La moitié des fruits et le quart des légumes cultivés en France comportent au moins un pesticide potentiellement dangereux.
Il s’agit d’une substance soit cancérigène, soit susceptible de provoquer des mutations de l’ADN ou d’affecter la reproduction. Derrière les enjeux de transparence sur ces produits et leur utilisation, on retrouve des obstacles de nature légale, administrative, technique et sociale.
Des voies d’amélioration sont toutefois possibles…
À la base, la numérisation et l’harmonisation des registres d’usages des pesticides par les agriculteurs, prévues en 2026, pourra faciliter la connaissance scientifique en matière de santé environnementale. Les pouvoirs publics danois et slovaques ont montré la voile en permettant aux agriculteurs de rentrer leurs données en ligne sur une plate-forme gratuite gérée par l’État. Les agriculteurs y gagnent en sérénité, avec des contrôles plus transparents, se faisant au fil de l’eau par collecte des données numériques.
L’information des riverains sur les épandages de pesticides reste extrêmement difficile et toute tentative de règlementation se heurte au refus des agriculteurs, au nom de la liberté économique.
Du côté des consommateurs, seul le label AB présente les garanties suffisantes excluant l’usage des pesticides de synthèse.
Le label "Zéro résidu de pesticides", lancé en février 2018, prétend que le produit ne présente pas de trace détectable de résidu de pesticide. Des analyses en laboratoire l’attestent mais les méthodes utilisées ne sont toujours pas encadrées réglementairement.
De nouveaux systèmes de score environnemental des produits alimentaires ont vu le jour récemment, comme le Planet Score qui informe du degré d’usage de pesticides à la production.
Une application comme Yuka permet également d’aider les consommateurs à faire les meilleurs choix pour leur santé.
Le devoir d’informer sur les usages des pesticides est perçu comme une contrainte supplémentaire par les agriculteurs et les industriels.
Le grand public, lui, s’interroge : si certains pesticides sont très dangereux pour la santé globale, pourquoi ces produits ne sont-ils pas interdits et pourquoi des méthodes alternatives ne sont-elles pas davantage encouragées ?
L’accompagnement des pouvoirs publics est donc la seule solution envisageable mais il va à l’inverse du désengagement auquel on assiste aujourd’hui.
Source : The Conversation, Elisabeth Lambert, Karine Favro, Quentin Chancé - 29/01/25