Pédopsychiatre : le “docteur des soucis”

Pédopsychiatre : le “docteur des soucis”

Médecin spécialisé en psychiatrie puis en pédopsychiatrie, le pédopsychiatre s’occupe des émotions des enfants et des adolescents. Il tente de faire la genèse de ces émotions et aide à faire le lien avec le ou les parents.

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Sommaire

- Observer les bébés
- Les enfants et les ados
- Plusieurs séances
- Rassembler les pièces du puzzle
- Parfois prendre en charge les parents
- Finir une thérapie
- Ne pas sous-estimer les souffrances psychiques

Pipi au lit, problèmes relationnels à l'école, anorexie, phobie scolaire, deuil… Tout ce qui, chez l’enfant et l’adolescent, est d'ordre émotionnel et comportemental peut relever d'une thérapie menée par un pédopsychiatre.
“Souvent, ce sont les parents, le personnel scolaire ou un autre soignant (par exemple l'orthophoniste ou l'orthoptiste, etc.) qui pensent à demander une consultation”, explique Thanh Agullo, pédopsychiatre. “Peu importe le motif ou l'inquiétude sous-jacente. Personne ne prend la place de quelqu'un qui “en aurait plus besoin”, il n'existe pas de hiérarchie des symptômes. Ne retardez pas la prise de rendez-vous si vous en ressentez le besoin !”*

Observer les bébés
Même les bébés peuvent être concernés car, lorsqu’ils étaient dans le ventre de la maman, ils étaient déjà susceptibles de ressentir ses émotions. Pour aider un bébé, il faut l’observer, évaluer son développement psychomoteur, analyser sa relation avec la maman, le papa.
Par exemple, il est possible, assez rapidement, de déterminer si le bébé présente avec son parent un attachement sécure ou insécure. Dans le premier cas, le parent répond de manière adéquate aux signaux et aux besoins de l’enfant qui peut dès lors exprimer ses émotions, explorer plus facilement et faire confiance. Dans le second cas, le parent répond de façon incohérente ou inadaptée et l’enfant peut soit développer un besoin de réassurance anxieux, soit inhiber ses émotions et sembler autosuffisant.

Les enfants et les ados
Pour les enfants, la thérapie se fait à travers des échanges verbaux, des jeux, des dessins… 
Les ados sont aussi concernés. Ils peuvent tenter d’échapper à la thérapie mais il faut leur faire comprendre qu’ils n’ont pas encore toutes les informations pour juger de ce qui est bon pour eux et considérer la psychothérapie comme un acte médical, au même titre qu’une prescription de médicaments.
Dans tous les cas, les résultats sont meilleurs lorsque le thérapeute parvient à recueillir l’adhésion du patient.

Plusieurs séances
Il faut plusieurs séances pour que le “docteur des soucis” apprenne à connaître l’enfant et ait le temps d’échanger avec les parents pour les aider à changer certaines habitudes. Il est normal, surtout au début, que les parents soient inquiets de voir leur enfant se confier à un étranger.
“Cela ne veut rien dire de la qualité des parents. Seulement que le psy est neutre et qu’il y a moins d’enjeux !”*

Petit à petit, les enfants s’habituent à apprécier ces séances où ils ont la possibilité de raconter leurs secrets, déballer leurs doutes, leurs peurs et leurs joies puis refermer la boîte et la rouvrir quand ils veulent. Et rien n’est répété aux parents, sauf si l’enfant l’autorise ou en cas de force majeure (par exemple, si l’enfant est en danger).

Rassembler les pièces du puzzle
Au cours des séances, le ou la pédopsychiatre glane des indices, des éléments de vie parfois intimes et personnels qui sont les pièces d’un grand puzzle et qui se révèlent au fur et à mesure des discussions. Lorsque l’image du puzzle commence à se dessiner, un ou plusieurs diagnostics peuvent être posés et l’on peut envisager un traitement. Voilà pourquoi il faut un peu de temps pour mener une thérapie à son terme. Souvent plus d’une année. D’autant qu’en cours de route, d'autres symptômes peuvent être découverts et s'avérer plus urgents que ceux évoqués en début de thérapie.

“Nous analysons toujours avec empathie et compassion, sans jugement. L'objectif est d'en comprendre le plus possible pour mieux aider le patient et son entourage.”*

Parfois prendre en charge les parents
L'un des rôles du pédopsychiatre et de faire le lien entre l'enfant et son parent puis les aider à mieux communiquer entre eux.
“Il arrive de rencontrer des patients dont le nœud du problème réside chez… leurs parents. Et c'est tout à fait normal !”*, précise Thanh Agullo.
Le rôle du pédopsychiatre est aussi d'aider à comprendre les mécanismes en jeu entre un parent et son enfant. Débordé, impacté par des traumatismes personnels, le parent peut avoir besoin, lui aussi, d'une thérapie.

Finir une thérapie
À tout moment, le patient et/ou le thérapeute peuvent constater qu’il est temps de mettre fin à la thérapie. Il est important qu’ils en parlent et ils peuvent par exemple convenir que la dernière séance soit consacrée à faire le point et mesurer le chemin parcouru.

Ne pas sous-estimer les souffrances psychiques
Il est important de ne pas sous-estimer les souffrances psychiques. Il existe véritablement des urgences en psychiatrie.
“La souffrance psychique est une maladie mortelle qui fait perdre des années d'espérance de vie. De plus, les tentatives de suicide peuvent être réussies”*, avertit Thanh Agullo.



*Maman, papa, ça sert à quoi le Docteur des soucis, Dr Thanh Agullo, éditions Opportun

 En savoir +

Quelle différence entre un psychologue et un pédopsychiatre ?

Contrairement au psychologue qui a un diplôme universitaire (un master mention Psychologie) le pédopsychiatre a fait des études de médecine pendant 6 ans, une spécialisation de psychiatrie pendant 4 ans puis de pédopsychiatrie pendant 2 ans. Peuvent s'y ajouter des formations complémentaires en psychothérapie : thérapies cognitives et comportementales, thérapies familiales et systémiques, thérapies centrées autour de l’attachement…

Le pédopsychiatre est inscrit à l’ordre des médecins. Il peut prescrire des médicaments, signer des arrêts de travail, poser un diagnostic et ses consultations sont remboursées par la Sécurité Sociale.

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