Être acteur de la séparation, protéger l'estime de soi, prendre conscience de ses besoins… Il est possible de se séparer sans se déchirer et de rester en bons termes avec son ex. Quelques clés…
Sommaire
- Rester en bons termes
- Protéger l'estime de soi
- Pas besoin d'explications
- Être acteur de la séparation
- La personne qui provoque
- La personne qui subit
- Donner du temps au temps
Nous serions entrés dans l'ère de la séparation… Contrairement à ce qui se passait autrefois, il est de plus en plus rare de garder toute sa vie la même compagne ou compagnon ainsi que le même travail (on parlait à l'époque de "situation").
"La plupart des personnes ne se séparaient jamais de leurs parents, de leur conjoint, de leurs amis, de leurs voisins ou de leurs compagnons de travail", explique Emeric Lebreton, docteur en psychologie. "L'époque moderne a changé cette réalité."* D'une part parce que la société exige de chacun mobilité et adaptabilité. D'autre part parce que l'individu souhaite devenir plus libre et indépendant.
Rester en bons termes
Que ce soit dans le domaine personnel ou professionnel, il est donc devenu important d'apprendre à réussir ses séparations.
Il en existe beaucoup qui donnent lieu à des conflits ouverts ou larvés.
"Les partenaires se déchirent, s'invectivent, se font des coups bas. Ils ont des difficultés à communiquer. Si on leur demande ce qu'ils pensent de leur ancien partenaire, ils le critiquent durement. Ces personnes considèrent que tous les torts sont chez l'autre."*
Alors qu'est-ce qu'une séparation réussie ? C'est quand les personnes séparées restent en bons termes, continuent de communiquer et gardent une bonne image l'une de l'autre.
"Si on leur demande ce qu'elles pensent de leur ancien partenaire, elles sont capables de donner une opinion relativement équilibrée, soulignant ses qualités et ses défauts. Elles sont conscientes que la séparation vient aussi d'elle"*, précise Emeric Lebreton.
Protéger l'estime de soi
Pour réussir une séparation, la première des choses à prendre en compte est de protéger l'estime de soi. La pire erreur est de chercher à dénoncer les défauts de son ou de sa partenaire. Si une relation n'a pas fonctionné, ce n'est la faute ni de l'un ni de l'autre. Il est inutile de rentrer dans une spirale de jugements qui ne peut conduire qu'à blesser.
"Cela n'a pas fonctionné juste parce que vous étiez trop différents et que vous n'aviez pas les moyens de le savoir au début de votre relation. Vous vous êtes trompés !"*
Pas besoin d'explications
Il est inutile, par conséquent, de donner ou de demander des explications. Les raisons pour lesquelles une personne choisit de se séparer lui appartiennent et ne peuvent probablement que blesser l'autre si elles lui sont révélées. Il est donc inutile de les expliciter. Quant à la personne qui subit la séparation, elle doit l'accepter immédiatement et prendre acte de la décision de l'autre.
"Certains diront qu'il faut se battre. Pourquoi se battre ? Se bat-on contre la rivière qui déborde ou contre le soleil qui assèche les sols ? Non, on s'adapte."* C'est ainsi, en s'adaptant, une fois passé le choc de l'annonce, qu'on reprend le pouvoir sur sa vie.
Être acteur de la séparation
Provoquée ou subie, les partenaires doivent en effet être acteurs de la séparation. Cela signifie que chacun participe, d'une manière ou d'une autre à la décision de se séparer.
Que ce soit dans une relation personnelle ou professionnelle, il y a deux personnes. Et ces deux personnes sont coresponsables de la séparation. Il est inutile et dommageable d'enfermer l'un ou l'autre dans le rôle de la victime ou du persécuteur. Le fait d'être acteur de la séparation favorise le processus de deuil.
En aucun cas il ne faut nourrir de faux espoirs sur le fait de revenir en arrière.
La personne qui provoque
La personne qui est à l'initiative de la séparation doit préciser clairement que la décision de rompre est de sa propre responsabilité, non de celle de l'autre. Elle doit accepter que l'autre traverse une période de colère et/ou de déni, ne pas répondre aux éventuelles attaques ou provocations. Il est important qu'elle lui donne du temps et fasse en sorte de lui laisser prendre un certain nombre de décisions, notamment concernant les détails pratiques.
La personne qui subit
La personne qui subit la séparation doit l'accepter immédiatement et totalement : "l'autre personne est libre de choisir de se séparer. Lutter ne servira à rien."* Au moment de l'annonce, elle peut tout dire, poser toutes les questions, exprimer toutes les émotions et sentiments qui viennent, dès lors qu'elle respecte l'autre.
Elle doit tenter, éventuellement accompagnée par un professionnel, de comprendre les besoins auxquels répondait son ou sa partenaire et trouver d'autres manières de répondre à ces besoins (voir encadré). Elle peut le faire soit en établissant des relations avec d'autres personnes soit en trouvant la ressource en elle-même, par plus d'autonomie.
Donner du temps au temps
Il est important de donner du temps à la personne qui subit la séparation, à la fois pour des raisons psychologiques et matérielles.
"Si la séparation est trop brutale, alors on va laisser son partenaire dans l'impossibilité de satisfaire ses besoins, car il n'aura pas eu le temps de trouver une alternative."*
Emeric Lebreton propose enfin de faire preuve de sagesse dans ces périodes douloureuses : laisser faire sans rien faire, comme le roseau qui ploie sous le vent ; observer ce qui se passe en soi et le corriger ; faire preuve de patience et laisser les choses s'apaiser avec le temps.
*Et puis m**** c'est fini !, Emeric Lebreton, éditions Orientaction
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Les facteurs structurels de la relation
L'hypothèse sur laquelle se base l'analyse d'Emeric Lebreton, docteur en psychologie, est que les relations amoureuses sont fondées sur la réponse réciproque à un certain nombre de besoins : affection, écoute, soutien financier, sexe, le fait d'avoir et d'éduquer des enfants, prestige social… Contrairement à ce que l'on croit habituellement, les sentiments ne se forment, selon lui, qu'à la suite des besoins.
"Les sentiments tels que l'amitié ou l'amour ne sont en rien des causes, ils sont la conséquence de la satisfaction de nos besoins sous-jacents."*
Au moment de la séparation, les sentiments en masquent les causes réelles qui ne sont autres que la modification des besoins du partenaire qui la provoque.
De multiples évènements peuvent provoquer des changements dans la hiérarchie de nos besoins : l'entrée dans la vie active, le mariage, la naissance d'un enfant, la maladie, l'accident, la promotion ou la reconversion professionnelle, la perception d'un héritage…*