Derrière la tendance du "moins mais mieux" se cache une révolution discrète : celle du rapport au vivant…
Pourrait-il être possible de se nourrir sans détruire, de consommer sans épuiser, de se satisfaire sans manquer ?
Jamais l’humanité n’a produit autant de nourriture et pourtant jamais elle n’a été aussi malade de ce qu’elle mange : obésité, diabète, carences, surconsommation carnée, gaspillage massif…
D’un côté, chaque année, un tiers de la production alimentaire mondiale finit à la poubelle. De l’autre, près d’un milliard de personnes souffrent encore de la faim. Il y a un déséquilibre économique mais aussi un déséquilibre de civilisation.
L’abondance est une illusion coûteuse : il faut 15 000 litres d’eau pour produire 1 kg de boeuf, il faut parcourir 6 000 km pour importer une mangue… La sobriété alimentaire est donc un acte de lucidité face à la démesure.
Manger mieux veut dire manger plus local, pas végétal, plus saisonnier… Et peut-être connaître le nom du producteur. Il y a dans cette approche une forme de gratitude envers le sol, la pluie, le travail. Et le choix de la qualité en privilégiant des formes de production plus respectueuses…
Manger moins consiste à manger juste assez, à cuisiner les restes, à conserver, à partager, à attendre la saison… La frugalité n’est pas un manque mais une présence : le goût retrouvé, le lien rétabli, la lenteur savourée dans une plénitude simple et joyeuse…
Cuisiner est un geste où nous avons un pouvoir direct sur le monde : nous votons quotidiennement pour un modèle de société dans le choix des produits achetés. La nourriture n’est pas un produit mais un lien social et écologique. Elle est aussi source de régénération du sol (agriculture vivante), des communautés (partage) et du corps (alimentation apaisée).
Manger moins mais mieux n’est donc pas une injonction morale mais une invitation à la cohérence. Il n’y a pas de notion de restriction ou de quête de pureté. Il y a au contraire une recherche d’équilibre.
Source : Kaizen, Stephane - 12/11/25
