Survivre en cas de crise

Survivre en cas de crise

Si demain une nouvelle crise vient impacter notre quotidien, serons-nous suffisamment préparés et armés sur le plan émotionnel ? Saurons-nous trouver les ressources pour y faire face ? Comment pourrons-nous nous reconstruire et restructurer notre mode de vie ?

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Sommaire

- Trois étapes
- Gérer l'anxiété
- Apprivoiser son mental
- Redéfinir ses priorités
- Un état des lieux des ressources
- Des rituels
- Le risque : laisser l'anxiété prendre le dessus
- Faire le colibri ?

Depuis quelques années, nous sommes de plus en plus touchés par des épreuves collectives qui défient nos capacités d'adaptation et nous font redécouvrir notre fragilité (voir : L'incertitude : elle peut nous renforcer et Crise du Covid-19 : vivre avec l'incertitude). Il est néanmoins possible d'apprendre à développer notre flexibilité et notre force créative pour y faire face.

Trois étapes
"Face à une épreuve de vie, la première étape est d'amortir le choc de la crise"*, affirme Jean-Christophe Seznec, médecin psychiatre.
Cela se fait en trois étapes :
- accueillir et accepter le vécu émotionnel (voir : Laisser faire nos émotions),
- trouver des ressources pour faire face à la situation,
- se reconstruire pour renaître.

Gérer l'anxiété
Il est possible, selon lui, d'apprendre à gérer l'anxiété, à quelques conditions :
- reconnaître sa présence,
- agir plutôt que nourrir un évitement émotionnel,
- accepter le prix de l'anxiété et le risque de la situation,
- générer des pensées alternatives au discours anxieux,
- gérer les ruminations,
- passer à l'action,
- se protéger des comportements de réassurance (boire, fumer, manger, se droguer),
- revenir dans l'instant présent,
- se méfier de son imaginaire.

Apprivoiser son mental
Confronté à l'adversité, le mental joue un rôle important. Il peut générer une diarrhée de pensées inutiles voire toxiques.
"Apprivoiser son esprit s'apprend, tout comme nous avons appris à manger proprement ou aller aux toilettes quand il faut"*, précise Jean-Christophe Seznec.

Il conseille pour cela, notamment, de ne pas perdre son énergie à se plaindre, d'accueillir le changement avec confiance et bienveillance, d'accepter ses échecs et la responsabilité de ses erreurs, de placer son énergie dans le présent sans ressasser le passé ou fantasmer le futur.

Redéfinir ses priorités
L'arrivée d'une crise bouleverse tout sur son passage et impose de redéfinir ses échelles de priorités. D'où l'importance de revenir à ses besoins fondamentaux. Jean-Christophe Seznec en dénombre précisément 14 : respirer, boire et manger, éliminer, se mouvoir et maintenir une bonne posture, se vêtir et se dévêtir, maintenir sa température corporelle dans la limite de la normale (37,2°C), être propre et protéger son enveloppe corporelle, éviter les dangers, communiquer avec ses semblables, agir selon ses croyances et ses valeurs.

Pour hiérarchiser ensuite les priorités, il fait référence à la pyramide en trois niveaux de Clayton Alderfer, psychologue états-unien :
- les besoins d'existence : sécurité et besoins physiologiques ;
- les besoins de sociabilité : amour et appartenance à des groupes humains ;
- les besoins de croissance : épanouissement et réalisation de ses ambitions.

Un état des lieux des ressources
En cas de crise, il convient donc de répondre aux deux premiers niveaux de besoin et, par conséquent, de faire un état des lieux de ses ressources et de ses réseaux :
- alimentaires : où trouver à manger et boire, comment cuisiner ?
- matérielles : où dormir, comment se déplacer, comment communiquer, comment se connecter, comment gérer ses déchets ?
- humaines : quelles personnes pour répondre à ses besoins relationnels, affectifs ou techniques (réparation, bricolage, soin…).

Certains ont imaginé le pire en cas de confinement prolongé, sans forcément se transformer en survivalistes : prévoir des réserves pour trois mois sans oublier les produits du quotidien, préparer des objets de survie et un kit d'urgence sanitaire, mettre en place un système de communication, prévoir un moyen de transport, apprendre à se défendre, à pêcher, à chasser, repérer des alliés autour de soi…

Des rituels
Une fois la sécurité matérielle assurée, au cœur de la crise, le moment est venu de restructurer le présent en mettant en place des rituels : restaurer un rythme de vie, structurer son temps autour d'objectifs, se régénérer avec la nature, apaiser son esprit en diminuant la dose d'informations quotidiennes, prendre conscience de son souffle et cultiver des moments de pleine conscience tout au long de la journée, s'autoriser à échouer, se faire des cadeaux, cultiver la gratitude et ne pas oublier de rire aux éclats…

Le risque : laisser l'anxiété prendre le dessus
Le risque est de laisser l'anxiété prendre le dessus et amener le psychisme à se crisper. Le mental va être alors incité à produire des histoires et des croyances en réponse aux questions encore en suspens.
Les pensées anxiogènes peuvent ainsi générer des rigidifications à l'origine de dogmatismes voire de croyances sectaires.
Elles peuvent rendre le vivre ensemble difficile.

On peut avoir du mal à défusionner avec ces pensées anxiogènes. Il ne faut pas hésiter alors à se faire accompagner par un psy.

Faire le colibri ?
Face à la crise, faut-il se réfugier chez soi, partir à la campagne ou vivre dans un monde virtuel ? Faut-il céder aux tentations extrémistes ou faire le colibri cher à Pierre Rabhi ?
"Pour ma part je vous propose de voir la vie comme un immense grand huit. On paie pour aller dans les parcs d'attractions pour avoir des émotions, pourtant la vie nous en propose gratuitement tous les jours. (…) Toute chose est une expérience qui s'observe, se joue, se vit et se savoure."*

 

*Guide pratique de survie en cas de crise, Jean-Christophe Seznec, éditions Leduc

 En savoir +

Invictus : être la capitaine de soi-même

Jean-Christophe Seznec conseille, en période de crise, d'être le "capitaine de soi-même" pour avancer dans la vie en tenant la barre avec courage et fermeté.
Il cite le poème de William Ernest Henley (1849-1903), "Invictus", sur lequel s'est appuyé Nelson Mandela dans sa prison…

Dans les ténèbres qui m'enserrent
Noires comme un puits où l'on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu'ils soient
Pour mon âme invincible et fière.

Dans de cruelles circonstances,
Je n'ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout, bien que blessé.

En ce lieu de colère et de pleurs
Se profile l'ombre de la Mort.
Je ne sais ce que me réserve le sort
Mais je suis et je resterai sans peur.

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.

Vie Saine et Zen