Il y a de nombreux avantages à pailler son jardin notamment celui d’éviter de se fatiguer… Méconnue en France, Ruth Stout a été l’une des pionnières de cette méthode aux États-Unis dans les années 1960.
Sommaire
- Protéger le sol
- La méthode des "paresseux"
- Des cultures sans poisons
- Oignons et pommes de terre
- Bestioles indésirables
- Rotation des cultures : souvent inutiles
- Plus bio que bio
- Faites un jardin !
La technique du paillage (en anglais on dit “mulch”) est de plus en plus répandue pour toutes les plantations, que ce soit dans les jardins, sur les terrasses ou les balcons. Il consiste à recouvrir le sol autour des plantations avec différents matériaux (paille, tonte de pelouse, écorces d’arbres, copeaux de bois, tourteaux de coton ou de soja, brisures d’ardoise…).
Protéger le sol
Les bénéfices en sont nombreux : cela permet de stopper la levée des adventices (anciennement nommées “mauvaises herbes”), de protéger le sol de la sécheresse, des intempéries, de l’érosion et d’en augmenter la fertilité (voir : Le potager à l’heure du réchauffement climatique)…
C’est l’une des techniques principales employées en permaculture (voir : Je fais mon potager en permaculture).
C’est aussi une technique qui permet de limiter les efforts du jardinier (voir : Jardiner sans se faire de mal et Jardiner le week-end).
La méthode des "paresseux"
Ruth Stout (1884-1980) a été l’une des premières, dans les années 1960, à populariser une méthode de jardinage fondée sur le “mulch” : “sans bêcher, sans biner, sans sarcler, sans désherber, sans arroser, sans traiter, sans fumier ni compost ni engrais chimique…”*. Ce type de jardinage (voir encadré) est donc accessible aux personnes âgées, malades ou surmenées au travail.
Didier Helmstetter, ingénieur agronome, auteur du "Potager du Paresseux" et utilisateur de la méthode Stout sans le savoir pendant des années, se demande comment, en France, nous avons pu passer si longtemps à côté.
"J’ai très vite trouvé dommage que cette longue expérience et toutes ces connaissances pratiques soient restées largement inconnues en France. Dommage est un mot faible : j'ai d'abord trouvé ça profondément injuste. Révoltant même."*
Des cultures sans poisons
Ruth Stout ne prétend à aucune expertise scientifique et ne fait que partager modestement les enseignements de plusieurs dizaines d’années de jardinage dans sa propriété du Connecticut.
Pour elle, une question reste sans réponse : "pourquoi les gens mangent-ils des tomates et des fraises achetées chez leur épicier en plein hiver ?"*
Et elle n’a pas de mots assez durs contre les irresponsables qui pulvérisent les insecticides (des "poisons") sur les fruits et légumes que nous mangeons. Elle parle de “bouffonneries”, de “meurtres sans discrimination” d’autant plus stupides que ceux qui s’y livrent y laissent leur santé !
Oignons et pommes de terre
Ruth Stout ose tout et se livre à de nombreuses expérimentations en dehors des usages habituels. Elle préconise par exemple de semer les pommes de terre et les oignons de la façon la plus simple qui soit : les éparpiller sur une couche de mulch et en remettre une couche par dessus.
"Il reste toujours des scories dans nos têtes, on a du mal à se débarrasser de ses œillères"*, approuve Didier Helmstetter.
Bestioles indésirables
Contre les bestioles indésirables, l’imagination et la créativité sont de mise.
Pour éviter que la faune locale ne dévore les tomates, elle conseille de tuteurer les plants et, tous les deux ou trois jours, d’envelopper les tomates de papier journal, au moment où elles changent de couleur.
Pour se débarrasser de la piéride du chou, un papillon dont la chenille se nourrit des feuilles de choux, Ruth Stout a expérimenté une méthode simple : saupoudrer un peu de sel sur les feuilles avec une simple salière. Il semblerait que la méthode fonctionne également pour les navets et les radis.
Didier Helmstetter, lui, conseille d’être prudent avec le sel et préfère favoriser les frelons (européens) et les guêpes qui ramassent les chenilles pour nourrir leurs larves.
Rotation des cultures : souvent inutiles
Ruth Stout a pris la bonne habitude de toujours questionner les idées reçues. Elle considère par exemple que la rotation des cultures est parfaitement inutile avec le paillage, le sol étant constamment renouvelé par la décomposition du mulch.
Aujourd’hui, avec un peu de recul, Didier Helmstetter considère qu’il ne faut pas se priver de la possibilité de se défaire des parasites spécifiques à une famille botanique de légumes en déplaçant leur culture. "Sans être à cheval sur la question."*
Plus bio que bio
Dès 1961, Ruth Stout a compris que le compostage en tas n’était plus d’actualité "alors qu’il suffit de faire le compost à sa vraie place, directement sur les plante-bandes de son jardin"*. Oui, il s’agit de jeter ses déchets organiques en surface !
Didier Helmstetter applaudit des deux mains cette vision avant-gardiste. Nous sommes ici dans une approche un peu différente de celle du bio labellisé AB qui autorise les engrais et pesticides naturels ainsi que le travail du sol.
"Ce qui est décrit est plus proche de ce que j’appelle le plus bio que bio"*, précise-t-il.
Faites un jardin !
Le jardinage procure, selon Ruth Stout, un sentiment d’accomplissement. Elle fait sien ce proverbe chinois : "si vous voulez être heureux toute votre vie, faites un jardin !".
*Jardiner sans se fatiguer, Ruth Stout, préface de Didier Helmstetter, éditions Tana
En savoir +
Le “système Stout”
“Sur la plupart des sols non cultivés, une vingtaine de centimètres de foin épandus à l'automne suffiront pour semer toute variété de légumes de votre choix l'année suivante, sans aucun travail du sol. (…) Si une épaisse couche de foin est épandue sur un sol, même le plus dur et en plein été, on pourra réaliser des semis à travers le foin au printemps suivant. Aucune autre préparation du sol n'est requise.”*
Avec cette méthode, le bêchage, le labour et le travail du sol en général ne sont plus nécessaires : “ils font plus de mal que de bien”*.