Locavore, mode d'emploi

Locavore, mode d'emploi

Manger local est devenu, comme le bio et le commerce équitable, un des fers de lance des écolos. Mais être locavore implique un investissement qui va nécessairement au-delà d'un simple phénomène de mode. Suivez le guide…

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Sommaire

- Je suis locavore et je le vis bien

- Une prise de conscience

- Impact sur l'économie locale et sur l'environnement

- Où faire ses courses ?

- Des bienfaits sur la santé

Tout le monde en parle, c'est une nouvelle façon de consommer : privilégier les produits de saison et ceux cultivés à proximité (dans un rayon de moins de 200 km).

Je suis locavore et je le vis bien
À l'occasion de l'écriture de son livre Le guide du locavore, pour mieux consommer local, Anne-Sophie Novel, docteur en économie, spécialiste des questions de commerce et de développement, a elle-même suivi un régime locavore strict pendant deux mois, avant de l'adopter définitivement. "Cela induit un véritable changement de comportements et d'habitudes", précise-t-elle.
En effet qui dit manger local et de saison, dit laisser de côté certains produits certes exotiques mais faisant désormais partie de notre quotidien.

Mais pas question d'être locavore strict car parfois cela n'a pas de sens !
"Il est absurde de vouloir cultiver du café en Europe tout comme acheter une salade produite à l'autre bout du monde", écrit Carlo Petrini, président du mouvement Slow Food International.

Pour tout locavore qui se respecte, il y a néanmoins certains aliments auxquels il faudra définitivement dire adieu : les boissons aromatisées et jus de fruits, les plats cuisinés.

Une prise de conscience
L'idée est surtout d'être conscients de ce que nous avons dans nos assiettes. "Être locavore, c'est consacrer la partie essentielle de son alimentation au niveau local, explique Anne-Sophie Novel. Tous les aliments, dits frais, c'est-à-dire qu'on renouvelle régulièrement seront surtout locaux. En revanche, des produits tels que les épices ou le café qui ne peuvent être produits localement, se conservent en général très bien. Dans ce cas, on peut les inclure à notre consommation à condition de privilégier le commerce équitable."

Impact sur l'économie locale et sur l'environnement
La démarche a l'avantage de questionner le consommateur sur son alimentation. Voilà pourquoi on parle de "consomm'acteur" qui agit plus qu'il n'ingère. L'origine du produit, sa culture, sa récolte, sa préparation, son conditionnement et son empreinte carbone sont autant de points auxquels il va veiller. En privilégiant les produits de saison et locaux, les distances parcourues, du producteur au consommateur, sont logiquement diminuées. Les rejets de CO2 s'en trouvent aussi réduits, cela redonne un visage humain aux chaînes de distribution et relance l'économie locale.

"Attention, manger local ne veut pas dire manger bio, souligne Anne-Sophie Novel. C'est pourquoi il est important de vérifier les conditions dans lesquelles les animaux et/ou les fruits et légumes ont été élevés, cultivés. L'idéal est de pouvoir combiner le bio et le local. Mais s'il faut choisir, j'opte d'abord pour le local."

Où faire ses courses ?
Quand on réduit son périmètre d'approvisionnement à quelques centaines de kilomètres, il devient possible de rencontrer directement les producteurs et de leur poser des questions sur les méthodes qu'ils utilisent.

Coopératives, AMAP, cabas bio complètent les points d'approvisionnement du parfait locavore. Les longues queues au supermarché ne sont plus qu'un lointain souvenir.

Des bienfaits sur la santé
Manger local n'est pas synonyme de pauvreté de variétés et de fadeur. "Depuis que j'ai adopté ce régime, je cuisine beaucoup plus et surtout j'invente des plats, nous confie Marie, locavore depuis trois ans. Au début, c'était assez compliqué car je recevais chaque semaine un cabas avec des légumes de saison qui, pour la plupart, m'étaient inconnus. Mon compagnon n'était pas du tout emballé. Mais depuis, c'est devenu un amusement et on prend un malin plaisir à découvrir le contenu du panier en famille, avec mon fils."

Frustration ? Carence ? Anne-Sophie Novel balaie la critique : "faire attention à son alimentation permet au contraire de l'améliorer. Je ne vois pas comment le fait de ne pas manger d'abricots en hiver pourrait entraîner une carence quelconque. Manger local n'est pas une contrainte. On continue à manger de tout sauf qu'on restreint le périmètre d'approvisionnement."

Le locavore éveille les consciences et la société suit. Aujourd'hui les grandes surfaces mettent en avant les produits du terroir en relocalisant leur approvisionnement. Certains restaurants se positionnent aussi en proposant des cartes uniquement à base de produits de saison.

 

Source :
Le guide du locavore, pour mieux consommer local, Anne-Sophie Novel, éditions Eyrolles

 En savoir +

Localisme

Déjà au 19e siècle, certains penseurs font l'apogée du localisme (mouvement qui vise à promouvoir tout ce qui est local aussi bien les emplois, que les industries ou la nourriture).
C'est en 1980 que l'idée de manger local naît. À cette époque, un anglais, Tim Lang évoque la notion de "food miles", kilomètres alimentaires. Dès lors, le mot locavore apparaît et des partisans s'en revendiquent. Aux États-Unis, le mouvement connaît un véritable essor. À tel point que le mot "locavore" est entré dans le New Oxford Dictionary en 2007.

6 %
des terres agricoles en France
prévues en bio en 2012
contre 2,5 % aujourd'hui

10 à 20 fois plus
de pétrole pour un fruit
hors saison importé par avion
versus le même, local et de saison

91 %
des Français
privilégient les produits de saison
sans pour autant être locavores

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