Phobie scolaire : comment en sortir ?

Phobie scolaire : comment en sortir ?

De plus en plus d’enfants et adolescents ne parviennent plus à se rendre à l’école. En cause : la "phobie scolaire", un mal-être pouvant mener à de graves dépressions et à un décrochage scolaire. Pour accompagner ces élèves vers la guérison, médecins, parents et enseignants travaillent de concert.

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Sommaire

- Des symptômes plus ou moins visibles

- Une société moins sécurisante

- Un élément déclencheur extérieur

- Être à l'écoute

- Une alliance entre parents, médecins et enseignants

Ne s’accordant pas sur les termes, les experts parlent aussi bien de "phobie scolaire", "anxiété scolaire" ou "refus scolaire anxieux". Derrière ces mots, une même souffrance : malgré leur désir d’apprendre, les enfants ne parviennent plus à aller à l’école à cause d’une angoisse qui les submerge.
"Ce phénomène d’anxiété recouvre différentes situations, souligne Marie-France Le Heuzey*, psychiatre pour enfants et adolescents. Il peut s’agir d’une peur de la séparation avec le cercle familial, d’une peur d’effectuer le trajet qui mène à l’établissement, d’une peur concernant une matière scolaire… Chaque enfant est un cas particulier."

Des symptômes plus ou moins visibles
L’un des premiers signaux d’alarme est l’absentéisme répété 2 ou 3 fois minimum. L’élève nécessite alors un suivi psychologique pour déterminer les causes de son trouble, car comme le répète le médecin, "un enfant qui ne va pas à l’école est un enfant qui ne va pas bien".

Si certains expriment leurs angoisses, beaucoup n’y parviennent pas et leur mal-être se manifeste dans leur corps. Ils peuvent subitement souffrir d’insomnies, de nausées, de douleurs abdominales, de sueurs froides, d’accélération du rythme cardiaque ou encore de troubles respiratoires. À cela s’ajoutent des symptômes psychologiques : crises de larmes et d’angoisse, dépression, états suicidaires. Peu à peu, l’enfant se met à supplier de ne pas aller à l’école, refuse de sortir de chez lui, de se lever, de voir ses amis.

Une société moins sécurisante
Quel que soit leur âge ou leurs résultats scolaires, tous les élèves peuvent souffrir de phobie scolaire, dès lors qu’ils ont "un terreau anxieux".
Marie-France Le Heuzey constate que ce phénomène est en augmentation, malgré l’absence de chiffres précis : "c’est le résultat d’un ensemble de facteurs. Néanmoins, je remarque que la plupart des enfants que je rencontre évoluent dans un climat de violence entre élèves, qui oppose un groupe à un individu isolé, et non plus un groupe à un autre. Globalement, les jeunes grandissent dans une société avec davantage d’insécurité que par le passé."

Un élément déclencheur extérieur
Généralement, un événement extérieur vient éveiller une angoisse chez le jeune, comme la peur de la séparation, du regard des autres, d’échouer aux examens... Pour beaucoup, le changement de niveau scolaire en est à l’origine, mais d’autres facteurs peuvent être en cause : "un déménagement, un divorce, les propos humiliants d’un professeur ou d’un camarade, le racket", énumère Marie-France Le Heuzey. "Il peut aussi s’agir de difficultés d’apprentissage comme la dyslexie ou l’hyperactivité ; l’enfant en échec scolaire souffre et fuit l’école. Le système scolaire contribue en partie au phénomène de phobie scolaire car il ne sait plus assez intéresser les élèves et qu’il repose sur les punitions plutôt que sur les récompenses."

Être à l'écoute
Face à la phobie scolaire, le parent doit rester à l’écoute et prendre au sérieux ce trouble.
"S’il ne faut pas forcer son enfant à aller à l’école, il ne faut pas non plus être trop tolérant", ajoute Marie-France Le Heuzey. "Il faut agir vite et accompagner l’enfant vers un retour à l’école. On le valorise, on lui dit que l’on comprend son mal-être, qu’on est là pour lui, on instaure un dialogue."

Selon la peur de l’enfant, le parent doit s’adapter. Si le jeune est paralysé lors des examens, l’adulte peut souligner qu’il l’apprécie pour de nombreuses autres raisons que les résultats scolaires.
"Mais le parent ne peut pas s’en sortir seul. Il faut en parler avec l’équipe pédagogique pour savoir quel climat règne à l’école, si l’enfant est malheureux dans une matière, etc."

Une alliance entre parents, médecins et enseignants
Depuis la loi du 11 février 2005, l’Education nationale reconnaît les souffrances psychiques des élèves, parmi lesquelles la phobie scolaire. De ce fait, les équipes pédagogiques doivent mettre en place un accompagnement afin de les aider à raccrocher avec l’école. Un soutien psychologique sera le troisième pilier indispensable pour aider le jeune à affronter la situation. Pour trouver un thérapeute, les familles peuvent se tourner vers un centre médico-psychologique. L’objectif est double : travailler sur l’anxiété de l’enfant mais également sur des solutions de réintégration scolaire (voir encadré).

 

*Coauteure avec Marie-Christine Mouren de Phobie scolaire : comment aider les enfants en mal d’école, éditions J. Lyon.

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Des solutions de réintégration scolaire

Les cours à domicile peuvent être un premier pas vers la réintégration scolaire. Le SAPAD (Service Assistance Pédagogique À Domicile) est un dispositif de l'Éducation Nationale qui a pour mission de permettre à un enfant de recevoir un enseignant chez lui, si possible provenant de son établissement d’origine, pour quelques heures de cours par semaine.
L’association VECV (Votre École Chez Vous) permet également d’accéder à des cours à domicile.

Lorsque le jeune est déscolarisé depuis plusieurs mois, le thérapeute peut envisager une hospitalisation dans une structure proposant une scolarisation accompagnée. C’est le cas à l’hôpital Robert Debré à Paris, où 38 enseignants s’occupent des enfants.
"Ils commencent par donner des cours à l’hôpital, dans des classes généralement composées de 2 ou 3 élèves. On leur redonne le goût d’apprendre et une confiance dans l’école", explique Catherine Coupé, directrice spécialisée du centre scolaire hôpital Robert Debré. "Progressivement, nous intégrons l’enfant dans une école aux alentours : on commence par effectuer seulement le trajet, puis l’élève assiste à une heure de cours, puis 2 heures… Enfin, on le réintègre dans son établissement d’origine."

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