Contraceptions "naturelles", comment démêler le vrai du faux

Contraceptions "naturelles", comment démêler le vrai du faux

Ce sont des méthodes qui sont basées sur la détermination de la période fertile de la femme. 

Rappel : le cycle démarre au premier jour des règles, vient ensuite une phase préovulatoire, durant laquelle plusieurs follicules se développent dans les ovaires, l’un d’eux finit par libérer un ovocyte : c’est l’ovulation. Puis la phase lutéale prépare l’utérus à la grossesse au cas où… S’il n’y a pas eu fécondation de l’ovule par un spermatozoïde, l’endomètre (douillet matelas utérin destiné à accueillir l’embryon) est évacué au cours des règles. Et un nouveau cycle commence. 
Les spermatozoïdes peuvent survivre jusqu’à 5 jours et l’ovocyte environ 24 heures. La période de fertilité est donc d’à peu près 6 jours par cycle.

Il y a deux grandes "familles" de contraceptions dites "naturelles".
La plus ancienne (méthode Ogino-Knaus ou méthode du calendrier) repose sur un calcul statistique : comme un cycle dure en moyenne 28 jours et que l’ovulation survient 14 jours avant les règles, on évite les rapports non protégés entre le 11e et le 15e jour.
D’autres applications telles que "Flo et Clue" s’inspirent de ce principe qui parie sur des cycles parfaitement réguliers (ce qui est rarement le cas).

L’autre grande famille (Billings, Fertility Care, méthode des deux jours) s’appuie sur une attention quotidienne portée aux symptômes qui accompagnent les différentes phases du cycle. Avant et pendant l’ovulation, le col de l’utérus sécrète de la glaire, une substance permettant la survie des spermatozoïdes et dont la quantité et la texture évoluent au fil des jours.
Certaines techniques dites "symptothermiques" (M Fertilité, Sensiplan) allient l’analyse de la glaire et l’observation de la température corporelle qui augmente sensiblement après l’ovulation. 
L’idée est toujours d’identifier les six jours fertiles et d'éviter les rapports non protégés durant cette période.

Dans un rapport appelé "Planning familial" réédité en 2022, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) énumère les taux de grossesse au bout d’un an pour chacune des méthodes, en pratique "correcte et régulière" et en pratique "courante" (comme dans la vraie vie, en incluant oublis, méthodes mal réalisées, etc.).
Résultats :
- 5 % et 12 % de grossesse pour les techniques de la première famille, basées sur le calendrier.
- 4 % et 14 % pour la méthode des deux jours.
- 3 % et 23 % pour la méthode Billings.
- 1 % et 2 % pour la méthode symptothermique.
En résumé : seule la méthode symptothermique est réellement efficace, avec un taux de grossesse à un an comparable, voire inférieur, aux méthodes médicalisées.

Il faut néanmoins savoir que ces méthodes sont exigeantes pour les femmes, sur qui repose généralement la charge contraceptive, et nécessitent une solide formation. Il faut suivre de près l’évolution de la glaire durant une bonne partie du cycle et, pour la symptothermie, prendre sa température au réveil pendant au moins 10 jours d’affilée, à la même heure et avec un thermomètre à deux décimales. 
Certaines mutuelles acceptent de prendre en charge des consultations chez les naturopathes dont certains forment à ces méthodes.
Le CNGOF (Collège national des gynécologues et obstétriciens français) relève un taux d’abandon à un an plus élevé pour la "méthode de connaissance de l’ovulation" (48 %) que pour les autres contraceptions (15 % pour les stérilets au cuivre et hormonaux, 30 % pour les pilules).

 

Source : Reporterre, Émilie Massemin - 09/05/25

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