Surpoids et obésité : soigner avec les MAC

Surpoids et obésité : soigner avec les MAC

Largement associés au déséquilibre du microbiote intestinal, surpoids et obésité peuvent être pris en charge de manière efficace par les médecines alternatives et complémentaires (MAC).

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Sommaire

- Réduire les portions
- Quand les bactéries prennent le pouvoir
- Revenir à une alimentation naturelle
- Chrononutrition
- Nourrir les "bonnes" bactéries
- Probiotiques de deuxième génération
- Greffes, antibiotiques, antioxydants
- L'aide des plantes

Sédentarité, malbouffe, pollution, médicaments… Nos nouveaux modes de vie perturbent l'équilibre des colonies de bactéries que nous hébergeons dans nos intestins. Ce déséquilibre est à l'origine d'une inflammation chronique qui se traduit chez certains individus par une surcharge pondérale (voir : Surpoids et obésité, le rôle du microbiote intestinal).

Réduire les portions
Si l'on veut s'attaquer à ces troubles, il convient tout d'abord de revenir à certains fondamentaux de l'alimentation. L'augmentation des portions dans notre assiette est l'une des premières choses à remettre en cause.
"Il faut comprendre d'où vient notre faim : a-t-on une faim cérébrale ou une faim viscérale ?", questionne Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste, attaché à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière*, à l'occasion des dernières Rencontres des Médecines Alternatives et Complémentaires (MAC) à l'hôpital Tenon le 13 octobre dernier. "A-t-on une satiété centrale ou une satiété mécanique ? Lorsqu'on a le sentiment d'avoir l'estomac plein, prêt à exploser, c'est une satiété mécanique : tant que l'estomac n'est pas rempli, on mange. La satiété centrale c'est sortir de table en ayant encore légèrement faim."

Quand les bactéries prennent le pouvoir
Le problème est que nos bactéries intestinales nous jouent parfois des tours. Certaines d'entre elles prennent le pouvoir !
"J'ai des patients obèses qui ne perçoivent plus l'alimentation comme ils la percevaient avant", constate Arnaud Cocaul. "Ils disent faire des choix alimentaires irrépressibles, compulsifs, qui n'existaient pas préalablement et qui échappent à leur volonté. Il s'agit souvent d'une appétence pour le sucré. Ce sont certaines bactéries du microbiote intestinal qui induisent ces modifications du comportement. Elles cherchent simplement à proliférer au détriment d'autres colonies."

Revenir à une alimentation naturelle
Arnaud Cocaul énumère les grands axes d'une bonne alimentation : réduire les sucres, les sodas, les aliments ultra-transformés (voir : Éviter les aliments industriels ?), enrichir en fibres, restaurer le profil des acides gras oméga-6/oméga-3 (à 5 pour 1). Il souligne l'importance de manger lentement, en pleine conscience, et encourage la méditation, la relaxation, le yoga, la sophrologie.

Chrononutrition
Le respect du rythme circadien est aussi l'une des règles qui commencent à faire consensus (voir : Chronobiologie, savoir écouter ses rythmes biologiques). "Placer les aliments au bon moment et n'en exclure aucun", est la consigne de base de Danielle Roux-Sitruk, docteur en pharmacie. Il faut, selon elle, se caler sur le régime méditerranéen, notamment en augmentant l'apport en végétaux.

Elle préconise de faire quatre repas par jour :
- le matin les acides gras saturés : fromage, beurre, œufs ;
- à midi : acides gras oméga-6, protéines (viandes blanches, féculents) ;
- à 17h : fruits, fruits secs, noisettes, amandes, noix, chocolat ;
- le soir : acides gras oméga-3 (poissons gras), légumes à volonté.

Nourrir les "bonnes" bactéries
On peut trouver dans l'alimentation de quoi nourrir les "bonnes" bactéries de notre microbiote intestinal (voir : Bien nourrir son microbiote intestinal avec les prébiotiques).

