Du sol à l’organisme humain : une seule santé

Du sol à l’organisme humain : une seule santé

La santé des sols, des animaux et des êtres humains est une seule et même chose. C’est maintenant établi scientifiquement, de manière solide, depuis plus de 30 ans. Les bonnes initiatives se multiplient mais les pratiques mettent du temps à se modifier…

Image

Sommaire

- Les maladies "de civilisation"
- Défenses immunitaires et inflammation
- Les oméga 3 : du sol à l’organisme humain
- L’importance des polyphénols
- Des essais cliniques éloquents
- De nombreuses initiatives

Au terme de sept études cliniques et de 500 publications scientifiques, Pierre Weill, ingénieur agronome, a fourni des preuves solides montrant que nos pathologies modernes (surpoids, carences, inflammations) trouvent leur origine dans nos champs abîmés et nos animaux mal nourris.
“Le sol est notre premier estomac” est une belle phrase de Pierre Rabhi. 
“La formule est aussi jolie que juste”, affirme Pierre Weill, ingénieur agronome et fondateur de l’association Bleu-Blanc-Coeur. Depuis les champignons microscopiques des sols agricoles jusqu'aux bactéries de notre intestin, un fil relie notre terre à nos corps. “Ce fil, c'est celui de la vie, de la santé des hommes.”*

Les maladies "de civilisation"
Obésité, diabète, maladies immunitaires, asthme, allergies, symptômes autistiques, maladies neurovégétatives… Tous ces fléaux sanitaires modernes qu’on appelle les maladies "de civilisation" sont largement prédisposés par les dysfonctionnements de notre microbiote intestinal (voir : L’intestin : un rôle stratégique dans notre santé et Surpoids et obésité : le rôle du microbiote intestinal), dus au fait, notamment, que nous mangeons trop de viande (3 à 5 fois plus que recommandé par l’OMS), trop de sucre, que nous ingérons les résidus de pesticides et d’engrais et que nous souffrons d’un déficit en acide gras oméga 3 et en polyphénols…

Défenses immunitaires et inflammation
Le principe de nos défenses immunitaires est simple : les membranes des cellules de notre corps sont constituées d’acide gras oméga 3 et oméga 6. Quand un corps étranger pathogène arrive à entrer dans la cellule, cette dernière déclenche le mécanisme de défense de base : l’inflammation. Et lorsque l’ennemi est vaincu, elle mobilise ses oméga 3 pour arrêter cette inflammation.

Les oméga 3 : du sol à l’organisme humain
Où l’organisme humain va-t-il trouver ces oméga 3 ? Leur synthèse se fait dans les feuilles des plantes, par l’apport du soleil et de la vie microbienne du sol. 
"Ensuite viennent la vache et la poule… qui mangent l'herbe et ses oméga 3 végétaux. Elle s'en serviront pour réguler leurs propres mécanismes de défense interne. Elles transforment aussi les oméga 3 végétaux en oméga 3 animaux (plus utile à l'homme) qu'elles mettent en réserve dans leur chair pour leurs défenses immunitaires et aussi dans le lait ou les œufs pour assurer la bonne santé du veau et du poussin."*
Voilà comment l’homme qui mange les produits laitiers et les oeufs, intègre les oméga 3 dans ses membranes cellulaires. 
Il peut aussi les trouver directement dans les végétaux mais en moindre quantité car sa capacité de synthèse s’est émoussée au fil de l’évolution.

L’importance des polyphénols
Le rôle des polyphénols est également essentiel quand il faut stopper l’inflammation : ils aident à capter et évacuer les molécules mobilisées pour éliminer l’agresseur qui sont souvent des radicaux libres oxydants. D’où l’intérêt d’une alimentation riche en polyphénols (voir : L’alimentation antioxydante).
"Si le trio soleil-sol-plante fonctionne bien, alors la santé végétale sera un allié efficace de la santé humaine."*

Des essais cliniques éloquents
Le premier essai clinique porté en 2000 par Pierre Weill est éloquent.
Deux groupes de 40 volontaires consomment de manière aléatoire des produits "essai" ou des produits "témoin". Les premiers sont issus d'animaux nourris avec du lin, du lupin, du pois ou de la féverole (tous riches en oméga 3). Les seconds sont issus d’animaux nourris de manière conventionnelle, au maïs et au blé (riches en oméga 6). 
Tous les 15 jours les participants subissent une analyse de sang.
Résultat : 40 % d’oméga 3 en plus dans le groupe "essai", avec moins d’acides gras saturés (faisant monter le cholestérol), moins d’acides gras oméga 6 et plus d’acides gras "ruméniques", aux effets positifs sur la santé.
Conclusion : le lien est avéré entre ce que mangent les plantes, les animaux et la santé de l’être humain.

D’autres essais cliniques et des centaines de publication suivront, mesurant les effets des produits "bleu-blanc-coeur" sur le diabète et sur les marqueurs des maladies "de civilisation". Avec toujours le même résultat : la consommation de produits riches en oméga 3 profite à la santé des animaux et des hommes. Chez les animaux, elle réduit même les émissions de méthane dont on connaît les conséquences délétères sur le changement climatique.

Selon l’une de ces études, on constate qu’un simple changement de nourriture chez les vaches entraîne chez l’homme une baisse de 9 % du risque cardiovasculaire !

De nombreuses initiatives
Les preuves scientifiques sont bien là. Pourtant le changement des pratiques se heurte à l’inertie des habitudes. Mais des initiatives se multiplient, chez les éleveurs et les maraîchers, dans les coopératives laitières, chez les grands chefs cuisiniers et les nutritionnistes. Des pratiques d’agriculture régénératrice se développent. Les consommateurs commencent à avoir les bons réflexes lorsqu’ils font leurs courses.
"Des associations sœurs naissent sur quatre continents et j'apprends à dire "bleu-blanc-cœur" en hongrois, en japonais, en malais, en arabe, en hébreu, en espagnol, en coréen, en japonais…"*, se réjouit Pierre Weill.
L’aventure ne fait que commencer…


*Une seule santé, Enquête sur les sols où nos maladies prennent racine, Pierre Weill, éditions Actes Sud

 En savoir +

Quelques messages simples

Pierre Weill, ingénieur agronome et fondateur de l’association Bleu-Blanc-Coeur, résume son message en quelques points clés dont voici les principaux…

- Nous ne sommes pas des consommateurs nous sommes des "mangeurs". Ce que nous mangeons nous constitue.

- Composer mes repas et choisir mes aliments, c'est le début de l’action.

- On ne peut pas être en bonne santé sur une planète malade. La santé des plantes, des animaux et de la planète constitue la mienne. Elle se constitue grâce aux nutriments de mon assiette issus de la diversité nourricière… Du sol au sang.

- Bien se nourrir, c'est renforcer sa résistance aux maladies et diminuer les traitements curatifs.

- Bien manger ne doit pas coûter beaucoup plus cher, ni être réservé aux élites.

- Aucun système n'est durable s'il dépend pour sa survie de molécules de synthèse.

- La densité nutritionnelle dans mon assiette éloigne les dérèglements métaboliques et les maladies chroniques. Elle éloigne aussi les dérèglements climatiques. 

Vie Saine et Zen