La bio est-elle condamnée ? Un rapport dessine quatre futurs possibles pour la filière

La bio est-elle condamnée ? Un rapport dessine quatre futurs possibles pour la filière

Peut-être une marginalisation du bio face à d’autres démarches mettant aussi en avant des promesses environnementales ?

Un rapport publié le 13 août dernier par le ministère de l’Agriculture dessine quatre scénarios possibles d’évolution du secteur bio français au cours des 15 prochaines années.

Dans le premier scénario, le bio disparaît des grandes surfaces, les grandes marques ont mis la clé sous la porte, le label bio européen et les politiques de soutien au secteur n’existent plus. Seuls quelques producteurs locaux s’accrochent et diffusent des produits étiquetés AB à la campagne ou dans les zones urbaines favorisées, à fort pouvoir d’achat. Les agriculteurs conventionnels ont été contraints de cesser ou de réduire le recours aux engrais et pesticides, devenus trop chers. Ils revendiquent une production sans intrants de synthèse, mais sans passer par la labellisation bio. 

Dans le deuxième scénario, le label AB se fait voler la vedette par une “troisième voie” : les acteurs des secteurs agricoles et agro-alimentaires se sont développés, à grand coup de communication et de marketing. Leurs démarches de durabilité favorisent des techniques environnementales plus ambitieuses mais moins exigeantes que le bio. Dans cette hypothèse, les produits bio représenteraient moins de 3 % des dépenses alimentaires des ménages en 2040, contre 5,6 % en 2023.

Dans le troisième scénario, on imagine qu’un accord international ambitieux est conclu en 2032 pour relever les défis planétaires majeurs, avec des objectifs environnementaux forts. La multiplication des conversions est jugée prioritaire et la transition vers l’agriculture biologique s’accélère fortement.
Pour limiter l’inflation alimentaire, il faut réduire les coûts. Sous l’influence de la grande distribution généraliste, on assouplit donc le cahier des charges du bio européen. L’agriculture bio retrouve le chemin de la croissance.

Le quatrième et dernier scénario est le plus ambitieux : l’agriculture biologique devient la norme à atteindre en matière de production agricole ; une sécurité sociale de l’alimentation est créée ; chacun est appelé à réduire sa ration énergétique et sa consommation de viande ; les produits les plus nocifs pour la santé et l’environnement sont surtaxés ; la loi impose 25 % de produits bio dans les commerces alimentaires en 2035 ; l’éducation alimentaire et nutritionnelle dès l’enfance est renforcée…
Même si l’agriculture conventionnelle reste majoritaire, la part de l’alimentation dans le budget des ménages augmente jusqu’à 25 % en moyenne en 2040 (contre 15 % en 2020).

Le rapport n’indique pas lequel de ces quatre scénarios est le plus probable. Mais il montre qu’il existe des chemins pour éviter la marginalisation du bio.
Les questions centrales sont :
- le maintien d’une offre de produits bio suffisante dans le commerce et la restauration ;
- le niveau des prix, notamment pour les produits transformés ;
- l’image du bio qui peine à se démarquer des autres allégations ;
- les arguments liés à la santé relayés notamment par une meilleure éducation environnementale et une meilleure visibilité de la parole scientifique.

 

Source : Reporterre, Fabienne Loiseau - 23/08/25

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