Le kanpo : la médecine japonaise

Le kanpo : la médecine japonaise

Issu de la médecine chinoise, le kanpo distingue une dizaine de concepts fondamentaux, compatibles avec la science moderne, qui permettent de repérer les déséquilibres majeurs de l’organisme. Pour y remédier : principalement l’hygiène de vie et les plantes médicinales.

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Sommaire

- Recherche de l’harmonie 
- Ki, ketsu et shineki : trois principes vitaux 
- Trois déséquilibres majeurs 
- Les quatre typologies corporelles les plus fréquentes 
- Plantes médicinales acclimatées en France 
- Une seule médecine

Dérivée de la médecine traditionnelle chinoise (voir : La médecine chinoise en France), la médecine kampo ou kanpo utilise aussi l’acupuncture, la moxibustion et surtout l’usage des plantes médicinales. Le mot signifie "à la façon chinoise" (littéralement : médecine selon la méthode "Han", peuple majoritaire en Chine). Le kanpo se développe au Japon entre le 7e et le 9e siècle. À partir du 16e siècle, il incorpore également les innovations apportées par l’Occident.
Les chercheurs japonais ne s’enferment pas dans des querelles d’écoles entre tradition et modernité, Orient et Occident. La médecine a, pour eux, un objectif unique : soigner un être humain.
"Ni passéiste ni trop avant-gardiste, la médecine doit donc être ancrée dans le présent", explique Nicolas Chauvat, auteur, spécialiste en immunologie et en biochimie. "Sans étiquette, elle observe et analyse la réalité telle qu'elle est, sans se laisser enfermer dans des dogmes.”* 

Recherche de l’harmonie
Nicolas Chauvat passe en revue dix concepts fondamentaux qui permettent de repérer les déséquilibres majeurs de l’organisme humain et d’y remédier, notamment en réorientant son mode de vie. Il s’agit, selon lui, d’une vision poétique du corps humain, parfaitement compatible avec les derrières avancées de la science occidentale et qui apporte une image positive bénéfique pour le bien-être psychologique du patient et du soignant.
“Dans nos sociétés, la santé est perçue comme un combat, alors qu'au Japon elle est présentée comme une recherche de l’harmonie.”*

Ki, ketsu et shineki : trois principes vitaux
Le kanpo distingue trois grand principes vitaux : 
- le ki (Qi en chinois) : l’énergie vitale qui correspondrait en médecine occidentale à l’ATP (adénosine-triphosphate), une molécule spécialisée dans le transport et le stockage de l’énergie ;
- le ketsu : le liquide qui alimente le ki et qui correspond au sang, transporte les nutriments et les déchets, régule la température corporelle, soutient la fonction immunitaire, régule les émotions ;
- le shineki : le régulateur de l’hydratation qui correspond au liquide interstitiel et à la lymphe et qui a une action de lubrification, d’élimination des déchets et de nutrition.

Trois déséquilibres majeurs
Trois déséquilibres majeurs peuvent affecter ces principes vitaux : 
- l’excès (jisshô) : par exemple, un excès de ki peut entraîner une agitation ou une surstimulation des fonctions corporelles, un excès de ketsu une congestion ou une inflammation ;
- le déficit (kyôshô) : une carence en ki peut se manifester par de la fatigue, une carence en ketsu par une anémie ou des faiblesses immunitaires, une carence en shineki par une mauvaise gestion des fluides corporels ;
- la stagnation (tai) : une stagnation peut bloquer la circulation du ki, du ketsu ou du shineki et entraîner des déséquilibres complexes, comme un excès dans certaines zones du corps et une carence dans d’autres, avec à la clé des symptômes variés selon les zones affectées.