Serge Rafal, médecin généraliste, spécialiste des MAC et organisateur des Rencontres, rappelle qu'on trouve des probiotiques dans certains aliments fermentés : yaourts, fromage, choucroute, pickles, vin, pain au levain, saucisson…
Il considère que la complémentation en probiotiques est également une piste sérieuse de traitement. Pour le choix des souches et la posologie, l'avis du médecin est indispensable car il s'agit d'une approche personnalisée. Serge Rafal fonde beaucoup d'espoirs sur l'avènement d'une nouvelle génération de probiotiques adaptée à chaque individu et à chaque pathologie.

Probiotiques de deuxième génération
Celle-ci est sur le point d'émerger. Selon Jean-Marc Chatel, directeur de recherche à l'INRA, les premières études autour de Faecalibactérium prausnitzii, une bactérie qui fait partie du microbiote humain, sont convaincantes. Ce devrait être demain "un acteur majeur dans les nouvelles stratégies préventives et curatives contre les troubles et maladies gastro-intestinales".

Greffes, antibiotiques, antioxydants
Outre les probiotiques, d'autres pistes pourront faire leur preuve dans les prochaines années. Arnaud Cocaul évoque les greffes de matières fécales et certains antibiotiques bactériophages.

Les antioxydants doivent être également pris en compte car le stress oxydant est étroitement corrélé à l'état de santé. Il est dû notamment "au tabagisme, à certains médicaments, à l'obésité viscérale, au stress psycho-social", explique Michel Brack, médecin, ancien attaché à l'Inserm*. (Voir encadré)

L'aide des plantes
La phytothérapie peut apporter une aide à la perte de poids.
Danielle Roux-Sitruk dégage quatre grandes pistes de traitement par les plantes.

- Drainer les émonctoires : radis noir (en gélules), pissenlit (racine ou feuille), orthosiphon (ou thé de Java), fumeterre, artichaut, reine des près, piloselle, bardane, pensée sauvage, romarin.

- Obtenir un effet de satiété : les leurres végétaux sont efficaces et jouent par ailleurs un rôle de prébiotique dans l'intestin. Ce sont des fibres solubles qui gonflent en présence d'eau comme l'Ispaghul, le Nopal, les pectines de pomme ou pamplemousse, la gomme de caroube, la gomme guar, les algues marines.

- Destocker les graisses : les plantes lipolytiques facilitent le déstockage des lipides au niveau des adipocytes, les cellules spécialisées dans le stockage de la graisse. Il s'agit principalement des plantes à caféine comme le café, maté, guarana, thé, noix de cola.

- Améliorer le comportement alimentaire : Griffonia simplicifolia ou une huile essentielle à inhaler en cas de fringale (clou de girofle, cannelle, camomille romaine ou lavande).

L'oligothérapie a aussi son rôle à jouer.
"On peut utiliser Zinc-Nickel-Cobalt pour bloquer les envies sucrées", affirme Danielle Roux-Sitruk. "Le Chrome diminue les besoins en insuline, il est intéressant sur le long terme. Cuivre-Or-Argent, pris le matin, permet d'améliorer le comportement en période de régime soutenu."

 

*Co-auteur notamment de Dépolluez votre graisse interne et Le régime DASH, Michel Brack et Arnaud Cocaul, éditions Albin Michel

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Antioxydants : avec précaution

Il existe aujourd'hui, selon Michel Brack, des bilans fiables qui permettent d'évaluer le niveau de stress oxydant. Six biomarqueurs suffisent : rapport cuivre sur zinc, thiols plasmatiques, rapport glutathion réduit sur glutathion oxydé, MDA ou LDL oxydés.

"À Paris, seuls deux laboratoires ont adopté le protocole nécessaire : La Scala et Madeleine. En régions, c'est plus compliqué. On en trouve à Lyon, Nice, Grenoble."

En cas de déséquilibre, Michel Brack conseille d'agir sur les causes en traitant avec du bisglycinate de zinc (qui a la meilleure biodisponibilité), de la vitamine C à petite dose (qui permet une meilleure absorption du zinc) et de la quercétine.

"Aujourd'hui la prise systématique d'antioxydants de façon empirique, est à proscrire. On peut arriver au résultat inverse de ce qu'on cherche."
Donc prudence ! Pour s'informer sur cette question : le site Antioxydants et santé.

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