Édito de Franck Arguillère

Édito de Franck Arguillère

Alors il y a, comme chaque année, le blues de la rentrée. Et, cette fois-ci, il y a en plus une situation politique très particulière, instable et inquiétante. On peine à distinguer la moindre lueur encourageante concernant les urgences du moment concernant les mesures qui s’imposent face au changement climatique ou à la situation sinistrée de la santé en France. Comment se requinquer le moral ? Bien sûr, on peut continuer à déguster les miettes subsistant de l’euphorie générale des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024… On peut aussi aller chercher quelques pensées inspirantes chez les philosophes grecs. Épicure est, parmi eux, sans doute l’un des plus connus et l’un des moins bien compris. Nous avons des épicuriens une image de jouisseurs invétérés, sans limites, attachés comme des sangsues à leurs biens matériels. C’est une erreur. On les confond, me semble-t-il, avec les sybarites.

La philosophie d’Épicure n’est pas du tout cela. Elle est entièrement tournée, certes, vers le plaisir mais pas n’importe lequel et dans la sobriété.
Elle fait notamment la distinction entre d’un côté les désirs "naturels" qui correspondent à nos véritables besoins intérieurs et qui mènent à un plaisir de plénitude, durable. Et d’un autre côté, les désirs imposés de l’extérieur, de nos conditionnements (famille, école, société, religion…) qui mènent à des plaisirs vains, peu durables et qui entraînent à terme plus de douleur que de plaisir.
"Parmi les désirs, les uns sont naturels, les autres vides (sans fondement), et parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires, les autres naturels seulement."*

Aujourd’hui les injonctions de la publicité et des réseaux sociaux encouragent la cupidité et/ou la soif de gloire et de puissance. Ils contribuent à nous faire succomber à ce qu’Épicure appelle "l’illusion d’abondance".
"L’illusion d'abondance est l'histoire de ceux qui cherchent toute leur vie à combler des désirs non nécessaires. Elle commence lorsque l'on vous fait cyniquement croire que ces derniers peuvent vous rendre heureux."*

Le philosophe grec ne propose donc pas d’éliminer tout désir comme le préconisait le bouddhisme 200 ans auparavant. Mais de tenter de rééduquer ces désirs pour renouer avec notre vraie nature. Il n’est pas question pour lui de rejeter complètement les plaisirs vains mais de réintroduire un peu plus de plaisirs durables dans nos vies, afin de lutter contre l’anxiété qui est l’une des principales souffrances humaines.
Et si l’on devenait de vrais épicuriens ? Peut-être un bon axe de réflexion pour nos bonnes résolutions de rentrée !

 

*En thérapie avec Épicure, Combattre votre anxiété, Nathanaël Masselot, éditions Opportun

Vie Saine et Zen