Douleurs diverses, saignements, syndrome du ventre vide, baby-blues… La période qui suit l’accouchement (ou post-partum) peut être éprouvante et elle est souvent mal connue. Il ne faut pas hésiter à prendre soin de soi en oubliant le regard des autres et de la société.
Sommaire
- Les lochies et les tranchées
- Douleurs et troubles divers
- Rééducation périnéale
- Rééducation abdominale
- Reprise de l’activité physique
- Le syndrome du ventre vide
- Baby-blues
- Soigner son alimentation
- Se détourner des injonctions sociétales
Tous les corps sont différents. Les transformations qu’ils subissent pendant la grossesse, l’accouchement et le post-partum sont conséquents.
"Tous ces changements peuvent être aussi difficiles que beaux", affirme Sophie Baconin, journaliste et créatrice du média Le Quatrième trimestre. "Toutefois, s’il y a bien une chose que nous avons, je crois, toutes en commun, c'est que la maternité est une période particulière de nos vies qui nous sollicite physiquement et psychologiquement de manière intense."*
La première des choses est de mieux connaître ce qui se passe dans le corps de la mère juste après l’accouchement (cette période qu’on appelle aussi "post-partum"), afin de prévoir si besoin l’équipement et les soins nécessaires.
Les lochies et les tranchées
Il est prudent d’avoir de grandes protections hygiéniques ou des couches pour adulte pour les saignements post-accouchement ou "lochies". Ces lochies servent à expulser les différents résidus de la grossesse et permettent un retour progressif de l’utérus à sa taille d’origine.
Elles ne sont pas douloureuses mais les contractions utérines qui les accompagnent, elles, peuvent l’être. Ce sont les "tranchées" qui servent notamment à refermer les vaisseaux sanguins qui étaient reliés au placenta. Sophie Baconin conseille, pour soulager ces douleurs, d’utiliser une bouillotte placée sur le bas-ventre.
La durée de ces pertes de sang peut aller de deux à six semaines, et leur diminution est progressive.**
Douleurs et troubles divers
Pendant les semaines qui suivent l’accouchement, d’autres phénomènes physiques peuvent survenir : troubles urinaires ou intestinaux (constipation), hémorroïdes, insomnies… Certaines femmes peuvent ressentir des douleurs au niveau de l’utérus, du périnée, des lésions périnéales en cas de déchirure ou épisiotomie, des cicatrices internes et externes en cas de césariennes, du bassin, des seins au moment de la montée de lait… Il ne faut pas hésiter à consulter sa sage-femme, son gynécologue ou son médecin traitant.
Sophie Baconin conseille d’apprivoiser la cicatrice de césarienne pour pouvoir ensuite la masser.
"Le lait maternel et l’argile verte ont des vertus cicatrisantes."*
Elle recommande de tapoter délicatement les points d’épisiotomie après la douche et de suivre l’évolution de la cicatrisation à l’aide d’un petit miroir.
Rééducation périnéale
Les séances de rééducation périnéale permettent de retrouver un bon tonus des muscles au niveau du périnée. Elles sont nécessaires chez la plupart des femmes afin d’éviter les fuites urinaires, les risques de descente d’organes ou d’incontinence. Elles sont aussi utiles en cas d’altération des sensations pendant les rapports sexuels. En France, elles sont gratuites.**
Rééducation abdominale
La rééducation abdominale, elle, a pour but de tonifier à nouveau les muscles abdominaux détendus et fatigués après la grossesse et l’accouchement. Une dizaine de séances sont généralement prescrites afin d’éviter l’apparition de douleurs au niveau du dos, notamment des lombaires.
Reprise de l’activité physique
On peut reprendre une activité physique en douceur, en restant à l’écoute de sa fatigue et des signaux de son corps. Il vaut mieux attendre néanmoins le feu vert de la visite postnatale des six semaines après l’accouchement, afin de ne pas endommager son périnée.
On choisira la natation, le Pilates ou le yoga plus que la course, la boxe ou les arts martiaux. Il n’est pas inutile de se faire encadrer par un professionnel.*
Le syndrome du ventre vide
C’est sans doute la première chose qui peut être ressentie par la femme après l’accouchement : le bébé n’est plus dans son ventre mais dans ses bras. Il y a naturellement un sentiment de vide qui peut être accentué par le fait que l’attention des proches se tourne en priorité vers le bébé.
"Il arrive ainsi que la nostalgie de la grossesse se fasse ressentir très rapidement. Cela porte même un nom : le syndrome du ventre vide. Il peut durer quelques heures, quelques jours ou quelques semaines."*
Baby-blues
S’ouvre ensuite la période où les hormones de grossesse sont éliminées brutalement. Cela peut provoquer un véritable tsunami émotionnel couramment désigné sous le terme "baby-blues", souvent difficile à exprimer dans un contexte où le bonheur semble obligatoire. Au-delà de 15 jours après l’accouchement on parle même de dépression post-partum.
Il ne faut pas hésiter à en parler autour de soi ou dans des groupes de paroles, s’adresser à des associations comme Maman Blues ou Super Mamans, consulter si besoin un psy, un sophrologue ou un naturopathe.
Soigner son alimentation
Sophie Baconin conseille pendant cette période de soigner particulièrement son alimentation.
"Le post-partum n'est pas le moment de faire un régime hypocalorique ni de supprimer des nutriments essentiels. Bien au contraire, c'est le moment de reprendre des forces."*
Il s’agit d’une période de récupération, il faut donc satisfaire l’augmentation des besoins énergétiques et nutritionnels, notamment en calcium si la femme a choisi d’allaiter. Comme la digestion peut être plus difficile, il vaut mieux éviter les crudités, les fruits crus, les boissons glacées, surtout en fin de repas.*
Se détourner des injonctions sociétales
Le post-partum s’inscrit également dans une société où se multiplient les injonctions au corps parfait, particulièrement en direction des femmes. Il faut résolument se détourner de cette pression et prendre soin de son corps tel qu’il est, lui qui vient de réaliser quelque chose d’incroyable : mettre au monde un bébé.
"Notre corps nous appartient. À nous et à personne d'autre. Il n'appartient pas au corps médical, ni au regard des autres, ni à notre partenaire. Ne l'oubliez jamais"*, s’insurge Sophie Baconin.
Sources :
*Bien dans mon corps après bébé, Mini-guide féministe pour prendre soin de soi, Sophie Baconin, éditions Jouvence
**Passeport Santé :
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Allaiter ou pas ?
C’est un choix personnel qui devrait être toujours soutenu par l’entourage, selon Sophie Baconin, journaliste et créatrice du média Le Quatrième trimestre.
En théorie, toutes les femmes peuvent allaiter, sauf en cas de malformation au niveau de la glande mammaire. Mais il faut être à l’aise avec sa décision. Ne pas se forcer à allaiter parce qu’on a entendu dire que c'est mieux pour le bébé. Se souvenir aussi que le co-parent peut s’investir autrement qu’en donnant le biberon : en donnant le bain, en changeant les couches… L’allaitement n'est pas toujours un long fleuve tranquille mais il n’est pas censé être douloureux. Si c'est le cas, il faut penser à se faire accompagner afin d'obtenir toutes les réponses à ses questions.*