu’il est égoïste aussi. Quelqu’un de fort doit partir du principe qu’il est faible aussi.
“Vous êtes aussi l'opposé de ce que vous revendiquez ou connaissez de vous. C'est-à-dire que les deux se trouvent en vous et cohabitent, parfois difficilement.”*
Notre pensée est trop souvent manichéenne, considérant qu'il est impossible d'être en même temps deux choses opposées. En réalité, “nous sommes beaucoup de choses à la fois et nous devrions arrêter de choisir, cela nous rendrait un peu moins aigris et beaucoup plus épanouis”*.

Effet miroir
Une autre piste consiste à considérer l’effet miroir, selon lequel tout ce que l'on observe à l'extérieur de nous serait le reflet de ce qui se situe à l'intérieur. Lorsque le comportement de quelqu’un déclenche quelque chose en nous (agacement, admiration, jalousie, colère, impatience, idéalisation…), on peut chercher à identifier ce que cela vient pointer du doigt chez nous et en tirer des enseignements précieux.

Des pépites utiles
Chaque part d’ombre découverte correspond à un besoin qui n’est pas comblé. Dans ce sens, c’est une pépite qui permet de reconnaître ce besoin et de le combler (troisième étape). 
Exemples… Une jalousie peut dissimuler un besoin profond de se sentir unique ou une peur viscérale de l’abandon. Un égocentrisme peut abriter le besoin de vouloir être entendu, reconnu et aimé. Une avarice peut cacher un besoin de posséder quelque chose après s’être senti déposséder d’autre chose. Une part colérique et autoritaire peut correspondre à un besoin profond de se sentir respecté et écouté.

Les fourberies de l’ego
Tout au long de ce "travail de l’ombre", il y a des pièges à déjouer, souvent dûs à certaines fourberies de notre ego. Il est ainsi utile de ne pas dramatiser, ne pas se flageller, ne pas se prendre au sérieux, ne pas se considérer comme un héros, savoir rester mesuré, se foutre la paix, rester humble et ne pas croire que le travail est terminé…
"Continuez de vous armer d’autodérision, d'amour, de patience, de compassion, de rire, de courage et vous vous découvrirez si vaste que rien ne pourra vous empêcher de vous déployer"*, conclut Chloé Bloom.


*Explorer ses parts d’ombre, Chloé Bloom, éditions Eyrolles

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Injonctions familiales et sociétales

Voici quelques exemples des règles et injonctions auxquels nous sommes soumis depuis notre enfance :

“Le sexe, la sensualité, c'est sale.”
“Une femme qui assume son corps est vulgaire.” 
“Attirer l'attention sur soi, c'est mal.” 
“Il faut être discret pour être poli.”
“Il ne faut pas se mettre en colère parce que ça blesse les autres.”
"Une femme ne doit pas se mettre en colère.”
“Il faut être gentil et faire plaisir aux autres.”
"Un garçon ne doit pas pleurer.”
“Pleurer, c'est pour les faibles.”
“Être sensible est pathétique et ridicule.”
“Notre avis ne compte pas.”
“Il faut se forcer à faire plaisir aux autres.”
“Il ne faut pas contredire les adultes.”
“Il faut réussir à l'école pour avoir une bonne vie.”
“Être belle est dangereux.”
“L’argent, ça se mérite.”
“Le plaisir est inutile.”
“Un homme doit être fort.”
"Une femme doit rester à sa place.”
“Dans la vie, il faut tuer ou se faire tuer.”

Vie Saine et Zen