Dans toutes les circonstances de la vie, on peut se faire du bien en se créant des rituels. Objectif : célébrer des moments de passage ou l’instant présent et leur donner une plus grande dimension.
Sommaire
- Une mise en scène
- Du religieux au laïc
- Tout est dans l’intention
- Accompagner la mort
- Veiller sur sa santé
- Accueillir l’amour
- Réenchanter le quotidien
Les rituels existent partout dans le monde, depuis la nuit des temps. Même notre société matérialiste regorge de rituels : du sapin de Noël aux bougies d’anniversaire, de la première boisson du matin au “tchin” des apéros…
Le théâtre est un nid de rituels : sonnette pour amener le public dans la salle, les trois coups avant le lever de rideau, le salut final des actrices et des acteurs…
Le sport en est également un repaire et n’arrête pas d’en créer de nouveaux, témoin les JO de Paris 2024 : la traditionnelle transmission de la flamme olympique, la remise des médailles, le tour d’honneur des gagnants mais aussi la reprise du rituel théâtral des trois coups avant le début de chaque compétition et la sonnerie de la cloche de la victoire pour l’athlétisme au stade de France…
Une mise en scène
Dans tous les cas, il s’agit d’une mise en scène destinée à célébrer le lien, la vie, une victoire, un début ou une fin, à créer la légende, à donner accès à quelque chose de plus grand. Ce quelque chose qui nous échappe (ou pas) et qui donne au moment vécu un caractère poétique.
Du religieux au laïc
“L'avènement des religions monothéistes a dépossédé les populations de l'initiative de leurs propres rituels”*, affirme Arnaud Riou, auteur et formateur en spiritualité, rituels et sagesses ancestrales. En Occident, à partir du 3e siècle environ, les mariages, les enterrements, les confessions, les célébrations, les bénédictions, l'ordonnancement du calendrier ont été progressivement confiés aux religieux.
Aujourd’hui, dans un pays laïc comme le nôtre, on fait la chasse aux signes religieux dans l’espace public. Et de plus en plus nombreux sont celles et ceux qui ressentent la nécessité, notamment pour renforcer le collectif, de recréer leurs propres rituels. Ces derniers peuvent être païens et inventés de toutes pièces ou se référer à des cultures plus lointaines. Par exemple, Arnaud Riou va chercher chez les chamans amérindiens ou mongols un lien avec la nature et le sacré (voir encadré).
Tout est dans l’intention
Selon lui, tout est dans l’intention du rituel qu’on veut mettre en place.
“On peut allumer une bougie. L'image peut être plaisante. Mais on ne sait rien de l'intention de celui qui allume cette bougie.”*
Recherche d’une atmosphère feutrée, prière à un saint ou à un dieu, hommage aux esprits des ancêtres, aux victimes d’une guerre ou d’un attentat ?
“C’est l'intention de celui qui allume la bougie qui fait la puissance du rituel.”*
Sans intention, on sera plus dans l’habitude ou la routine que dans le rituel.
Accompagner la mort
Le rituel accompagne les vivants dans la célébration des proches disparus. Certains se tournent vers la tradition et les coutumes de la famille. D’autres créent eux-même le programme de la cérémonie pour que celle-ci ressemble le plus possible aux valeurs du défunt : choix de la musique, discours retraçant la vie du disparu et, en cas de crémation, dispersion des cendres dans un lieu ayant du sens pour lui ou placement de l’urne dans un caveau familial (voir : Mourir écolo).
On peut aussi choisir de son vivant le déroulement futur de sa cérémonie post-mortem, ce qui facilite la tache de la famille et épargne bien des doutes, des conflits et des tracas.
Veiller sur sa santé
On connaît l’influence du psychisme sur le corps (voir : Le pouvoir de guérison du cerveau et La force des émotions). Les rituels peuvent aider à conserver l’équilibre de l’organisme et à travailler à le rétablir lorsqu’il se dérègle.
Dans le domaine de la prévention, les rituels ont toute leur place : pour équilibrer un lieu de vie, harmoniser son alimentation ou choisir une nourriture psychique bénéfique. Arnaud Riou conseille par exemple de dynamiser l’eau qu’on boit, d’introduire dans son alimentation de l’ail, de l’ortie et du miel, de soigner avec de l’argile les blessures cutanées, les douleurs musculaires, les inflammations, les entorses, les coups, les bosses.
Un processus de guérison peut être également soutenu par des rituels qui aident à se relier au sens de la maladie et à son message.
Accueillir l’amour
De nombreux rituels environnent la relation amoureuse, le plus formel et le plus connu étant bien-sûr la cérémonie du mariage avec l’échange des alliances, le “oui” prononcé à haute voix pour sceller l’engagement de “prendre soin de l’autre pour le meilleur et pour le pire” et la pluie de riz jetée sur les mariés.
Pour célébrer un couple, Arnaud Riou imagine un rituel avec du sable : les deux partenaires prennent un petit sac de sable, méditent chacun de leur côté en posant leurs mains sur le sable, de façon à charger le minéral de leurs vibrations et de leur énergie ; puis ils mélangent les deux tas de sable et dispersent l’ensemble sur une plage.
Afin de mieux s’écouter au sein du couple, il propose de reprendre le rituel du bâton de parole issu la tradition chamanique : la règle est qu’on ne coupe jamais la parole de celui ou celle qui tient le bâton et qui peut ainsi exprimer la vérité de son coeur, à la première personne du singulier (“je” et non “tu”), dans un espace où tout peut être dit et où l’autre s’engage à un accueil inconditionnel. (Voir : Relations amoureuses et communication non violente et L’amour sans masque)
Réenchanter le quotidien
De nombreux rituels peuvent ainsi être imaginés pour toutes les circonstances de la vie afin d’honorer la nature et les cycles, de pacifier ses relations, de se relier à sa lignée, d’accompagner la croissance de ses enfants, de rayonner la confiance en soi…
“Chaque rituel est une expérience nouvelle qui vous permet de réenchanter votre quotidien”*, conclut Arnaud Riou.
*La puissance des rituels, Intégrez la sacré dans votre quotidien, Arnaud Riou, éditions Animae
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Le sacré : plus forcément dans le champ religieux
Au-delà de l’opposition profane/sacré qui délimitait autrefois l’espace du religieux, on a plutôt tendance aujourd’hui à définir le sacré au sens large pour qualifier des valeurs collectives jugées essentielles. Parfois de façon banale (exemple : “le respect de la propriété est une chose sacrée”), parfois de façon solennelle (comme dans la Marseillaise où l’on évoque “l’amour sacré” de la Patrie).
D’une manière générale, le sacré est considéré dans le champ symbolique comme l’expression du lien entre l’individu et le groupe dans le respect d'une tradition mythologique, religieuse ou idéologique (non religieuse).