Les traditions méditatives de l'Occident

Les traditions méditatives de l'Occident

De nombreux courants philosophiques ainsi que les grandes religions du Livre ont développé des pratiques méditatives méconnues qu'on redécouvre de plus en plus aujourd'hui.

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Sommaire

- Les méditations chrétiennes
- La méditation soufie
- La méditation Tsérouph
- Les méditations philosophiques
- Exemple : les méditations métaphysiques de Descartes
- Une relecture des traditions

Le succès de la méditation dans nos pays occidentaux est indéniable. Ce sont généralement des pratiques issues d'Orient (voir : Issues d'Orient, différentes formes de méditation). De nombreux livres et articles leur ont été consacrées ainsi que nombre d'études scientifiques, concluant généralement à leur efficacité sur certains troubles et leur impact sur la plasticité cérébrale. Il ne faudrait pas croire qu'il s'agit d'une nouvelle mode éphémère venue de pays exotiques.
"L'Occident a développé aussi de nombreuses voies méditatives au cœur de courants philosophiques (…) mais aussi mystiques des grandes religions (…) où la méditation est la voie royale, menant à la connaissance du soi véritable"*, explique Isabelle Célestin-Lhopiteau, psychologue, enseignante en méditation.

Les méditations chrétiennes
Les méditations chrétiennes remontent aux premiers siècles du christianisme et suscitent aujourd'hui un regain d'intérêt.
Il s'agit, par exemple, de l'hésychasme ou "prière du cœur", enracinée dans la tradition orthodoxe, dans laquelle on invoque silencieusement le nom de Jésus au rythme de la respiration.
Autre exemple : le rosaire est une prière répétitive chrétienne durant laquelle le pratiquant médite à travers le regard de Marie, la mère du Christ.
Les Exercices spirituels proposés au 16e siècle par Ignacio de Loyola, le fondateur de l'ordre des Jésuites (Compagnie de Jésus), constituent une véritable "méthode de méditation" qui permet de progresser dans la compréhension de soi-même.
La prière intérieure, silencieuse, comme par exemple la "lectio divina" ou "lecture divine", consiste à "ruminer" les textes chrétiens.*

La méditation soufie
Le soufisme est une voie initiatique de l'islam. Selon lui, chaque individu est voilé à lui-même. La démarche spirituelle consiste à traverser la succession des voiles que sont les passions et leur agitation, en étant rattaché ou non à une confrérie soufie.
La méditation tient une place centrale, souvent autour de l'invocation des versets du Coran (dhikr), ainsi que l'écoute de la musique (sama') et la danse sacrée (hadrah). Dans la confrérie Mevlavi, les fameux derviches tourneurs accompagnent le sama' d'une danse giratoire qui symbolise à la fois le cheminement spirituel de tout être de la périphérie vers le centre et le lien que constitue l'être humain entre le ciel et la terre.*

La méditation Tsérouph
C'est une méditation chantée visant à la purification des nœuds du cœur et de l'âme. Elle est reliée au mysticisme du judaïsme, la Kabbale. Ici le support de méditation est constitué par les lettres hébraïques. La pratique est essentiellement fondée sur le chant des lettres-racines d'un mot et de leurs combinaisons, associé à des balancements de tête précis. Les lettres sont censées être des "vibrations sonores de l'univers", des "énergies vivantes de lumière". Elles seraient sources et facteurs de guérison.
"Cette approche méditative n'est pas seulement réservée aux mystiques juifs mais à toute personne en quête d'unité"*, précise Isabelle Célestin-Lhopiteau.

Les méditations philosophiques
Dans l'Antiquité, la méditation des philosophes faisait partie des exercices spirituels censés permettre une transformation profonde de soi. Ce sont des moments d'exercice, d'entraînement, de répétition.
Les méditations de "préméditation" consistent à se préparer par la pensée à la mort et aux épreuves de la vie, à anticiper son attitude en face d'elles.
Faire le bilan de soi est, dans cette démarche, une étape intermédiaire importante. Il s'agit d'apprendre à se connaître, s'interroger sur notre place et notre rôle en tant qu'individu mais aussi en tant qu'espèce dans notre lien avec les autres êtres vivants, la société, l'environnement, l'univers…
La lecture et l'écriture sont souvent des supports de méditation. Ces techniques ont inspiré certaines approches chrétiennes, comme la lectio divina mentionnée plus haut.
Épictète conseille : "garde tes pensées, mets-les par écrit, fais-en la lecture ; qu'elles soient l'objet de tes conversations avec toi-même, avec un autre".*

Exemple : les méditations métaphysiques de Descartes
Dans le cas de Descartes, la méditation devient expérience philosophique. Ce penseur du 17e siècle décrit précisément les exercices nécessaires pour que le lecteur s'engage dans un parcours philosophique et opère des transformations.
"Il s'agit de faire par soi-même l'expérience d'une pensée rigoureuse et non par procuration, de prendre du temps pour penser par soi-même, son maître, sans préjugés."*

Ces pratiques donnent un éclairage intéressant à la méditation.
"Il ne s'agit pas de méditer pour méditer mais d'être dans la capacité de méditer philosophiquement en permanence. La méditation philosophique peut et doit être appliquée ici et maintenant"*, affirme Isabelle Célestin-Lhopiteau.

Une relecture des traditions
Il est souvent plus facile en Occident de parler des spiritualités orientales que des écrits de la Bible, des Évangiles ou du Coran tant ces systèmes religieux entraînent ici une réelle défiance et provoquent des effets de clivage. On assiste néanmoins de plus en plus à la réappropriation d'une spiritualité, dans un contexte laïc, en dehors des dogmes et des pesanteurs. Il devient alors tolérable, dans ce cadre, de redécouvrir ses propres traditions voire d'en procéder à une relecture.


*Ma bible de la méditation, Isabelle Célestin-Lhopiteau, éditions Leduc

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La méditation-promenade

Les philosophes antiques s'étaient déjà rendu compte que la marche favorise naturellement la réflexion méditative.

"Faire émerger la pensée se fait ainsi en lien avec la nature, non pas dans l'immobilité mais dans une mise en mouvement. L'exercice spirituel passe aussi par la volonté de s'élever dans les montagnes, de vivre des ascensions. La méditation-promenade permet également de s'élever soi-même, une façon de faire un pas de côté, de prendre de la hauteur vis-à-vis des expériences et difficultés de la vie"*, précise Isabelle Célestin-Lhopiteau.

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