De plus en plus d'hommes avouent leur désir d'enfant et accompagnent activement la grossesse de la future maman… Jusqu'à l'accouchement où ils prennent une part active ! Ces nouveaux pères découvrent des émotions nouvelles et captivantes…
Sommaire
- Désir d'enfant
- La couvade
- Accompagner activement
- L'accouchement
- De nouvelles valeurs
Depuis une quarantaine d'années la fonction de père connaît une évolution importante, avec la remise en cause de l'autoritarisme absolu, l'atténuation de la peur de la femme et de la féminité. Il était impensable il y a cinquante ans qu'un père assiste à l'accouchement, c'est aujourd'hui chose courante.
Désir d'enfant
Traditionnellement la plupart des hommes ne commençaient à découvrir le plaisir d'avoir un enfant que quand il était là. Aujourd'hui, c'est souvent le jour de la première échographie que le choc se produit. "On voit l'œuf, savoir qu'il y a un cœur qui bat, savoir qu'il marche à 180 pulsations minutes (…) ça s'est imposé", raconte Jean-Yves*.
Mais ce choc peut se produire bien en amont. De plus en plus d'hommes, qu'ils aient ou non trouvé l'âme sœur, se trouvent confrontés à un moment de leur vie, à un véritable désir d'enfant. Ça se passe souvent autour de 35 ans, mais il n'y a pas de règle : pour certains c'est 20 ans, pour d'autres 40 ans.
Phénomène physiologique, affectif ou intellectuel ? Difficile de répondre à cette question. On sait maintenant que les hommes ont, comme les femmes, une horloge biologique qui les rend moins fertiles avec l'âge**. Qui pourrait dire que cela n'influe pas sur le désir d'enfant ?
Mais d'autres facteurs entrent en jeu : la rencontre avec l'être aimé, les antécédents familiaux, l'accès à la maturité avec notamment la capacité à se mettre en face des ses responsabilités.
La couvade
La transformation du corps de la future maman ne laisse pas indifférents les nouveaux pères.
"Tout s'arrondit, la vie aussi s'arrondit, les pensées s'arrondissent (…) Vous êtes pris dans la boule, quoi ! (…) Moi aussi, à ce moment-là j'étais un peu enceinte", s'exclame Jean-Luc*.
Du reste les hommes sont nombreux à développer, parallèlement à la grossesse de leur compagne, des symptômes qu'on appelle communément la "couvade" : prise de poids (jusqu’à 10-15 kilos), arrondissement du ventre (comparable à celui d’une femme enceinte de 7 mois), envies, maux de têtes, nausées. Certains ressentent même des contractions au moment de l’accouchement.
Selon le magazine New Scientist, des chercheurs américains auraient montré que les singes mâles prenaient du poids quand leurs femelles étaient enceintes*** !
On considère généralement qu'il s'agit d'un phénomène psychosomatique mais des études auraient récemment mis en lumière une augmentation des niveaux de prolactine (l’hormone de la lactation), de cortisol et d'œstrogènes ainsi qu'une légère baisse de testostérone chez les futurs pères. Ces changements apparaitraient le plus souvent à la fin du premier trimestre et pourraient continuer jusqu’à plusieurs semaines après l’accouchement****.
Accompagner activement
Trouver sa place pendant la grossesse n'est pas toujours facile. Pour l'homme, le rôle le plus évident est de protéger, rassurer. "La femme est enceinte, il faut qu'elle soit dans les meilleurs conditions possibles, il faut la protéger, la chouchouter", explique David*.
Assister aux échographies permet de partager des moments d'émotions importants. S'occuper des démarches administratives pour la maternité, la naissance et la crèche, préparer la chambre et les affaires du bébé, fabriquer les faire-part, donne à l'homme la possibilité de s'impliquer dans la naissance à venir.
Beaucoup de futurs pères trouvent dans des méthodes de préparation à l'accouchement une manière d'accompagner activement la future maman.
L'haptonomie permet, par le toucher, de faciliter la relaxation de la mère et d'entrer en relation avec le fœtus à travers la paroi abdominale (voir : Haptonomie : communiquer avec bébé pendant la grossesse).
Des massages doux et affleurant faciles à pratiquer, des points de digipuncture aisés à repérer soulagent les douleurs aussi bien pendant la grossesse que le jour de l'accouchement.
La pratique conjointe avec la mère de certaines techniques respiratoires ou positionnelles, du chant prénatal, du yoga, de la relaxation, de la visualisation ou de la pensée positive permettent d'aider la future maman à maîtriser son mental et libérer des endorphines.
L'accouchement
Pour ces hommes-là, c'est une évidence : ils ne peuvent pas ne pas assister à l'accouchement… Pour se sentir utile, pour continuer à aider leur compagne (si elle en ressent le besoin, ce qui n'est pas automatique), pour vivre en direct et ensemble ce moment unique et bouleversant.
"Cela a été un moment capital car là, à travers la naissance de mon enfant, ma femme est devenue la chair de ma chair, comme un membre de ma famille de sang. (…) C'était vraiment l'acte fondateur de la famille", raconte Frédéric*.
De nouvelles valeurs
Voilà donc les nouveaux pères qui se situent, sans forcément en avoir conscience, loin des anciens modèles de pères absents ou lointains.
"Les pères actuels sont les pères du changement, acteurs de couples qui concrétisent de nouvelle valeurs", affirme Christine Colonna-Césari*.
Sources :
*La grossesse du père, Christine Colonna-Césari, éditions Médicis
Psychologies.com : Accouchement : "Papa avec maman et moi"
**Doctissimo : Horloge biologique chez l'homme et la fertilité
***Journal des femmes : Couvade des pères : comment expliquer ce phénomène ?
****Jeunepapa.com : La couvade du père
En savoir +
Coutumes ancestrales
La couvade est censée responsabiliser le géniteur. Lise Bartoli, psychothérapeute, explique dans son ouvrage Venir au monde que certains aborigènes d'Australie restent couchés quand s'approche l'heure de la naissance.
Chez nous aussi, à l'époque médiévale, dans la région basque, les pères restaient couchés, se plaignaient d’avoir les douleurs liées à l’accouchement, recevaient les cadeaux et donnaient les premiers soins au nourrisson alors que leur femme déjà debout reprenait le cours normal de la vie !
Ces traditions montrent que l'homme a besoin d'une manière ou d'une autre de s'impliquer physiquement dans la grossesse de sa femme.