Interagir avec la nature par l’odorat, l’ouïe, la vue, le toucher, c’est bon pour la santé : cette évidence intuitive commence à être prouvée par des études scientifiques.
Sommaire
- Innovations de la recherche scientifique
- Guérir plus vite
- Baisse du stress
- Corrélations entre environnement et santé
- Vue : l’impact des couleurs
- Odeurs : renforcer le système immunitaire
- Son : meilleures performances cognitives
- Toucher : apaisement
- Microbiotes environnementaux
- Interagir au quotidien
Cela semble intuitif, comme une évidence : interagir avec les plantes est favorable à la santé et au bien-être (voir : Les bienfaits de la reconnexion à la nature). De nombreux écrivains et philosophes ont plaidé pour cela, des stoïciens grecs aux poètes romantiques en passant par les bouddhistes et les architectes des cathédrales gothiques. Depuis quelques dizaines d’années, la science aussi s’est penchée sur cette question. Y’aurait-il donc un lien entre la perception des plantes et la santé ?
Innovations de la recherche scientifique
L’hypothèse n’a pas recueilli au départ un écho favorable unanime dans la communauté scientifique.
“Mais actuellement, les sceptiques se calment peu à peu”, affirme Kathy Willis, professeure de biodiversité à l’université d’Oxford. “C'est largement dû aux dernières innovations de la recherche scientifique qui commencent à fournir tout un corpus de preuves incontestables, de quoi établir un lien direct entre des résultats positifs en matière de santé et l'interaction de nos différents sens avec les plantes.”*
Guérir plus vite
Une des premières études dans ce domaine a été publiée dans la revue Science en 1984. Elle révèle que, parmi des patients venant d’être opérés de la vésicule biliaire, ceux qui voyaient des arbres par la fenêtre de leur chambre d'hôpital guérissaient plus vite que ceux dont les fenêtres donnaient sur des murs en briques.
Baisse du stress
Au début des années 1990, des chercheurs japonais ont mis en lumière les effets bénéfiques de la sylvothérapie (voir : La sylvothérapie ou les bienfaits de bains de forêt). Un quart d’heure de promenade en forêt, comparé à un quart de heure de promenade en milieu urbain faisait baisser de 16 % le taux de cortisol (hormone du stress) relevé dans la salive des participants, entraînait un ralentissement significatif du pouls et une baisse de la tension artérielle.*
Corrélations entre environnement et santé
Plus récemment, de vastes banques de données de prélèvements biologiques (sang, ADN et autres) ont été croisées avec des données environnementales obtenues par capteurs sur satellite. Résultats : des corrélations étonnantes entre l’environnement et la santé humaine.
“Plus les gens vivent dans un environnement écologique, moins on trouve de diagnostics et de traitements concernant d'importants problèmes de santé mentale”*, constate Kathy Willis.
Vue : l’impact des couleurs
Des études sur les couleurs montrent que la vue de certaines couleurs comme le vert et le bleu peut avoir un impact sur certaines zones du cerveau.
"La vue du vert et du bleu semble déclencher automatiquement une activité neuronale dans les zones de notre cerveau associées à l'amélioration des processus cognitifs et attentionnels."*
D’une manière générale, voir certaines couleurs et certaines formes naturelles réduisent la tension artérielle, l'adrénaline (hormone du stress) et la variabilité du rythme cardiaque.*
Odeurs : renforcer le système immunitaire
Différentes études montrent que l’odeur des conifères rend plus calme et plus détendu. Elle peut même améliorer le système immunitaire, en augmentant notamment le nombre de lymphocytes (cellules tueuses NK) dans l’organisme. D’autres études commencent à émerger concernant les effets positifs des odeurs d’agrumes, de rose (voir encadré) ou de plantes aromatiques (lavandin, romarin et menthe).
"Sentir l’odeur de plantes adéquates peut non seulement diminuer l'anxiété et le niveau de stress, mais également agir sur les réactions inflammatoires et renforcer notre système immunitaire…", affirme Kathy Willis. "Je pense, quant à moi, que les preuves sont largement suffisantes pour, dès à présent, inclure certains parfums dans notre vie quotidienne afin de profiter pleinement de la protection que nous offre la nature."*
Son : meilleures performances cognitives
Chants d’oiseau, bruits de ruisseau ou de vagues, vent dans les arbres… Plusieurs études montrent que les sons de la nature font baisser le stress et ont un impact favorable sur les performances cognitives. Il a été établi, notamment, que le fait d’entendre le chant des oiseaux diminue les douleurs postopératoires.*
Toucher : apaisement
Le toucher est, semble-t-il, le domaine où il y a encore le plus à faire en matière de recherche. On a constaté que le fait de toucher du bois provoque un apaisement sur le plan physiologique et psychologique. Mais il faudrait pousser plus loin les études notamment pour arriver à démêler les sens de la vue et du toucher.
Microbiotes environnementaux
Par ailleurs, on constate que l'interaction avec les microbiotes issus de la nature améliore notre propre diversité microbienne, notamment au niveau cutané et intestinal.
"Ces modifications peuvent alors entraîner la production de métabolites secondaires et d'autres composés dotés de l'énorme potentiel d'influencer positivement une pléthore de réactions auto-immunes et anti-inflammatoires."*
Interagir au quotidien
En 2021 une synthèse d'études a montré que l'exposition aux espaces verts améliore globalement de 147 % la santé et les résultats cognitifs des enfants.*
Ces différents éléments permettent de conclure sur l’importance d’interagir avec la nature dans ses activités quotidiennes, par exemple en jardinant régulièrement et en faisant ses trajets à pieds à travers des zones de nature où il y a un maximum de biodiversité…
S’il faut établir un ordre de priorité, Kathy Willis classe en premier l’odorat puis l’ouïe et la vue. Elle est persuadée qu’on pourra demain se faire prescrire la nature comme un médicament par les médecins. Certes il manque encore un certain nombre de connaissances mais on est en chemin.
*Naturel, Pourquoi voir, sentir, toucher et écouter les plantes nous fait du bien, Kathy Willis, éditions du Seuil
En savoir +
Le parfum des roses au volant
Une étude britannique s’est penché sur les effets de certaines odeurs sur la conduite automobile. Les chercheurs ont testé le parfum des roses, celui de la menthe poivrée, du musc et, en contrôle, de l’air frais.
Les comportements au volant des participants étaient testés dans un environnement de conduite simulée face à une série d’évènements perturbateurs : piéton irresponsable, voiture zigzagante, cyclistes et voitures venant couper la route…
Résultats : l’odeur des roses et de la menthe poivrée avaient une influence positive sur le comportement au volant avec un avantage pour celle des roses : vitesse moindre, pas d’accident, sensation de plus grande détente…
La conduite avec l’odeur de menthe poivrée était plus calme et plus vigilante qu’avec le groupe contrôle mais avec la même vitesse et le même nombre d’accidents simulés que celui-ci.
L’odeur de musc entraînait en revanche une vitesse plus grande, davantage de collisions et de sorties de route.*