Pourquoi les labels "bio" ne se valent pas d’un pays à l’autre

Pourquoi les labels "bio" ne se valent pas d’un pays à l’autre

Des normes plutôt strictes en Europe, bien plus souples en Amérique du Nord et des contrôles inégaux dans les pays émergents… 

Le "bio" peut s’appliquer à des produits venus du monde entier, d’Europe, d’Asie ou d’Amérique. C’est un label mondial mais il n’a rien d’universel : les normes varient en fonction des pays de production.

Le bio français a connu un fort succès : en 2023, après vingt années de progression continue, le marché a été multiplié par 13 par rapport à son niveau initial. Cela s’explique par la garantie d’absence de traitements pesticides autorisés qui fait que les consommateurs(trices) perçoivent le bio comme un produit plus naturel. 

Le label bio européen impose des pratiques agricoles strictes en limitant le recours aux intrants de synthèse (engrais azotés, pesticides, herbicides et fongicides) et en interdisant totalement le recours aux OGM. L’objectif est d’atteindre 25 % de la surface agricole utile européenne en bio d’ici 2030.
Par rapport au label européen, chaque pays peut ajouter des exigences supplémentaires. Le label français AB insiste sur un contrôle plus rigoureux de la traçabilité et du lien au sol. L’Allemagne met l’accent sur la transparence des filières…

En Amérique du Nord, l’approche du bio est plus souple. 

Aux États-Unis, le label USDA Organic tolère la culture des plantes hors sol, la présence de traces d’OGM et l’usage de certains produits chimiques d’origine synthétique s’ils sont jugés nécessaires et sans alternatives viables. Exemples : certains désinfectants pour bâtiments d’élevage et traitements antiparasitaires pour les animaux.
Au Canada, le Canada Organic Regime est à peu de choses près équivalent à celui des États-Unis.
Ici certains systèmes de production biologique peuvent être beaucoup plus intensifs, menant à de véritables fermes industrielles fort éloignées de l’idéal originel du bio.

Dans les pays émergents, les dispositifs sont plus divers.
Par exemple au Brésil, les producteurs peuvent être certifiés via un système participatif de garantie (SPG) reposant sur l’auto-évaluation collective des agriculteurs. 

En Inde et dans de nombreux pays, les certifications biologiques sont avant tout conçues pour répondre aux standards des marchés internationaux afin de faciliter l’exportation vers l’UE ou l’Amérique du Nord, plutôt que pour structurer un marché intérieur. 

L’absence de reconnaissance universelle mutuelle entre les différents systèmes de certification biologique engendre de la confusion chez les consommateurs et crée de fortes contraintes pour les producteurs.
Pour s’y retrouver, il faut aller au-delà du simple logo affiché sur l’emballage, s’informer sur la provenance réelle du produit et sur le cahier des charges du label précis qui le certifie. "Bio" ne signifie pas automatiquement "local" ni "petit producteur". Certains produits certifiés biologiques proviennent de filières industrielles mondialisées.

Au consommateur donc de favoriser les circuits de distribution donnant accès à une information claire et détaillée et de soutenir ainsi une alimentation plus démocratique et plus responsable !
Et peut-être faudrait-il, demain, envisager une harmonisation internationale du bio…

 

Source : The Conversation, Marie Asma Ben-Othmen - 16/10/25

Vie Saine et Zen