Le cancer et les médecines complémentaires

Le cancer et les médecines complémentaires

En France, environ les deux tiers* des patients atteints de cancer choisissent de se faire accompagner par des médecines complémentaires : homéopathie, phytothérapie, acupuncture, ostéopathie… Les hôpitaux proposent de plus en plus souvent des protocoles incluant ces approches. Que peut-on en attendre ?

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Sommaire

- Le phénomène n'est plus marginal
- Complémentaires mais pas alternatives
- Cinq types d'approches
- De plus en plus d'études…
- L'intérêt de l'homéopathie
- L'intérêt de la phytothérapie
- Le mode de vie
- Des protocoles au sein des hôpitaux

Sur les 360 000 nouveaux cas de cancer diagnostiqués par an en France, plus de la moitié des patients vivent au delà de l'année. Parmi eux 52 % survivent au delà de cinq ans. Selon le docteur Florian Scotté, praticien hospitalier au service d'oncologie médicale de l'Hôpital Européen Georges Pompidou, ces bons résultats seraient dus non seulement à l'amélioration des traitements anticancéreux (avec notamment les thérapies ciblées) mais aussi à l'amélioration de l'accompagnement du patient dans le cadre de ce qu'on appelle les soins oncologiques de support (voir encadré).

L'intérêt des médecines alternatives et complémentaires (MAC) dans cet accompagnement était le sujet cette année des 30e Rencontres de l'Hôpital Tenon, organisées comme chaque année par Serge Rafal, médecin généraliste attaché à l'hôpital Tenon.

Le phénomène n'est plus marginal
Le nombre de patients atteints de cancer ayant recours aux MAC est difficile à déterminer, notamment car de nombreuses personnes le font sans en parler à leur médecin référent, "ce qui peut poser des problèmes graves", précise Florian Scotté. Selon les sources, le chiffre varie entre un et deux tiers des patients en traitement. Dans les deux cas on constate qu'il ne s'agit pas d'un phénomène marginal.

Complémentaires mais pas alternatives
Il faut être clair ! L'objectif n'est pas de soigner la tumeur avec ce type d'approche. Dans l'esprit de la grande majorité des patients, il n'y a du reste pas d'ambigüité, il s'agit principalement d'atténuer les effets secondaires indésirables des traitements conventionnels.

"L'idée de complémentarité est majeure en cancérologie", pour Florian Scotté, "on ne parle pas dans ce domaine de médecine alternative."

Cinq types d'approches
Aux Etats-Unis, où la notion de médecines alternatives et complémentaires est parfaitement intégrée, l'ASCO (American Society of Clinical Oncology), classe les approches en cinq types :
- approches de santé différentes (homéopathie, médecine traditionnelle chinoise…)
- les produits naturels (phytothérapie, compléments alimentaires…)
- les traitements manuels (massages, ostéopathie…)
- les traitements du corps et de l'esprit (yoga…)
- les soins énergétiques (acupuncture, Qi Gong, reiki…)

De plus en plus d'études…
Les études scientifiques se multiplient dans ce domaine.
"Les effets du ginseng ou du guarana contre la fatigue ont été démontrés. Le yoga a fait l'objet de publications pour ses effets positifs sur la qualité du sommeil, la qualité de vie, contre la fatigue. L'acupuncture a montré un bénéfice contre la douleur…"

Florian Scotté énumère les indications reconnues pour les MAC en cancérologie : fatigue, douleurs, troubles du sommeil, bouffées de chaleur, larmoiement, syndrome palmoplantaire, syndrome de la bouche sèche…
"Les thérapies comportementales sont très intéressantes contre la fatigue, l'anxiété et pour l'accompagnement esthétique. En revanche aucune étude n'indique un impact des MAC pour le traitement du cancer."

