Le potager à l'heure du réchauffement climatique

Le potager à l'heure du réchauffement climatique

Nourrir la terre, être économe en eau, pailler, choisir astucieusement ses cultures et se faire aider par des champignons mycorhiziens… De nombreuses techniques existent dès aujourd'hui pour adapter son potager au réchauffement climatique.

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Sommaire

- Nourrir la terre
- Ne pas perdre une goutte d'eau
- Éviter ruissellement et évaporation
- Des astuces pour l'arrosage
- Ne jamais laisser de terre nue
- Champignons mycorhiziens : une technique naturelle
- Choisir astucieusement ses cultures
- S'adapter

On constate de plus en plus souvent les dégâts de la sècheresse dans les jardins. Quelle tristesse de ne plus avoir à récolter quoi que ce soit ! Et si l'on ne prend pas les mesures nécessaires, cela risque de se reproduire de plus en plus souvent.
"Il n’y a pas une seule solution, bien sûr, ce serait trop facile. Il faut mettre en place simultanément plusieurs actions dont certaines sont plus importantes mais l’ensemble doit améliorer les
choses"*, affirme Maxime Morvan, ingénieur agronome.
(Voir : Je fais mon jardin potager en permaculture)

Nourrir la terre
Pendant des années, on a cherché à traiter les plantes en oubliant le sol. Cette conception est aujourd'hui dépassée : il faut d’abord chercher à nourrir la terre. L’objectif est d'y apporter un maximum de matières organiques, d'y développer la biodiversité (vers de terre, larves d'insectes, millepattes, acariens, bactéries, champignons…). Prendre soin du sol veut dire le travailler le moins possible et laisser les êtres vivants faire le boulot ! (Voir : Enrichir le sol de son jardin)

Enfin il faut tenter d'amener le ph (qui mesure l'acidité de la terre) le plus proche possible de la neutralité, par exemple avec un amendement calcaire. C'est dans ces conditions que la terre sera en mesure de nourrir les plantes.
"Un ph acide, par des mécanismes complexes, freine l’infiltration de l’eau dans le sol et diminue l’activité biologique du sol"*, précise Maxime Morvan. 

Ne pas perdre une goutte d'eau
L’eau est de plus en plus rare. Il ne faut pas en perdre une goutte.
"Il faut savoir que l’eau contenue dans le sol n’est qu’une très petite partie de l’eau de l’univers (moins de 0,1 % de l’eau douce totale). Ceci dit la quantité n’est pas tout, cette petite fraction de l’eau douce est capitale car c’est elle qui fait vivre les plantes."*

Éviter ruissellement et évaporation
Voilà pourquoi il faut utiliser toutes les techniques permettant d'éviter le ruissellement : pailler, cultiver des engrais verts, agencer ses cultures perpendiculaires à la pente, construire des baissières (des creux surmontés d'une butte plantée).
Pour éviter l'évaporation, le paillage est, là encore, la meilleure solution ainsi que le binage.
Une disposition astucieuse des cultures permet à certaines d'entre elles de servir de brise-vent ou de producteurs d'ombres.
Le choix des végétaux a également son importance : il faut privilégier ceux qui ont un système racinaire très développé.

Des astuces pour l'arrosage
"N’arrosez pas souvent, les racines iront chercher en profondeur l’eau et la nourriture dont elles ont besoin"*, conseille Maxime Morvan.
On peut penser à recycler au potager l'eau qu'on utilise en cuisine pour laver les légumes et la salade. Mais le plus important est de mettre en place un système pour collecter et stocker les eaux de pluie qui ruissellent sur les toits.

Ne jamais laisser de terre nue
Pailler systématiquement, pailler généreusement.
"Le paillage est la solution principale à privilégier."*
(Voir encadré)

Choisir astucieusement ses cultures
Il est conseillé de cultiver des plantes peu gourmandes en eau, comme la sauge, la lavande, l'ail, l'échalote et l'oignon, les légumes racines, l'artichaut, la lentille ou le petit pois.
Les pommes de terre, les petits pois, les tomates ou les épinards de printemps ont l'avantage de se développer en hiver et au printemps, période où il y a moins de risque que l'eau manque dans le sol.

Choisir les espèces et variétés adaptées au climat (souvent les variétés anciennes) permet également de mieux s'adapter à la sècheresse. On peut aussi s'inspirer des cultures qui existent dans les régions déjà touchées par de fréquentes périodes de sècheresse.

Champignons mycorhiziens : une technique naturelle
Ils sont encore méconnus mais il est probable qu'ils seront incontournables demain : les mycorhizes sont des champignons qui apportent des éléments nutritifs à la plante (phosphore, azote, potasse et oligoéléments) et, en cas de déficit hydrique, lui procurent l'eau qu'ils sont capables d'aller puiser dans des endroits inaccessibles pour elle. En effet, sous 1 m2 de terre agricole, on trouve 10 m2 de surface racinaire et 100 m2 de surface de champignon.
En contrepartie, les racines des plantes apportent aux mycorhizes les sucres simples dont ils ont besoin comme carburant énergétique.
On les trouve dans le commerce sous forme de poudre, de granules, de liquides utilisables en goutte à goutte, de graines enrobées ou de terreau enrichi…

Selon Maxime Morvan, les légumineuses semblent profiter au maximum de cette symbiose : "les champignons amènent le phosphore, les nodosités des légumineuses, grosses consommatrices de phosphore, travaillent mieux et produisent plus d’azote, la plante se développe mieux et améliore la photosynthèse qui permet d’apporter plus de carbone aux champignons"*. En revanche, les cultures d'épinards, de choux et de betteraves ne sont pas favorables aux mycorhizes.

S'adapter
Le réchauffement climatique est déjà là, il faut s'y adapter. Certaines solutions émergeront prochainement demain mais beaucoup existent et peuvent être mises en œuvre dès aujourd'hui. Il ne faut pas hésiter.


*Réchauffement climatique et potager, Livre Blanc, Maxime Morvan avec l'aide de Jenny et Oliver Gloster pour B-actif

 En savoir +

Pailler son jardin

Pourquoi pailler ?
- Pour garder la terre humide en été : moins d'arrosage.
- Pour freiner l'évaporation, conserver la terre humide.
- Pour garder la chaleur l'hiver et la fraîcheur en été.
- Pour réduire les taches de désherbage.
- Pour nourrir le sol, y apporter de la matière organique et ainsi éviter l'apport d'engrais chimiques.
- Pour renforcer la vie du sol…

Privilégier les paillages organiques
Paillages, paillis, mulch, tous ces mots sont synonymes.
On en trouve des sophistiqués dans les jardineries mais le mieux est de privilégier les paillages organiques, le plus souvent gratuits, dont la liste est longue : paille de blé, de sarrasin, d'avoine, de lin ou de coco, coques de cacao, chanvre, BRF (bois raméal fragmenté), foin, compost, "mauvaises" herbes, déchets de tonte, fanes de légumineuses, marc de café, feuilles mortes, feuilles de consoude, d'ortie, carton (en très petites quantités)…
Le paillage se fait sur le sol (il ne faut pas pas l'incorporer dedans).

Deux périodes à privilégier
- Le paillage d’automne (avant les premières gelées) est idéal pour protéger les cultures du froid. C’est aussi la meilleure période pour apporter au sol qui a bien produit auparavant, la nourriture dont il a besoin.
- Le paillage de printemps a comme objectif principal de limiter l’évaporation de l’eau. Il faut pailler quand la terre est un peu réchauffée, au début du printemps (ne pas pailler un sol gelé car il mettra plus de temps à se réchauffer).

Vie Saine et Zen