Capable de provoquer des pathologies, le cerveau peut aussi se comporter en bon médecin. On peut l’y aider en apprenant à maîtriser certaines techniques comme la relaxation, la méditation, la cohérence cardiaque ou l’autohypnose…
Sommaire
- Effet nocebo
- Effet placebo
- Penser positif
- Le pouvoir de la spiritualité
- Amour et art
- Le cerveau pharmacien
- Des techniques à maîtriser
“Est-il possible de guérir par la seule force du cerveau ? Je ne vous ferai pas languir plus longtemps en répondant immédiatement par l’affirmative à cette question”*, affirme Stéphane Clerget, psychiatre. Notre cerveau aurait la capacité, selon lui, de soulager, de réparer, de soigner et de guérir notre corps voire de se guérir lui-même.
Effet nocebo
Premier constat et premier indice : sa faculté à engendrer différentes pathologies.
Le stress, notamment, est à l’origine de nombreux troubles : gastrite, ulcère, eczéma, allergies, troubles cardiaques, maladies auto-immunes…
Les biais cognitifs (fausses croyances sur notre état de santé) sont également susceptibles de provoquer des maladies. C’est ce qu’on appelle l’effet nocebo (du latin “je nuirai”) qui agit à l’inverse du placebo.
La solitude et les pensées noires ont aussi un effet négatif sur la santé : incidents cardiovasculaires, obésité, maladies neurodégénératives, troubles du sommeil, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, douleurs et troubles respiratoires chroniques, pathologies somatiques diverses…. Une étude états-unienne a montré un lien entre la solitude et un risque de maladie de Parkinson accru de 37 %.
Effet placebo
Capable de provoquer des troubles, le cerveau peut aussi se comporter en médecin efficace.
“L'effet placebo se manifeste par l'efficacité sur le corps d'un remède qui, en réalité, n'en est pas un”*, explique Stéphane Clerget qui raconte comment le médecin personnel de Napoléon 1er prescrivait aux dames de la cour souffrant de constipation un remède composé uniquement de mie de pain et obtenait néanmoins de très bons résultats.
Depuis les années 1950, on sait que l’effet placebo touche en moyenne un tiers des patients (35 %). Il varie d’une pathologie à l’autre : de 40 % pour les ulcères, 29 % pour les migraines, 19 % pour la maladie de Crohn à seulement 6 % pour l’asthme. En revanche il se révèle inefficace pour une septicémie ou une tumeur cancéreuse.
L’effet placebo démontre toutefois qu’il est possible de guérir le corps par la force de la pensée.
Penser positif
De la méthode Coué du début du 20e siècle (voir : Méthode Coué : l’autosuggestion consciente) à la récente psychologie positive (voir : Contre le stress, la psychologie positive), on constate à quel point il est possible d’améliorer le bien-être psychologique et la vitalité physique par l’optimisme et la culture des pensées positives.
L’effet est à la fois préventif et curatif : plus grande capacité de résilience, meilleur sommeil, meilleure protection contre les maladies cardiaques, réduction du risque d’AVC, plus grande longévité, renforcement de la fonction immunitaire, meilleure tolérance à la douleur, réduction des symptômes de dépression et d’anxiété.
Le pouvoir de la spiritualité
Stéphane Clerget évoque l’existence d’une aire de la spiritualité dans le cerveau, des lésions spécifiques de l'organe pouvant engendrer un sentiment de transcendance vis-à-vis du monde physique.
“Cette région en question se situe dans le cortex pariétal postérieur, situé sur le côté et à l'arrière du crâne. Elle est traditionnellement impliquée dans la conception du soi en tant qu'entité permanente avec des limites physiques et psychiques, ainsi que dans la représentation des différentes parties du corps.”*
Une étude de 2022 suggère que les personnes ayant un niveau élevé d'objectifs de vie ou de sens à leur existence bénéficient d’un risque réduit de décès de toutes natures.
De nombreux travaux montrent par ailleurs que le fait de s’ouvrir aux autres, d’exprimer sa reconnaissance, d’avoir la foi ou de participer à des rituels chamaniques présente des avantages notables pour la santé globale.
Amour et art
Le sentiment amoureux a également un impact positif sur le bien-être émotionnel : relaxation, sentiment de paix et de bonheur, équilibre du système nerveux, réduction des effets du stress, atténuation de la douleur, impact positif sur la santé cardiaque, plus grande longévité…
La fréquentation de l’art, que ce soit lors de l’acte de création ou lors de l’exposition à l’oeuvre artistique (voir : Arts-thérapies : questions fréquemment posées) exerce aussi une influence sur le corps : réduction de l’anxiété, atténuation de la douleur, baisse de la pression artérielle… Elle pourrait être une bonne alliée dans la voie de la guérison.
Le cerveau pharmacien
Alors comment ça marche ? L’une des explications réside dans le fait que notre cerveau est capable de fabriquer ou de faire fabriquer par divers organes des substances qui jouent le rôle de médicaments pour le corps : antidépresseurs (sérotonine ou noradrénaline), antidouleurs (endorphines), anti-inflammatoires (cortisol, cytokines anti-inflammatoires, facteur de croissance nerveuse, substance P), antibiotiques (peptides antimicrobiens, lysozyme, mucus, lymphocytes T et B), anticancéreux (lymphocytes B, lymphocytes T cytotoxiques, interférons, interleukines, facteur de nécrose tumorale)…
“Notre cerveau orchestre une symphonie complexe de réponses pour maintenir notre santé.”*
Des techniques à maîtriser
Il peut donc être un outil puissant pour la prévention, l’amélioration ou la guérison. On peut l’aider en maîtrisant certaines techniques : relaxation, cohérence cardiaque, méditation, rétroaction physiologique (biofeedback) mais aussi autoanalyse ou autohypnose.
Les connaissances actuelles sont déjà éloquentes et des nombreuses découvertes sont encore à venir.
*Le cerveau médecin, Ses extraordinaires pouvoirs de guérison, Dr Stéphane Clerget, éditions Leduc
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Guérisons miraculeuses
Elles sont reconnues à Lourdes depuis 1862 et soumises à l’attestation d’un bureau médical. Les cas sont rares. La maladie doit avoir été authentifiée et le diagnostic confirmé préalablement à la supposée guérison. Cette dernière doit être complète, immédiate, sans convalescence, définitive et sans rechute. Aucun traitement ne doit pouvoir être considéré comme la cause de la guérison ou y avoir contribué.
Exemples : en 1952, une femme déclarée guérie d'une décompensation cardiaque par maladie mitrale à la suite d'un rhumatisme articulaire aigu ; en 1987, un homme reconnu guéri d'une sclérose en plaques.
“Si les croyants peuvent parler d'intervention divine, les athées évoqueront plutôt le pouvoir du cerveau sur la santé”*, avance Stéphane Clerget.