L'intérêt de l'homéopathie
Selon Jean-Lionel Bagot, l'homéopathie a des résultats remarquables sur les nausées, les pertes d'appétit, les troubles stomatologiques, les troubles cutanés, les neuropathies périphériques, la diminution du nombre de plaquettes sanguines et les ecchymoses spontanées.

"Dès que le patient a connaissance de sa maladie, il faut intervenir car le choc de l'annonce est très difficile à absorber pour le corps et peut provoquer toute une série de symptômes. On pourra utiliser selon les cas Opium, Nux Vomica… Pendant la chimiothérapie il faut soutenir le foie et le rein. Pendant la radiothérapie on prescrit en prévention Rayon X, Radium Bromatum, Fluoricum Acidum."
Pour aider le corps à éliminer les produits de chimiothérapie, il recommande l'hétéro-isothérapie, un traitement homéopathique conçu à partir d'une petite dose de la molécule utilisée dans le traitement.
"Si on l'accompagne correctement, une chimiothérapie peut très bien se passer."

L'intérêt de la phytothérapie
Pour Danielle Roux, docteur en pharmacie, la phytothérapie a une action intéressante avec par exemple des plantes qui protègent le foie comme le desmodium, le chardon marie, l'artichaut, le romarin.

"La rhodiola rosea est une plante adaptogène qui est un très bon stimulant. Le curcuma a une action anti-ulcéreuse et anti-inflammatoire. Le gui fermenté (viscum album), très utilisé en Allemagne, diminue la toxicité de la chimiothérapie et améliore le comportement du patient. L'HE de menthe poivrée est un bon antinauséeux, antivomitif. En radiothérapie, les HE de niaouli et tea tree, associées au gel d'aloe vera en massage ont une action décongestionnante, cicatrisante et protectrice sur la peau."

Le mode de vie
"Il y a de plus en plus de données établissant le lien entre cancer et mode de vie : obésité et cancer, diabète et cancer, fonte musculaire et survie courte ou toxicité", explique François Goldwasser, chef du pôle cancérologie à l'Hôpital Cochin. "D'où l'intérêt, au cours du traitement, de l'exercice physique et d'un accompagnement en diététique."

Des protocoles au sein des hôpitaux
Des équipes pluridisciplinaires de soignants, des protocoles prescrits au patient incluant les MAC… De plus en plus d'hôpitaux proposent ce type d'accompagnement par exemple à Paris (HEGP, Tenon, Cochin, Curie) ou Aix en Provence (Centre Ressource).
Malheureusement pour l'instant ces initiatives ne peuvent fonctionner et être financées que sur un mode associatif.

 

Des sites de référence :
Association Francophones pour les Soins Oncologiques de Support (AFSOS)
Multinational Association for Supportive Care in Cancer (MASCC)

*Source : étude Mac-Aerio 2010

 En savoir +

SOS : Soins Oncologiques de Support

Selon l'AFSOS, il s'agit de l’ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades, parallèlement aux traitements spécifiques, lorsqu’il y en a, tout au long des maladies graves.

Cette approche globale de la personne malade suppose que l’ensemble des acteurs de soins impliqués en cancérologie prenne en compte la dimension des soins de support dans la prise en charge de leurs patients, y compris en terme de continuité des soins.

Le projet de soins vise donc à assurer la meilleure qualité de vie possible aux patients, sur les plans physique, psychologique et social, en prenant en compte la diversité de leurs besoins, ceux de leur entourage et ce quels que soient leurs lieux de soins.

Les soins de support ne sont pas une nouvelle spécialité mais se définissent comme une organisation coordonnée de différentes compétences impliquées conjointement aux soins spécifiques oncologiques dans la prise en charge des malades.

Il s'agit donc d'un accompagnement général qui comprend aussi bien les médecines complémentaires que le dispositif d'annonce au début de la maladie, la psycho-oncologie, la nutrition, l'activité physique…

Pour désigner les médecines complémentaires, les textes de loi parlent de PNCAVT (Pratiques Non Conventionnelles À Visée Thérapeutique).

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