Mettre au monde un bébé devrait être la chose la plus naturelle du monde. Mais l'accouchement a pris depuis quelques décennies une connotation nettement médicale. Cela commence à être remis en cause par de nombreuses femmes qui recherchent une approche plus naturelle, plus physiologique.
Sommaire
- Péridurale et hormone de synthèse
- Trop de déclenchements de convenance
- La maison de naissance
- Suivre les mouvements dictés par le corps
- Accoucher à domicile
- La médicalisation : autant de complications que de solutions
- La liberté de choix
De plus en plus de futures mamans consacrent du temps à préparer leur accouchement : en lisant des articles et des bouquins, en suivant des cours ou des ateliers, en échangeant avec leur conjoint (voir : Accueillir son bébé avant et après la naissance, Haptonomie : communiquer avec bébé pendant la grossesse et Les pères "enceintes").
Mais le jour J, beaucoup d'entre elles s’en remettent à la médecine, acceptent un déclenchement injustifié, une césarienne pour cause de siège, d’utérus cicatriciel ou de grossesse gémellaire et découvrent ensuite que cela aurait pu se passer autrement.
"Certaines vivent un accouchement tellement traumatisant qu’elles renoncent à avoir un autre enfant"*, déplore Nina Narre, documentariste et mère de trois enfants nés à domicile.
Péridurale et hormone de synthèse
La majorité des accouchements, aujourd’hui, se fait suivant un protocole banalisé avec péridurale et injections d’hormones de synthèse dans un cadre médicalisé. En France seulement 7 % des naissances en structure hospitalière se font sans assistance pharmacologique ni instrumentale.*
Pour déclencher un accouchement, on injecte de l’ocytocine artificielle par intraveineuse, ce qui a pour effet de provoquer des contractions plus intenses et plus rapprochées. Ces contractions sont aussi plus douloureuses pour la maman et plus difficiles à encaisser pour le bébé qui peut présenter souvent des signes de détresse pouvant justifier une césarienne. Le déclenchement entraîne donc la plupart du temps la pose d'une péridurale. À l'arrivée, en moyenne, ce protocole aboutit à des temps plus longs pour l'accouchement comme pour la récupération.*
Trop de déclenchements de convenance
L’avantage est qu'il peut se planifier et ainsi répondre à des impératifs d'organisation de la structure hospitalière ou des obligations professionnelles des futurs parents.
Le taux des déclenchements, en France, dépasse les 20 %. L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) juge que le taux normal ne devrait pas dépasser 10 %. Au-delà, aucun bénéfice n’est perçu. Nous sommes donc en France largement en dehors des clous.*
La maison de naissance
De plus en plus de femmes souhaitent vivre un accouchement naturel, avec une approche plus physiologique : une naissance sur laquelle on n’intervient pas d’un point de vue médical.
Depuis 2014, en France, elles peuvent choisir pour cela une maison de naissance : un lieu qui fait plus penser à un hôtel qu'un hôpital, qui est plus propice à l'intimité, où l'on est plus à l'écoute des besoins de la maman et où les pères jouent un rôle plus actif. Souvent, les pratiques alternatives y sont mieux accueillies. La maison de naissance est néanmoins rattachée à une maternité proche, de manière à pouvoir assurer le transfert de la maman en cas d’urgence.
À Paris, la maternité des Bluets puis celle des Lilas, qui ont inauguré ce type d'approche dès les années 1950-60, font figures de pionnières en la matière.
Suivre les mouvements dictés par le corps
Le principe de l'accouchement naturel est d'écouter et de suivre les mouvements dictés par le corps. À l'arrivée d'une contraction, la mère va s’installer spontanément dans la position la moins douloureuse (par exemple à quatre pattes). Au bout d’un moment, le corps s’adapte et les contractions, même fortes, deviennent supportables.**
Accoucher à domicile
Sylvie, elle, a choisi par trois fois d'accoucher à domicile.
"Très tôt, le suivi médical proposé - imposé - m'a agacée. J'ai appris, lu, rencontré des professionnels et ma confiance en mes capacités et celles de mon bébé a grandi. L'infantilisation, la manière insidieuse de faire planer la pathologie au-dessus de la mère et du bébé, la suffisance des médecins et l'ignorance des besoins de base de la femme en travail, m'ont donné envie d'accoucher en douce, seule au fond des bois. Et c'est ce que j'ai fait."*
Elle rappelle les secrets d’un accouchement facile et rapide : la verticalité, le mouvement et le respect des besoins de base de la femme en travail (voir encadré).
La médicalisation : autant de complications que de solutions
L’accouchement idéal qui respecte la physiologie humaine, selon Michel Odent, chirurgien et obstétricien français, "se passe dans une petite pièce chaude et sombre avec seulement, en plus de la mère et de son bébé, une sage-femme qui comprend bien ce qui se passe, assise dans un coin et qui tricote. L'accouchement est un processus physiologique involontaire et sa médicalisation crée au moins autant de complications qu'elle n'en solutionne”*.
La liberté de choix
Il faut se souvenir que, au terme de la loi Kouchner de 2022, chacun peut exiger une information sur les gestes qui sont proposés et les refuser. L'important est donc d'avoir toutes les cartes en main, de s’écouter, de choisir l'accouchement qui nous ressemble, de se préparer et de faire respecter ses choix !
Sources :
*Faut pas pousser, documentaire de Nina Narre
Blog de Nina Narre
**Parents : Accouchement naturel, tout ce qu’il faut savoir
En savoir +
Vrai/Faux : 10 mythes et croyances sur l'accouchement
Ce sont les principaux mythes sur l'accouchement qu'il faut battre en brèche, selon Nina Narre…
- Non, toutes les femmes ne mourraient pas en couche avant l’invention de la médecine moderne, au 17e siècle c’était seulement 1 à 3 % des femmes, selon Marie-France Morel, présidente de la société d'histoire de la naissance.
- Non, la position obstétricale n'a pas vocation à faciliter la naissance, mais à simplifier le travail des médecins. La position verticale facilite la descente du bébé dans le bassin de sa maman et le mouvement facilite la naissance.
- Oui, la péridurale interfère sur le travail ; oui, les femmes sont capables d'accoucher sans péridurale ; et non, ce n'est pas une obligation, mais on peut tout de même y réfléchir : si l'on fait le choix d'accoucher sans péridurale, la douleur s'arrête instantanément dès que le bébé est né et c'est une sensation de puissance et de paix incroyable.
- Oui, une déchirure naturelle se répare en quelques jours tandis qu'une épisiotomie peut faire souffrir pendant des années.
- Oui, on a besoin de manger et de boire lorsqu'on accouche.
- Oui, il y a des déclenchements injustifiés et non, un accouchement déclenché artificiellement ne se passe pas aussi bien qu'un accouchement démarré spontanément.
- Non, "bébé n'en a pas marre d'être dans le ventre de maman", il n'est simplement pas prêt à sortir.
- Oui, la délivrance dirigée du placenta est devenue la norme, même après un accouchement sans péridurale !
- Oui, les maternités sont des entreprises qui doivent gagner de l'argent.
- Non, il n'est pas anodin d'être ou ne pas être actrice de son accouchement.