Quels matériaux pour une construction durable ?

Quels matériaux pour une construction durable ?

Pierre, brique, bois, chanvre, pisé de terre crue… Les matériaux biosourcés sont parfaits pour la construction artisanale. On peut aussi se diriger vers la récupération et la valorisation de matières résiduelles. Mais le béton n'a pas dit son dernier mot et pourrait devenir écologique dans les prochaines années.

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Sommaire

- Biosourcés
- Valorisation de matières résiduelles
- Récupération : l'exemple des "Earthships"
- Image désastreuse du béton
- Vers un béton neutre en carbone
- Un enjeu d'innovation industrielle

La construction durable ou éco-construction consiste à construire ou rénover un bâtiment de la manière la moins polluante et la plus respectueuse possible de l'environnement. Le choix des matériaux y est donc déterminant.

Biosourcés
Écolos par nature, les matériaux biosourcés sont ceux dont la matière première est issue de la biomasse végétale, minérale voire animale : argile, bois, paille, chanvre, ouate de cellulose, laine, plume, lin ou… fibre de carotte !
Dans un cadre artisanal on peut utiliser la pierre, la brique, le pisé de terre crue, le bois-paille ou le béton de chanvre (voir : Le bois : matériau écologique pour la construction). Leurs promesses sont séduisantes et montrent qu'une nouvelle forme de construction, à faible empreinte environnementale, est possible.

Leur coût et leur difficulté de mise en œuvre limitent néanmoins leur développement, selon Florent Dubois, ingénieur des Arts et Métiers. Seuls le bois et le chanvre ont aujourd'hui des filières structurées permettant de répondre à des exigences de performance. Elles ne pourront pas répondre demain à toute la demande. Par exemple, dans les scénarios les plus ambitieux, la filière bois n'envisage que 20 à 30 % du marché*…

Valorisation de matières résiduelles
Arrivent actuellement sur le marché des matériaux issus du recyclage des résidus de construction, de rénovation ou de démolition. Par exemple, les fibres de bois recyclée peuvent servir de revêtements muraux, d'isolants à toiture, de panneaux et membranes insonorisant.

Récupération : l'exemple des "Earthships"
L'utilisation de matériaux de récupération est à l'origine d'expériences originales qui proposent des pistes de réflexions intéressantes pour l'habitat de demain. Témoin la "maison magique"** de Benjamin Adler et Pauline Massart, réalisée en Dordogne grâce à 850 pneus, 6 000 bouteilles en verre et 3 500 canettes, en plus du bois local. Elle a été construite par un chantier-école, sur le modèle des "Earthships", ces habitations semi-enfouies développées depuis 1972 par l’architecte états-unien Michael Reynolds.
Il s'agit d'une maison autonome, conçue pour permettre la récupération et l'usage de l'eau de pluie, pour produire de l'électricité (panneaux solaires) et de la nourriture (serre orientée plein sud). L'expérience toucherait néanmoins ses limites dans les climats froids.***

Image désastreuse du béton
Symbole de l'artificialisation des espaces, le béton a une image désastreuse. Néanmoins, pour Florent Dubois, il fait partie de la solution.
Il est vrai qu'aujourd'hui l'empreinte carbone du béton est loin d'être négligeable : avec 16 millions de tonnes de CO2 estimées, elle représente 2 % de l'empreinte carbone de la France et 0,5 % de la consommation d'eau. Environ 60 millions de m2 de béton sont consommées en France chaque année dont 2/3 consacrés à la construction et la rénovation des bâtiments.*

Vers un béton neutre en carbone
Il serait pourtant envisageable de diviser par 5 l'empreinte carbone du béton (voir encadré).
"Technologiquement, le défi est à portée de main. Cette performance est même aujourd'hui possible en rassemblant les dispositifs industriels les plus performants pour produire ce béton ultime, "neutre en carbone" si j'ose dire"*, affirme Florent Dubois.

Un enjeu d'innovation industrielle
L'habitat doit faire face aujourd'hui aux nouveaux défis posés par la crise sanitaire et par la transition énergétique. Il doit aussi s'articuler avec une politique cohérente en matière d'aménagement du territoire.
"Pour être véritablement considéré comme "bas carbone", le bois doit ainsi être produit et transformé sur le territoire, puis réutilisé en fin de vie. De même, le béton doit être produit à partir des ressources minérales, naturelles et recyclées, disponibles localement."*
La conclusion de Florent Dubois est claire : il s'agit d'un enjeu d'innovation industrielle qui doit être encouragé par toute la société.

 

Sources :
*Béton écologique et construction durable, Florent Dubois, éditions Eyrolles
**La maison magique, Benjamin Adler & Pauline Massart, éditions Massot
***Éco-habitation : Les earthships : la fausse bonne idée (2)

 En savoir +

Réduire l'empreinte carbone du béton

Pour fabriquer un litre de béton, il faut environ 1 kg de gravillons, 900 g de sable, 260 g de ciment, 180 ml d'eau, 1,4 g de superplastifiant.
"La fabrication du ciment, qui ne compte pourtant que pour 11 % dans le poids d'un béton de bâtiment, représente de façon inversement proportionnel 89 % de son empreinte carbone"*, explique Florent Dubois.

Il est donc possible de réduire drastiquement l'empreinte carbone en augmentant dans le mélange la part de granulats (gravillons et sable), en réduisant la part de liant (ciment et eau) et en décarbonant le ciment. L'un des composants principaux de ce dernier est le "clinker" (mélange d'argile et de calcaire cuit à haute température) dont la part pourrait être réduite et dont la production pourrait être faite à l'avenir à partir de combustibles alternatifs décarbonés.

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