Chlordécone aux Antilles : la justice prononce un non-lieu

Chlordécone aux Antilles : la justice prononce un non-lieu

Non-lieu dans le scandale sanitaire de l'insecticide organochloré qui a empoisonné les Antilles. Les victimes sont vent debout.

Elles dénoncent un "déni de justice" et devraient faire appel de cette décision.
Après 16 ans de procédure, la justice a rendu une décision de non-lieu définitif, le 5 janvier dernier, dans le dossier du chlordécone. Utilisé durant des décennies à la Guadeloupe et à la Martinique contre le charançon du bananier, ce pesticide a empoisonné l’environnement et provoqué de nombreuses maladies au sein de la population. Il n’a été interdit que 15 ans après les alertes de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Les Antilles détiennent le triste record mondial de cancer de la prostate, reconnu depuis le 22 décembre dernier comme maladie professionnelle, ce qui ouvre la voie à une indemnisation pour les ouvriers agricoles.

Il semblerait que l’ordonnance de non-lieu reconnaisse un "scandale sanitaire" et "une atteinte environnementale dont les conséquences humaines, économiques et sociales affectent et affecteront pour de longues années la vie quotidienne des habitants". L’enquête aurait établi "les comportements asociaux de certains des acteurs économiques de la filière banane relayés et amplifiés par l’imprudence, la négligence, l’ignorance des pouvoirs publics, des administratifs et des politiques qui ont autorisé l’usage du chlordécone à une époque où la productivité économique primait sur les préoccupations sanitaires et écologiques".
Les juges d'instruction prononcent néanmoins un non-lieu, évoquant la difficulté de "rapporter la preuve pénale des faits dénoncés", "commis dix, quinze ou trente ans avant le dépôt de plaintes", la première ayant été faite en 2006. Elles soulignent également que "l’état des connaissances techniques ou scientifiques", à l'époque des faits, ne permettait pas d'établir un lien de causalité certain entre la substance en cause et l’impact sur la santé.
Depuis l’annonce des réquisitions de non-lieu, manifestations et rassemblements se sont multipliés à la Martinique.

 

Source : Le Monde – 05/01/23

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