Fruit préféré des Français, le plus cultivé dans l’Hexagone, la pomme fait aussi partie des cultures les plus traitées.
En cause : un champignon (Venturia inaequalis) responsable de la maladie de la tavelure et présent sur tous les continents. Les pommiers touchés par la maladie ne produisent pas de fruits nocifs pour la santé mais les pommes sont tachées et ne peuvent être ni vendus ni exportés.
Les arboriculteurs utilisent donc des fongicides entre 15 et 20 fois par an, et jusqu’à 40 fois sur les variétés les plus sensibles en cas de printemps particulièrement pluvieux. (À titre de comparaison, les producteurs de blé appliquent au maximum trois traitements fongicides par an.)
Les pommiers bio sont également concernés et abondamment traités par des fongicides autorisés, comme le cuivre et la bouillie sulfocalcique.
Alors comment réduire cette dépendance aux traitements ?
Des sélectionneurs ont tentés au début du 20e siècle d’introduire par hybridation un gêne de résistance au Venturia inaequalis. Mais après quelques décennies, ce gêne a été contourné par un variété de champignon présente sur des pommiers sauvages.
Il paraît aujourd’hui illusoire de se passer des fongicides de synthèse sauf à convertir l’ensemble des vergers de pommiers en agriculture biologique et à assouplir la réglementation sur la présence de taches sur fruits.
On pourrait également réglementer voire interdire la plantation de variétés très sensibles à la tavelure et les remplacer par des variétés plus résistantes, sous réserve que les producteurs soient accompagnés financièrement pendant la période de transition.
Il faudrait également relancer une campagnes de promotion et de sensibilisation auprès des consommateurs en faveur de variétés peu sensibles à la tavelure telles que la Reine des reinettes ou la Chanteclerc.
Demain, le défi sera de développer des variétés résilientes moins gourmandes en pesticides et adaptées à des systèmes durables de gestion des résistances. Une telle transition demandera une refonte profonde des méthodes de production ainsi qu’un changement des habitudes des consommateurs.
Source : The Conversation, Maël Baudin, Bruno Le Cam - 26/03/25