Profession : dénicheur de bon poisson durable

Profession : dénicheur de bon poisson durable

On le sait, manger du poisson est synonyme de bonne santé. Mais quel poisson choisir ? Sauvage ou d'élevage ? Et de quelle origine ? Pour proposer une offre cohérente, Thomas Canetti a lancé en 2011 une marque uniquement consacrée à des poissons d'élevage bio et des produits de la mer certifiés.

Image

Sommaire

- Comment avez-vous été amené à ce métier ?
- Votre offre consiste en quoi ?
- Qu'entendez-vous par "poisson durable" ?
- Vos poissons viennent d'où ?
- Les autres espèces sont importées ?
- Un minimum de contaminants ?
- Une équipe de combien de personnes ?
- Où distribuez-vous vos produits ?
- Avez-vous beaucoup de concurrents ?
- Des conseils à un jeune qui veut démarrer dans ce secteur ?

En plus des indispensables oméga-3 (voir : Les oméga-3, une panacée ?), les poissons et les fruits de mer sont riches en minéraux et en oligo-éléments. Mais choisir son poisson est devenu pour le consommateur un véritable parcours du combattant (voir : Vous rependrez bien du poisson ?). Voilà pourquoi Thierry Canetti a choisi de proposer une solution simple avec une marque Food4Good dont le 4 est l'emblème de quatre engagements : des ressources marines durables, le plaisir du bon poisson, la qualité du produit en terme de santé et l'empreinte écologique réduite du packaging.

Comment avez-vous été amené à ce métier ?
Thomas Canetti : J'ai fait une grande école d'ingénieur, l'école Centrale, j'ai passé un an en Californie, j'ai travaillé en Angleterre dans les trains, à la Générale des Eaux, chez L'Oréal… J'ai travaillé dans le marketing, la logistique, un peu dans le commercial et dans le conseil. Mais depuis toujours je suis amoureux des animaux. Donc à 32-33 ans, j'ai trouvé que c'était le bon moment pour aller vers ce que j'aimais et donner du sens à mon activité professionnelle. Je suis donc tombé… dans le poisson ! En 2009, j'ai racheté une société spécialisée dans les produits de la mer et le 1er mars 2011 j'ai lancé la marque Food4Good.

Votre offre consiste en quoi ?
TC : Food4Good propose du poisson durable surgelé, une gamme de produits de la mer éco-certifiés vendus exclusivement en magasins bio.

Qu'entendez-vous par "poisson durable"
TC : Nous nous approvisionnons là où il y a des produits qui ont une certification reconnue et indépendante. Pour le sauvage c'est la certification de pêche durable MSC, le label international le plus crédible qui a trois principes : l'état des stocks, le respect des écosystèmes, la bonne gestion de la pêcherie. Pour l'élevage, c'est le label bio qui est le plus exigeant. À l'heure actuelle nous avons 4 produits en MSC et 5 en bio.

Vos poissons viennent d'où ?
TC : Si nous trouvons en local, pêchés en France, des poissons certifiés, nous sommes ravis. Par exemple nous travaillons avec la première pêcherie française qui a été certifiée MSC en 2010. Elle pêche du colin-lieu (lieu noir) en mer du Nord et débarque à Boulogne-sur-Mer. Notre bar et notre dorade, des produits d'élevage bio, viennent d'une petite ferme artisanale dans le sud de la France qui respecte les cycles naturels des espèces, ce qui donne des poissons très proches des poissons sauvages. Mais si on devait manger uniquement ce qui est pêché en France, il faudrait diviser par 10 notre consommation.

Les autres espèces sont importées ?
TC : Notre cabillaud vient de Norvège parce que c'est là que les stocks sont abondants et qu'il y a une certification MSC. Notre saumon sauvage vient d'Alaska parce que l'Alaska a inscrit dans sa constitution en 1959 le principe de gestion durable de ses pêcheries. Il existe encore du vrai saumon sauvage en Alaska.

Comment êtes-vous sûr que vos poissons contiennent un minimum de contaminants ?
TC : Il existe des études qui nous permettent de sélectionner des zones de pêche où il n'y a pas de problème de pollution. Et nous réalisons nous-mêmes des tests, par exemple sur les métaux lourds (mercure, cadmium, plomb). Sur le cadmium et le plomb, pour nos poissons, nous sommes en dessous des seuils de détection. Sur le mercure nous tolérons des doses 20 fois inférieures au seuil admis dans le cadre de la nourriture pour bébé. Et puis on sait aujourd'hui que, s'il est vrai que le mercure n'est pas bon pour la santé, le sélénium vient en annuler les effets. Or dans les poissons que l'on mange il y a plus de sélénium que de mercure. Dans un crustacé, c'est le zinc qui est un antidote du plomb et du cadmium. Néanmoins, comme il peut y avoir des effets cocktail, on s'efforce de proposer des produits qui contiennent le moins possible de contaminants.

Vous avez une équipe de combien de personnes ?
TC : Nous sommes une petite entreprise de huit salariés.

Où distribuez-vous vos produits ?
TC : Nous sommes distribués dans un peu plus de 150 magasins bio en France et 150 magasins bio en Belgique.

Avez-vous beaucoup de concurrents ?
TC : Avec une gamme entière en bio ou en certification, nous n'avons pas de concurrents en France sur ce créneau. Il en existe un en Allemagne mais à mon avis sur un niveau de qualité inférieure.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut démarrer dans ce secteur ?
TC : Il existe en France des formations en halieutique (science de la pêche). Il y a un master sur l'agro-campus de Rennes, à Boulogne-sur-Mer et à Cherbourg. On trouve aussi des départements spécialisés dans les écoles d'agronomie. Ça peut être intéressant d'aller faire un stage de pêche mais en France on ne rencontrera pas souvent la notion de durabilité. On peut aussi passer un CAP de poissonnier, se lancer et apprendre en marchant.

 En savoir +

Le poisson dans le monde et en France

"La croissance de la production mondiale de poissons depuis 15 ans se fait sur l'élevage dont une énorme partie en Chine sur des espèces qui ne sont pas consommées en France, comme la carpe", explique Thomas Canetti, président fondateur de Food4Good.
Depuis 15 ans, la production mondiale de poissons sauvages plafonne chaque année à 90 millions de tonnes. "On a probablement atteint la limite."
Celle de poissons d'élevage représente 60-70 millions de tonnes. C'est elle qui augmente régulièrement.

La France est une grosse consommatrice de produits la mer : environ 35-36 kg par personne et par an (l'Allemagne est à 18 kg).
"Nous consommons de plus en plus de saumon, de crevettes, de coquillages. Il y a un saut générationnel. En France on a de moins en moins l'habitude de manger du poisson, notamment sous sa forme brute. Les poissonneries sont en perte de vitesse, les grandes surfaces se cherchent."
Dans l'ensemble le marché français est un grand marché mais en France on pèche peu : "si on consomme 100 on produit 30 et on en réexporte 18, notamment les huîtres ou le chinchard… Il faut donc importer environ 85".

Vie Saine et Zen