Il existe différents types de colère qui peuvent avoir des effets dévastateurs sur notre santé et nos relations avec les autres. Nous avons donc intérêt à apprendre à la gérer voire l’accepter…
Sommaire
- Tournées vers l’intérieur
- Déguisées
- Tournées vers l’extérieur
- Affirmatives
- Des signes corporels
- L’environnement culturel, social et familial
- Facteurs prédisposants
- Facteurs précipitants
- Facteurs perpétuants
- Gestion ou acceptation
Compte tenu des sérieux dégâts qu’elle peut faire, il est sage de tenter d’apprivoiser la colère.
“Puisqu’elle teinte notre relation avec nous-même et avec autrui, nous avons tout intérêt à nous en faire une alliée”*, explique Sylvie Rousseau, psychologue.
Tournées vers l’intérieur
Il y a différents types de colère.
Celles qui sont tournées vers l’intérieur peuvent être soit dirigées contre soi, par exemple sous forme de reproches à soi-même, soit réprimées, par exemple dans un déni inconscient.
À la clé : un danger d’explosion et de perte de contrôle, une augmentation du stress, un risque d’anxiété et de dépression, un détournement vers l’alcool, la drogue, des troubles de l’alimentation ou du sommeil. C’est aussi le royaume de la somatisation : baisse d’énergie, tensions musculaires, douleurs diverses, problèmes de digestion, de foie, de peau…
Déguisées
Il y a aussi les colères déguisées, celles qu’on habille de non-dits, qu’on exprime à demi-mots. C’est le cas des comportements passifs-agressifs où l’on exprime sa colère par des insinuations, des sous-entendus, des critiques habillées de sarcasmes. C’est aussi le cas des colères déplacées, où l’on prend pour cible une personne qui n’a rien à voir avec l’origine du problème.
Ces colères-là laissent aussi des traces. Elles fragilisent notamment les relations avec les autres.
Tournées vers l’extérieur
La colère dirigée vers l’extérieur se heurte assez rapidement à un retour relationnel négatif nuisible à une entente réciproque. Elle peut provoquer chez la personne qui la reçoit de l’agressivité, de la fermeture voire de la peur. Si l’on cherche à marquer sa désapprobation en étant compris ou encore à résoudre un problème, la plupart du temps c’est raté.
Et sur le plan personnel, ce type de colère, lorsqu’elle est retombée, peut susciter des regrets, de la honte et de la culpabilité, ainsi qu’une baisse d’estime de soi.
Affirmatives
La colère affirmative, en revanche, est celle qui permet de tracer ses limites, d’exprimer ses besoins et ses valeurs, de prévenir les débordements et les accumulations.
“Elle donne lieu à une mobilisation constructive en suscitant, par exemple, un élan pour lutter contre les injustices. Elle est également utile quand elle vous guide vers la résolution des problèmes”*, précise Sylvie Rousseau.
Des signes corporels
Qu’est-ce qui se produit dans le corps lorsqu’on se met en colère ? Accélération du rythme cardiaque, augmentation de la fréquence respiratoire et de la tension artérielle, sensation de poids sur la poitrine ou de lourdeur dans l'estomac, maux de tête… Certaines personnes froncent les sourcils, serrent les dents, deviennent tout rouge ou ont des plaques qui apparaissent sur la peau, tapent du pied, ferment les poings, tremblent des mains et des jambes.…
L’environnement culturel, social et familial
Notre relation avec la colère dépend largement de notre environnement culturel, social et familial. Les normes et les valeurs ainsi que les mythes et les croyances limitantes jouent un rôle déterminant dans le fait de tourner sa colère vers l’intérieur ou vers l’extérieur. Les stéréotypes de genre jouent également un rôle important, les femmes étant plus éduquées à tourner leur colère vers l’intérieur, les garçons vers l’extérieur.
“Il importe de développer, tant chez les filles que chez les garçons, des compétences émotionnelles, sans égard à leur sexe.”*
Facteurs prédisposants
Sylvie Rousseau distingue trois type de facteurs qui favorisent la colère. Ce sont les “3P”, pour les facteurs prédisposants, précipitants et perpétuants.
Les facteurs prédisposants réunissent les caractéristiques biologiques et psychologiques mais aussi les expériences marquantes de l’enfance et les transmissions familiales.
Facteurs précipitants
Les facteurs précipitants sont les déclenchements internes ou externes qui peuvent varier d’un individu à un autre : les petits riens contrariants, les situations où l’on n’a pas le contrôle, les évènements qui empêchent d’atteindre ses objectifs, les injustices qui heurtent ses valeurs fondamentales, les attaques personnelles, les divergences d’opinions, les limites, besoins ou droits non respectées par l’entourage…
“Ce n'est pas tant l’élément externe qui allume le feu mais la lecture que vous en faites”*, souligne Sylvie Rousseau.
Facteurs perpétuants
Une fois déclenchée, la colère est attisée par les facteurs perpétuants : une interaction entre les émotions, les pensées, les réponses psychologiques et les comportements. Ce sont les pensées automatiques, les ruminations, les dramatisations, les exigences démesurées…
Gestion ou acceptation
Pour faire de la colère une alliée, Sylvie Rousseau propose la voie de la gestion ou celle de l’acceptation (voir encadré).
Quel que soit le chemin choisi, l’important est de comprendre que la colère cherche à nous communiquer un message mais que, mal canalisée, elle risque d’entraîner des conséquences néfastes. Ce n’est pas la colère en elle-même qui pose problème mais la manière dont on l’exprime et les comportements qu’elle induit.
Il faut garder à l’esprit qu’il est toujours possible d’oser l’affirmation de soi : de faire part de ses préoccupations, de ses besoins, de son mécontentement de manière calme et ferme.
*Apprivoiser sa colère, Sylvie Rousseau, éditions Eyrolles
En savoir +
Comment apprivoiser sa colère
Quelques mythes à déboulonner
- La colère n'est pas bonne en soi. Il faut l’éviter. On n’a pas le droit d’être en colère.
- La colère mène immanquablement à la violence.
- Il est souhaitable de la ravaler pour ne pas faire d’histoires.
- “Je serai rejeté ou humilié si j'affiche ma colère.”
- Les autres en sont responsables : “regarde dans quel état tu me mets !”
- “Ça sort comme ça sort ! C'est en dehors de mon contrôle.”
- Les gens qui expriment leur colère avec fougue sont respectés.*
La voie de la gestion
Gérer sa colère implique d’avoir une bonne connaissance de soi, notamment pour en identifier les déclencheurs et pour en repérer les signes physiques.
Il existe ensuite différentes techniques comme celle qui consiste simplement à appuyer ses mains sur les cuisses, paumes ouvertes vers le haut. Ou encore de tremper ses mains et ses avant-bras dans l’eau froide. Les techniques de respiration, de relaxation et de méditation constituent également une aide précieuse tout comme l’expression artistique, l’écriture, les distractions, l’humour…
La voie de l’acceptation
Il est possible d’aborder la colère autrement, de l’accueillir avec bienveillance en ayant de l’empathie envers les autres qui en éprouvent également.
“À la manière d'une caméra, vous êtes à même d'observer votre colère sans prendre parti, sans jugement”, détaille Sylvie Rousseau, psychologue. “Votre capacité d'observation se muscle au quotidien en vous exerçant à être dans le moment présent.”*