NASH : la maladie du foie gras

NASH : la maladie du foie gras

Principalement due à la malbouffe et au manque d’activité physique, la maladie du foie gras se développe à vitesse grand V. Elle fait partie cependant des pathologies facilement évitables.

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Sommaire

- Évitable à 100 %
- Le sucre et les autres agresseurs
- Des plantes pour le foie
- Les trois stades de la maladie
- Les bienfaits de l’activité physique
- Le régime méditerranéen vert
- Le troisième cerveau ?

La stéatose hépatique non alcoolique ou NASH est due à une surcharge en graisse du foie. C’est l’équivalent pour les humains du foie gras des oies ou des canards. 
“Diabète, obésité, risque d'infarctus, hypertension : la maladie du foie gras est en pleine expansion dans tous les pays occidentaux, y compris en France”*, alerte Pierre Nys, médecin endocrinologue-nutritionniste, ex-attaché des Hôpitaux de Paris.

Évitable à 100 %
Pourtant c’est une maladie quasiment évitable à 100 %. Les causes en sont connues : la malbouffe quotidienne avec trop de sucre, trop de glucides, et le manque d’activité physique. Le foie ne peut plus travailler correctement ce qui entraîne des symptômes divers qui peuvent toucher la peau, la silhouette, la digestion, les défenses immunitaires… Le problème c’est que, souvent, il s’agit d’une maladie silencieuse (sans symptôme apparent) mais qui peut aboutir à un cancer du foie.

Le sucre et les autres agresseurs
Le sucre (notamment le fructose et les sucres cachés qu’on trouve dans les produits industriels) est le premier agresseur du foie. Mais ce n’est pas le seul. D’autres sont en embuscade, prêts à se liguer avec lui pour attaquer : alcool, céréales raffinées (à index glycémique élevé), mauvaises graisses, excès de sel, virus comme ceux de l’hépatite (A, B, C, D, E), microbiote intestinal mal équilibré, polluants comme le tabac, les résidus de pesticides ou de médicaments, les perturbateurs endocriniens…

De nombreux médicaments sont reconnus toxiques pour le foie. Il convient donc de bien en évaluer la balance bénéfice/risque : tamoxifène, paracétamol, diclofénac, corticoïdes, méthotrexate, amiodarone, nifédipine, diltiazem, maléate de perhexiline, chloroquine, hycanthone, isoniazide… 
Il faut être particulièrement attentif à l’effet cocktail (voir : Se méfier des interactions médicamenteuses).

Des plantes pour le foie
Il convient également d’être vigilant en cas d’accumulation de compléments alimentaires et de produits de phytothérapie en automédication : ils ne sont pas tous anodins pour le foie. 
En revanche c’est une bonne idée de prendre des plantes en infusion pour aider et soulager le foie, à condition de vérifier avec son médecin ou son pharmacien leur compatibilité avec l’état de santé, la maladie, le traitement…
“Des plantes comme le radis noir, le chardon-marie, le desmodium, l'artichaut, le romarin, le curcuma, le boldo… Sont de très bonnes pistes.”*

Les trois stades de la maladie
Au premier stade de la maladie, on parle de stéatose simple : il y a de la graisse dans le foie mais pas d’inflammation (NAFLD : Non Alcoholic Fatty Liver Disease). C’est probablement sans risque pour le foie mais ça peut exposer à des problèmes cardiaques. À ce stade, il est très facile revenir en arrière.
Au deuxième stade de la maladie, c’est le NASH, on parle de stéatose inflammatoire : il y a de la graisse toxique dans le foie avec un risque de complications métaboliques, de diabète “à problème”, d’hypertension artérielle.
Au troisième stade, on parle de fibrose du foie ou de cirrhose : le foie durcit. Il y a alors un risque net pour le foie et la santé en général.
À tous les stades, la meilleure solution est de modifier son hygiène de vie. Mais c'est d’autant plus efficace qu’on s’y attelle le plus tôt possible.*

Les bienfaits de l’activité physique
“Plus les années passent, plus les études le démontrent : l’activité physique est la clé, ou en tout cas presque toujours une partie de la clé, de la majorité de nos problèmes modernes”*, affirme Pierre Nys.
Mais il ne s’agit pas seulement de faire du sport deux ou trois fois par semaine. Lutter contre la sédentarité veut dire se lever régulièrement de sa chaise de bureau et faire quelques pas, faire ses courses à pied, emprunter les escaliers plutôt que les ascenseurs, marcher pour parcourir les distances courtes (voir : Bouger et se détendre au quotidien)…

