On ne sait pas s’ils ne comprennent pas ou s’ils font semblant de ne pas comprendre. Je parle des industriels. Il y a ceux, bien-sûr, qui continuent tout comme avant, dans le déni complet, sans varier d’un iota. Mais il y a aussi ceux qui semblent de bonne foi, qui ont l’air de jouer le jeu et de vouloir prendre en compte les enjeux écologiques.
Certes j’ai bien conscience qu’en matière de transition, on part de très loin et qu’il faut tout inventer. La connaissance scientifique évolue et les priorités peuvent changer. Par exemple, les émissions carbone ne sont passées sur le devant de la scène qu’au début du 21e siècle. La question de l’épuisement des ressources prophétisé par le club de Rome dans les années 1970, semble être reléguée au second plan. Il est donc logique qu’en 50 ans, on ait pu faire des essais infructueux dans certains domaines. Certes, certes… Mais il y a quand même pas mal de fausses pistes qui laissent rêveur. Quelques exemples…
La prise de conscience de l’impact du textile sur l’environnement s’est largement développée depuis 15 ans… Et l’on commence à mesurer les effets délétères sur la santé humaine des microplastiques omniprésents tout autour de nous. Et pourtant les fabricants continuent d’aller à rebours de ce qu’il faut faire : ils en mettent partout, polyester, polyamide et autre acrylique ou nylon… Sans oublier le plastique recyclé qui pollue encore plus que le vierge. Allez trouver des vêtements ou des sous-vêtements en matières naturelles ! C’est le parcours du combattant. Or non seulement ces matières devraient se généraliser mais nous devrions même trouver aujourd’hui dans les magasins d’habillement une large palette de textiles bios : coton, lin, chanvre… On en est très loin.
Autre exemple. Cela fait six ans que l’Ademe a rendu son rapport sur l’impact de la voiture électrique en précisant qu’il fallait, pour qu’elle ait un intérêt écologique, qu’elle soit légère et de petite taille. Comment a-t-il pu germer dans l’esprit des constructeurs automobiles européens l’idée géniale de mettre le paquet sur le SUV ? Les voilà donc aujourd’hui démunis face aux constructeurs chinois qui arrivent sur le marché avec des véhicules parfaitement calibrés pour les enjeux de l’époque.
Dernier exemple. Les consommateurs commencent à prendre en compte la nécessité d’avoir une alimentation moins carnée, à la fois pour améliorer le bien-être animal, pour prendre soin de leur santé et pour réduire l’empreinte carbone de l’élevage. Très bien. Il y a des civilisations humaines qui vivent parfaitement, depuis des millénaires, avec un régime végétarien voire végétalien. Alors pourquoi l’agro-alimentaire inonde-t-elle le marché de "steaks" végétaux bourrés d’additifs à la toxicité reconnue et de sojas OGM importés de l’autre bout du monde ? Sans parler des expérimentations sur la viande de culture aux vertus nutritionnelles improbables et aux effets sur la santé totalement inconnus.
Il y a plusieurs explications à ces fausses pistes manifestes. L’une d’entre elles relève du court-termisme et de la cupidité sans limite de l’être humain. Une autre explication raconte quelque chose de notre inertie collective.
Il semblerait que, à part quelques négationnistes invétérés, nous ayons enfin compris qu’il fallait remettre en cause notre modèle économique de surconsommation qui n’est simplement pas tenable. Alors oui, nous sommes d’accord pour changer… Mais sans rien changer ! Ou alors que ce soit les autres qui changent !
Comme disait le chanteur : “est-ce que ce monde est sérieux ?”