Comment l’agriculture industrielle bouleverse le cycle de l’azote et compromet l’habitabilité de la terre

Comment l’agriculture industrielle bouleverse le cycle de l’azote et compromet l’habitabilité de la terre

Six des neuf limites planétaires sont désormais dépassées, au-delà desquelles l’habitabilité de la planète est en question.

L’une d’entre elles est relative à l’azote. Et son dépassement est dû, en grande partie, à l’industrialisation de la production agricole.
Le procédé Haber-Bosch mis au point à la veille de la Première Guerre Mondiale permet, sous haute pression et à haute température, de forcer la réaction de l’azote de l’air avec l’hydrogène (alors issu du charbon, et aujourd’hui du gaz naturel) pour produire de l’ammoniac (NH3) puis de l’acide nitrique. Au cours du siècle passé, il s’est généralisé dans l’agriculture avec à la clé de fortes pertes environnementales par lessivage et volatilisation.
Résultats : contamination des eaux souterraines au-delà des limites de potabilité (marées vertes, efflorescences toxiques et anoxie des fonds) et émissions atmosphériques d’ammoniac (formation d’aérosols avec de graves effets sur la santé humaine).

Pour respecter les limites planétaires, ces pertes environnementales devraient être réduites de moitié. Et cette désintensification nécessaire de l’agriculture devra être accompagnée, pour parvenir à nourrir l’humanité, par trois changements structurels majeurs.

1) Généraliser les systèmes de cultures qui ont fait leurs preuves dans l’agriculture biologique (rotations longues et diversifiées alternant céréales et légumineuses).
2) Reconnecter l’élevage et les cultures, avec des animaux nourris sur les seules ressources fourragères locales (herbe, légumineuses fourragères, grains) et dont les excréments peuvent être recyclés sur place.
3) Réduire substantiellement la part de produits animaux dans le régime alimentaire humain. À 30 % contre 65 %, en France, actuellement, le régime alimentaire serait plus équitable et plus sain (réduction des risques de maladies cardio-vasculaires et de certains cancers). 
"Nourrir la population mondiale future tout en respectant l’habitabilité du monde ne pourra se faire que grâce à des changements structurels majeurs du système agro-alimentaire mondial alliant sobriété, reconnexion et agro-écologie."

 

Source : The Conversation, Gilles Billen - 07/12/23

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