Le régime méditerranéen vert
Les scientifiques ont repéré que le régime alimentaire méditerranéen permet d’éviter le NASH et même de le faire reculer une fois qu’il est installé.
“Le régime méditerranéen est un exceptionnel protecteur hépatique. Physiologiquement, il est parfait puisque pauvre en sucre, en alcool et en mauvaises graisses, tout ce que déteste le foie.”* 
Qu’est-ce qui lui donne ses superpouvoirs ? Les nutriments contenus dans les fruits et légumes colorés (bruns, orange, violets, bleus, verts, rouges) mais aussi dans les oeufs, les poissons et les fruits de mer…

Pierre Nys a une préférence pour le régime méditerranéen vert, c’est-à-dire à dominante végétale et qui exclut totalement les viandes (dont la volaille, les burgers et la charcuterie).
“Le régime méditerranéen vert est donc une alimentation en majorité végétarienne, sans viande du tout et sans sucre. Évidemment sans produits ultra-transformés non plus : manger sain, c'est forcément se détourner de ce type d'aliments trop industriels et se rapprocher de plats plus simples, plus naturels, issus d'aliments bruts ou peu transformés.”*
(Voir : Éviter l'alimentation industrielle ?)

Le troisième cerveau ?
Il est très important de prendre soin de son foie qui est l’organe clé du bien-être, de l’énergie, de la convalescence, de l’immunité et le grand éliminateur de tous les déchets produits par le corps (voir encadré). 
“Il a un lien privilégié avec le microbiote intestinal ainsi qu'avec le cerveau, via le nerf vague, d'où le fait que de plus en plus de spécialistes pensent qu'il s'agit de notre troisième cerveau”*, conclut Pierre Nys.



*Tout vient du foie, Dr Pierre Nys, éditions Leduc

 En savoir +

 Le foie, ça sert à quoi ?

Il aurait plus de 500 fonctions dans le corps.
“Le foie stocke, filtre, fabrique, transforme. C’est une véritable usine”*, explique Pierre Nys, médecin endocrinologue-nutritionniste, ex-attaché des Hôpitaux de Paris. Ainsi le foie est…

- Antidiabète : indispensable à la régulation du glucose il veille à ce que la glycémie (taux de sucre dans le sang) ne descende jamais trop bas quitte à puiser dans ses propres stocks de glucose pour l’injecter dans le sang voire à en fabriquer à partir de protéines.

- Nettoyeur, détoxiquant : toutes les molécules qui entrent dans notre corps (qu’on les respire, les avale ou les applique sur notre peau) finissent par transiter via la veine porte par le foie qui les recycle (si bénéfiques) ou les oriente vers les organes d’élimination (si toxiques).
“En plus, il a le rôle prodigieux de dégrader les produits toxiques en produits non toxiques : de la magie ou presque, sans laquelle notre espérance de vie serait limité à quelques minutes.”*

- Antifatigue et expert métabolique : en plus du glucose, il stocke du fer, du cuivre, des vitamines (A, B12, D) nécessaires à de très nombreuses fonctions courantes qui nous maintiennent en bonne santé.

- Producteur de cholestérol qui, contrairement à ce que l’on croit, n’est pas mauvais pour la santé mais au contraire un matériau indispensable au bon fonctionnement du corps (voir : Cholestérol : faut-il s’en préoccuper ?). Le foie produit 75 % du cholestérol qui circule dans notre sang (seulement 25 % provient de notre alimentation).

- Indispensable à la digestion : il fabrique la bile, liquide jaune-vert nécessaire à la digestion des graisses dans l’intestin grêle.

- Indispensable à la coagulation sanguine : il fabrique des coagulants, des “bloqueurs d’hémorragies”. Il s’occupe aussi d’éliminer les pigments d’hémoglobine vieux de plus de 120 jours, ce qui donne aux selles leur couleur.

- Puissant régulateur hormonal : il favorise par exemple la conversion des hormones thyroïdiennes. Il est responsable de la synthèse de l’IGF1, l’effecteur de l’hormone de croissance. Il intervient dans la dégradation des hormones non utilisées.

- Régulateur de la pression artérielle : il synthétise le précurseur de l’angiotensine qui un puissant régulateur de la tension.

Vie Saine et Zen