Les quatre typologies corporelles les plus fréquentes
Pour faciliter le diagnostic, le kanpo distingue un certain nombre de typologies corporelles, les “taishitsu”. Elles permettent de mieux comprendre les tendances et les caractéristiques propres à chacun. Il en existe beaucoup mais Nicolas Chauvat décrit les quatre plus fréquentes…

- Kikyo : une manque de ki qui se traduit par une sensation de froideur généralisée dans le corps, une maigreur persistante, fatigue, faiblesse.
- Kekkyo : un manque de ketsu qui se manifeste souvent par une sensation de froideur localisée notamment dans les extrémités comme les mains et les pieds, pâleur du teint, faiblesse.
- Kitai : une stagnation du ki qui peut provoquer une sensation de chaleur concentrée dans certaines zones, en particulier au niveau du visage avec des rougeurs, troubles digestifs, flatulences, hypertension artérielle.
- Suidai : excès de shineki qui se manifeste par des œdèmes ou des gonflements signalant un déséquilibre dans la répartition des liquides corporels.

Plantes médicinales acclimatées en France
Pour rétablir l’équilibre, le kanpo accorde une place importante à l’usage des plantes médicinales. Les chercheurs japonais continuent d’étudier en laboratoire les vertus des différentes espèces végétales de leur pays. Certaines d’entre elles ont voyagé jusqu’en France à partir du 17e siècle et l’on peut facilement se les procurer si l’on veut bénéficier de leurs bienfaits (se méfier néanmoins de leurs possibles effets secondaires).

À titre d’exemple, le gingembre coquille (Alpinia zerumbet) a des propriétés intéressantes comme hypotenseur, antioxydant, anti-inflammatoire, antimicrobien, antiviral (voir encadré)…
La grande bardane (Arctium Lappa Linn) est un anti-inflammatoire et un prébiotique qui protège le foie.
La renouée du Japon (Fallopia japonica) est un anticancérigène, un anti-inflammatoire et un antioxydant.*

Une seule médecine
La distinction entre médecine traditionnelle et moderne n’a aucun sens, selon Nicolas Chauvat. Et le fonctionnement du corps humain est beaucoup trop complexe pour se faire approprier par une école ou une autre.
"La vraie médecine n'a pas de camp et je suis heureux de vivre au Japon, où un certain nombre de médecins et de pharmaciens testent rigoureusement les plantes des anciennes pharmacopées et où de nombreux pratiquants de médecines traditionnelles se forment aux sciences dites "modernes" pour soumettre leurs savoirs à l’épreuve de l’expérimentation.”*
Le kanpo, un bel exemple de médecine intégrative (voir : La médecine intégrative et la société du bien-être)…


Sources :
*S’initier à la médecine japonaise, 10 enseignements pour repérer rapidement les déséquilibres et y remédier en appliquant la médecine kanpo, Nicolas Chauvat, éditions Jouvence
Wikipédia : Médecine Kampo

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La “fleur de paradis” ou “gettô”

Le gingembre coquille ou gettô (Alpinia zerumbet) est la plante la plus emblématique de l’archipel d’Okinawa, au Japon. En japonais “gettô” signifie “lune pêche”. On l’appelle aussi “fleur de paradis”.
De la même famille que le curcuma ou le gingembre, la plante ne pousse que dans la régions tropicales : Okinawa, Taïwan, le sud de l’Inde, les Antilles…
Elle contient trente fois plus de polyphénols que le vin rouge et elle est souvent présentée comme responsable de l’exceptionnelle longévité des habitants d’Okinawa.

Pour une infusion, il suffit de mettre une cuillère à café de gettô dans une théière, d’ajouter 25 cl d’eau bouillante, de laisser infuser 5 minutes puis de filtrer avant de boire.
En cuisine, on peut parfumer les plats avec des feuilles de gettô, à la manière des feuilles de laurier. 
Les même feuilles séchées peuvent aussi être utilisées pour donner une touche d’exotisme aux cocktails.

Le gettô a de nombreuses vertus médicinales et, parmi elles, celle de réduire l’apparition de taches brunes sur la peau (mais elle ne peut rien contre les taches brunes existantes).
On peut par exemple prendre un bain chaud dans lequel on a versé une décoction de gettô (40 g dans 2 litres d’eau bouillante, laisser bouillir pendant 5 minutes puis couper le feu et laisser infuser encore 5 minutes). Nicolas Chauvat, auteur, spécialiste en immunologie et en biochimie, conseille de ne pas s’exposer à la lumière ce jour-là et de réserver ce type de bain pour le soir.*

Vie Saine et Zen