Les oméga-3, une panacée ?

Les oméga-3, une panacée ?

Les acides gras oméga-3 font partie des recommandations nutritionnelles officielles et leur effet est reconnu, notamment pour la prévention des maladies cardiovasculaires. S'il est aujourd'hui certain qu'ils sont indispensables pour vivre en bonne santé, faut-il pour autant en faire une panacée ?...

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Sommaire

- Prévention des maladies cardiovasculaires
- La dépression
- Alzheimer et déclin cognitif
- La grossesse
- Les autres pathologies
- Comment ça marche ?
- Équilibrer son gras
- Aliment et médicament

Dans son livre Guérir, paru en 2003, David Servan-Schreiber parlait de la "révolution des oméga-3", et considérait que les psychiatres et les cardiologues seraient bien inspirés d'en prescrire à leurs patients. Plus de dix ans plus tard, beaucoup de chemin a été parcouru. Les oméga-3 ont tendance à être considérés comme une panacée et font le bonheur du marketing alimentaire.

Prévention des maladies cardiovasculaires
"Depuis deux décennies, l'huile de chair de poisson est un médicament remboursé par la Sécurité sociale en prévention de l'infarctus, des maladies cardiovasculaires et du vasculaire cérébral. Ça ne fait aucun doute : manger du poisson deux fois par semaine dont au moins une fois du poisson gras, divise par deux le risque d'infarctus, par cinq le risque d'accident vasculaire cérébral. Et cette recommandation est mondiale : ça marche chez tout le monde !", déclare Jean-Marie Bourre, membre de l'Académie de Médecine et de l'Académie d'Agriculture, l'un des plus grands spécialistes français en matière d'oméga-3*.

La dépression
Plusieurs études tendent à démontrer l'efficacité des oméga-3 dans le traitement de la dépression. Témoin une étude assez ancienne montrant "que la prévalence de la dépression post-partum (après l'accouchement) était en relation directe avec la non consommation de poisson gras et donc avec la consommation d'oméga-3", rappelle Jean-Marie Bourre.

"Les dépressions majeures répondent très bien aux acides gras oméga-3, en thérapie à partir de 1 g par jour. Les troubles anxieux répondent beaucoup moins bien", nuance Olivier Coudron, médecin, responsable du diplôme universitaire "Alimentation santé et micronutrition" à l'Université de Bourgogne*.

Alzheimer et déclin cognitif
De nombreuses pathologies psychiatriques peuvent être améliorées par un rééquilibrage en oméga-3 : la maladie bipolaire, la schizophrénie, la démence vasculaire… "Il est montré aujourd'hui en France, au Japon, aux États-Unis que la consommation d'oméga-3 va de pair avec une réduction de 40 à 50 % du risque de maladie d'Alzheimer", précise Jean-Marie Bourre. Et, selon lui, l'effet est également concluant sur le déclin cognitif.

La grossesse
Pendant la grossesse, la consommation d'oméga-3 a une importance fondamentale. "Il s'agit de la constitution du cerveau de l'enfant. L'enjeu est la santé mentale future de l'enfant comme de la mère".

Les autres pathologies
Jean-Marie Bourre est plus réservé pour l'effet des oméga-3 sur les autres pathologies : dermatologiques, ostéo-articulaires, gastro-intestinales… "C'est vrai qu'ils agissent à plusieurs niveaux mais avec une efficacité extrêmement variable".

Comment ça marche ?
Les acides gras oméga-3 jouent un rôle fondamental au niveau du cerveau et du système nerveux central, car ils en sont l'un des constituants. "Nous pensons avec du gras !", résume Jean-Marie Bourre.
Alors que se passe-t-il si notre alimentation est déficitaire en oméga-3 ? "Il y a une perturbation dans l'élaboration du cerveau et, puisque la structure est altérée, son fonctionnement ne peut que s'en trouver perturbé, à des degrés divers."

Au niveau cardiovasculaire, l'action se passe à de multiples niveaux : "diminution de la coagulation, augmentation de la souplesse des artères, meilleure souplesse des hématies (globules rouges)".

Par ailleurs, les oméga-3 ont dans l'organisme un effet anti-inflammatoire. C'est le dénominateur commun qui explique leur efficacité dans de multiples pathologies "y compris dans le diabète et la maladie d'Alzheimer".

Équilibrer son gras
Mais attention ! Il faut veiller à l'équilibre du rapport oméga-3/oméga-6. Il est actuellement de 1 à 20 chez la plupart des français, alors qu'il devrait être de 1 à 4**! "Ce déséquilibre est largement dû à un déficit de consommation d'oméga-3, plus qu'à un excès de consommation d'oméga-6", précise Jean-Marie Bourre.
Il ne faut pas oublier non plus que nous avons besoin des deux acides gras indispensables : ALA et DHA (voir encadré). "À partir de l'ALA nous ne sommes pas capables de construire du DHA".

Aliment et médicament
On peut trouver des oméga-3 dans l'alimentation quotidienne (voir encadré).
Sous forme pharmacologique, Jean-Marie Bourre, conseille, surtout si l'on se dirige vers la micronutrition, de choisir une présentation sous forme de triglycérides (ou de phospholides). La biodisponibilité est meilleure que pour les esters éthyliques (des oméga-3 liés à l'alcool).

 

Sources :
*Intervention lors des 32e Rencontres des médecines alternatives et complémentaires à l'Hôpital Tenon, le 11 octobre 2014.
**La Nutrition : Le ratio oméga-6/oméga-3

 En savoir +

Les oméga-3 dans l'alimentation

"Comme les 3 mousquetaires, les oméga-3 sont 4", explique Jean-Marie Bourre : "ALA, DHA, EPA et DPA"*.

- D'origine végétale : ALA, acide alpha-linolénique.
Sources : huile de colza, de noix, de lin, de soja, pourpier, mâche…

- D'origine animale : DHA, acide cervonique ; EPA, acide timnodonique ; DPA, acide clupanodonique.
Sources : sardine, maquereau, hareng, saumon ; les autres poissons et coquillages en contiennent également mais en moindre quantité. Selon Jean-Marie Bourre, "à l'exception des œufs, l'animal terrestre d'élevage qui cumulera le plus d'oméga-3 nous en apportera toujours environ 5 fois moins que les huîtres et les fruits de mer".

Très inspiré par les travaux de Jean-Marie Bourre, Sébastien Loctin, fondateur de la société Quintesens, a créé des mélanges équilibrés d'huiles alimentaires (incluant du DHA) adaptés aux différents âges de la vie. Pour lui, il est important de rappeler trois choses :
- il ne faut ne pas confondre les oméga-3 ALA et DHA et il faut comprendre lequel on consomme ;
- l'huile d'olive ne contient pas d'oméga 3 ;
- on ne doit pas avoir peur de mettre du (bon) gras dans l'assiette des bébés qui ont, notamment, besoin d'oméga-3.

Vie Saine et Zen