Les PFAS, "polluants éternels" : quels enjeux et nécessités réglementaires ?

Les PFAS, "polluants éternels" : quels enjeux et nécessités réglementaires ?

Ils sont très préoccupants, du fait de leurs effets sur la santé et de la pollution diffuse de l’environnement dont ils sont responsables.

Ce sont les composés perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (PFAS), ils ont fait la une de l’actualité ces derniers mois, rebaptisés "polluants éternels" par les médias.
Les PFAS sont des produits chimiques synthétiques dotés d’une grande stabilité due à la solidité des liaisons carbone-fluor, ainsi que d’une bonne résistance à la chaleur. Ils ont par ailleurs des propriétés anti-adhésives et imperméabilisantes. 

On les retrouve dans la composition de très nombreux produits : lubrifiants, peintures, vêtements, mousses anti-incendie, fils dentaires, ustensiles de cuisine, emballages alimentaires, prothèses médicales, batteries électriques, membranes destinées à la production d’hydrogène…

Un nombre croissant de preuves s’accumule pointant les liens entre exposition aux PFAS et problèmes de santé : cancers (testicule, rein), affections du foie, troubles du cholestérol, maladies thyroïdiennes, plus faible poids à la naissance, hypertension gestationnelle (induite par la grossesse), perturbation de la réponse immunitaire. 

On suspecte également une association avec le cancer du sein, l’asthme, l’augmentation du risque infectieux et des ulcères, le diabète, les naissances prématurées, l’endométriose et la puberté précoce. Mais d’autres études scientifiques sont encore nécessaires pour arriver à un consensus.

Problème : il existe plus de 10 000 molécules différentes et, pour l’instant, les études épidémiologiques ne couvrent que quelques substances historiques (PFOS, PFOA, PFDA, PFNA, PFHxS)… Concernant les milliers d’autres PFAS actuellement utilisés, l’absence d’effets prouvés n’indique pas qu’ils soient peu préoccupants, mais seulement que l’on ne détient pas suffisamment de données pour statuer sur leurs effets sanitaires et environnementaux.

Il existe des populations plus vulnérables (notamment les personnes en période de bouleversement hormonal : de la période fœtale aux 3 ans de l’enfant, adolescents, femmes enceintes, post-partum ou en ménopause…), ainsi que des populations plus exposées ("travailleurs des PFAS" tels que pompiers et ouvriers, riverains des sites de production, transformation et traitement). La loi doit tenir compte de la situation particulière de ces "populations sentinelles".

En raison des différents états des PFAS (monomériques, polymériques, dissous, gazeux, particulaires…), il est important de prendre en compte leur cycle de vie complet et d’intégrer dans la réglementation l’évaluation de l’ensemble de la chaîne de fabrication, d’usage et d’élimination des produits qui les contiennent. La protection doit s’exercer en réduisant la contamination et en préservant notamment les ressources en eau.

Pour parvenir à relever le défi posé par les PFAS, il est primordial de raisonner en termes d’usages et de faire le tri entre ceux qui sont essentiels (par exemple dans le domaine médical ou de la transition énergétique) et sont qui ceux non essentiels. 
En plus de l’interdiction des PFAS dans certains produits d’ici 2026, une proposition de loi récemment étudiée à l’Assemblée Nationale et au Sénat prévoit notamment la surveillance des PFAS dans l’eau potable, une meilleure information du public et une redevance pollueur-payeur.
Le 10 avril dernier, aux États-Unis, l’administration Biden a établi les premières normes nationales réglementaires pour cinq PFAS dans l’eau potable, fixant des seuils inférieurs à quelques nanogrammes par litre.

Les enjeux liés aux PFAS constituent une question de société majeure, qui concerne l’ensemble des citoyens et qui mérite qu’on soit très vigilant vis-à-vis des nombreuses tentatives de manipulation de l’information, voire de désinformation.

 

Source : The Conversation, Jérôme Santolini, Pierre Labadie, Vincent Fauvelle - 07/06/24

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