Comprendre les 3 dimensions de la sobriété, cette notion-clé de notre époque

Comprendre les 3 dimensions de la sobriété, cette notion-clé de notre époque

La sobriété n’est pas d’abord une question de comportement mais d’organisation collective de nos sociétés.

Il ne faudrait pas enfermer la notion de sobriété dans une définition précise ou réglementée. Il vaudrait mieux lui laisser un sens ouvert : une réinvention de nos façons de vivre, individuelles et collectives, fondée sur de nouvelles hiérarchies dans nos valeurs, sur l’instauration de nouvelles libertés.

La première dimension, celle des écogestes individuels, ne représente environ que le quart du chemin nécessaire pour notre empreinte carbone. Les comportements les plus efficaces sont ceux qui concernent la mobilité, le logement et l’alimentation mais ils sont loin d'être suffisants.

Au deuxième niveau, on trouve la sobriété systémique qui concerne la composition de l’économie, ses priorités sectorielles, la liste des biens et des services qui dominent la production, la consommation et les budgets publics. C’est le niveau le plus important, pas seulement à cause d'une dissonance des valeurs. Mais nos comportements sont formatés par les cadres physiques, organisationnels et réglementaires que la société nous impose et qui influe sur l'aménagement du territoire, le logement, la mobilité à vélo, le télétravail, la comptabilité…

La troisième dimension, la sobriété structurelle, questionne la nature des activités, la place donnée aux industries très intensives en énergie et en matières, aux dépenses militaires, aux loisirs, aux dépenses de santé et d’éducation.

Enfin, il faut rappeler que la sobriété n’a pas le même sens selon les niveaux de revenus. Les plus riches sont à l’origine d’une part disproportionnée des émissions de gaz à effet de serre. Les 10 % de la population ayant les revenus les plus bas se déplacent 5 fois moins pour des loisirs à plus de 80 km de chez eux que les 10 % les plus riches. Il serait tragique que des politiques de sobriété plus ou moins imposées accentuent ces inégalités. Prêcher la sobriété à des catégories de la population qui ont du mal à joindre les deux bouts et à des pays pauvres serait, à juste titre, choquant.

 

Source : The Conversation, Pierre Veltz – 26/01/23

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