Mal de dos, maux de tête, problèmes de déséquilibre, fatigue générale ? C'est peut être l'équilibre de la posture globale du corps qui est en cause… D'où l'intérêt de consulter un posturologue qui, après diagnostic, pourra renvoyer vers l'ostéopathe, l'orthophoniste, l'orthoptiste, le dentiste, le podologue ou autre…
Sommaire
- Des symptômes divers
- Quels patients ?
- Plateforme stabilométrique
- Un travail d'équipe
- Tout n'est pas postural
- Trouver un posturologue
Le mot n'est pas encore dans le dictionnaire. Pourtant la posturologie a été officialisée en France en l'an 2000 avec la création d'un DIU (Diplôme Inter Universitaire) de posturologie clinique. De quoi s'agit-il ?
"C'est l'étude de l'ensemble des capacités du corps qui nous permettent de nous tenir debout au quotidien et de nous orienter dans l'espace en équilibre", explique Nicolas Meyer*, médecin ostéopathe et posturologue. "La posturologie n'est pas une médecine d'organe mais une médecine de système."
Des symptômes divers
Le fait de maintenir une position dans l'espace fait intervenir différents récepteurs sensoriels : les yeux, la surface du pied au contact du sol, le vestibule de l'oreille pour l'équilibre de l'oreille interne, le contact dentaire pour l'occlusion… Ces récepteurs permettent à l'ensemble du système neurologique qui leur est lié d'intégrer les bonnes informations au niveau du cerveau et des différentes structures neurologiques.
"Quand le système est déséquilibré, on peut voir apparaître différents symptômes : douleurs musculaires, mal de dos, tensions au niveau de la nuque, maux de tête ou autres. On peut avoir également des fatigues importantes car la personne doit compenser pour réguler sa posture." Comme ces symptômes sont divers, il n'est pas toujours évident de penser à les associer à une problématique de posture.
Quels patients ?
Du bébé aux personnes âgées, tout le monde peut avoir besoin d'un traitement postural.
Un bébé, par exemple, peut avoir après la naissance une problématique d'asymétrie, de tension au niveau du tronc.
Un enfant peut dévier d'un côté quand il se penche en avant ou peut avoir une anomalie de tension musculaire. "C'est intéressant de travailler chez les enfants car ils corrigent souvent très rapidement leur équilibre postural. Ils ont un potentiel de récupération extraordinaire", affirme Nicolas Meyer.
Les personnes âgées peuvent souffrir d'une altération des organes sensoriels de l'équilibre, de la vue, de l'ouïe, de la proprioception (perception du corps dans l'espace). "Pour éviter les chutes il est important de faire un bilan postural suffisamment tôt, qui permettra d’envisager une rééducation adaptée."
Beaucoup d'adultes consultent en posturologie parce qu'ils ont tout essayé. "On voit arriver les gens au bout d'un périple assez long. Ils ont généralement consultés de nombreux spécialistes, ils ont fait des scanners, des examens assez compliqués et on leur a dit : "vous n'avez rien". C'est comme si on leur disait : "c'est dans la tête"."
Il y a également les personnes qui ont des problèmes récidivants après plusieurs passages chez l'ostéopathe, ce qui témoigne souvent d’une cause posturale sous-jacente.
Plateforme stabilométrique
Au début d'une séance, Nicolas Meyer indique qu’il commence par effectuer un examen clinique, morphologique. Il vérifie les courbures au niveau de la colonne vertébrale, les éventuels décalages au niveau des épaules ou autres.
Puis il place son patient debout sur une plateforme stabilométrique, capable de capter les points d'appuis de la plante des pieds.
"On va vérifier si les appuis sont symétriques au niveau latéral, au niveau avant/arrière de chaque pied, et étudier le point de projection du centre de masse du corps." On peut ainsi faire une étude des appuis et de l'équilibre de la personne.
Un travail d'équipe
En fonction notamment de cet examen, le posturologue établit un diagnostic et peut, si besoin, adresser le patient au partenaire adapté. Il ne peut en effet pas travailler seul. Ostéopathe, orthoptiste, podologue, kinésithérapeute, orthophoniste, dentiste voire psy ou hypnothérapeute peuvent être mis à contribution selon les besoins. Dans certains cas, l'homéopathe aussi. "On peut donner un traitement homéopathique adjuvant qui peut contribuer à passer un cap."
Comme Nicolas Meyer est médecin et ostéopathe, il poursuit la séance en effectuant un rééquilibrage ostéopathique. Puis il examine de nouveau la personne sur la plateforme stabilométrique pour voir si la manipulation a opéré un changement.
Avec la posturologie, on est en présence d'un bel exemple de médecine globale et intégrative. "On arrête de couper les gens en tranches --pour tenter d'étudier véritablement ce qui se passe au niveau du fonctionnement global du corps."
Tout n'est pas postural
Les indications de la posturologie sont très larges. Mais il ne faut pas penser que tout est postural. "Il faut d'abord faire un bilan médical sérieux et complet qui permette d'éliminer les autres problématiques. Ensuite il faut penser à la posturologie de manière à pouvoir proposer au patient des solutions qui le soulagent et surtout éviter de laisser les choses traîner des mois voire des années."
Trouver un posturologue
Pour trouver un bon posturologue pas trop loin de chez soi, on peut contacter l'association SOFPEL (Société Francophone Posture Équilibre Locomotion). Il faut vérifier qu'il ait un DIU de posturologie clinique et qu'il soit médecin. "C'est le critère pour avoir quelqu'un qui pourra faire une étude posturale complète, le médecin reste le chef d'orchestre."
*Auteur de Le Grand Livre de la posturologie, éditions Eyrolles
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Conseils de prévention
Au quotidien il faut être attentif à ses positions et à ses mouvements. "Il faut une ergonomie de travail ou une ergonomie de gestes qui soit adaptée. Souvent les écrans d'ordinateurs ne sont pas à la bonne hauteur, parfois tournés sur le côté, avec des claviers trop hauts. Quand on y passe plusieurs heures, ça peut poser problème."
Nicolas Meyer conseille de pratiquer des activités d'extérieur qui permettent de faire travailler le regard dans toutes les directions. Ils préconise également les sports qui font travailler les réseaux croisés du cerveau, le côté droit et le côté gauche différemment, comme l'escalade ou le tir à l'arc. Le piano et les activités musicales en général peuvent également présenter un intérêt.
"Quand on fait de la course à pied, il faut mieux éviter de courir sur un sol plat en goudron et préférer les chemins où l'on va avoir à chaque fois des appuis différents, où le corps va donc travailler pour retrouver l'équilibre à chaque pas de façon adaptée."